Laboratoire d'archéologie du Québec
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Salière. Côté AImage
Photo : François Gignac 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Salière. Côté BImage
Photo : François Gignac 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Salière. DessusImage
Photo : François Gignac 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Salière. DessousImage
Photo : François Gignac 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BjFj-4 > Opération 20 > Sous-opération D > Lot 6 > Numéro de catalogue 318

Contexte(s) archéologique(s)

Cave
Cellier
Dépotoir
Marché

Région administrative

Montréal

MRC

Montréal

Municipalité

Montréal

Fonction du site

domestique
commerciale
technologique
institutionnelle

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La salière a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle est associée aux caves situées sous les celliers du premier marché Sainte-Anne (1834-1844). L'objet offre également un bon exemple de céramique liée à la table disponible au Québec au cours du premier tiers du XIXe siècle. La salière présente aussi un intérêt en raison de sa forme.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La salière en terre cuite fine blanche est fabriquée au Royaume-Uni entre 1800 et les années 1830. Elle est moulée et cuite une première fois, puis est ensuite trempée dans la glaçure et recuite. Le type céramique peut être identifié comme de la terre cuite fine à glaçure bleutée, en raison de la présence de cobalt dans la glaçure.

De la fin du XVIIIe siècle jusqu'au XXe siècle, les objets similaires sont dénommés « CC » par les potiers et les marchands. Ce terme désigne les diverses terres cuites fines « blanches » à pâtes non vitrifiées, sans décor, simples et les plus abordables du marché. À cette époque, l'un des facteurs qui influencent le plus le prix d'une céramique est le décor, selon son type, son degré de complexité, son mode d'application et le moment auquel il est appliqué. À partir des années 1830, les objets de type « CC » sont des objets utilitaires comme les bols, les chopes et les pots de chambre, les assiettes et les plats de service. Les objets comme les salières, les soupières et les raviers appartenant à cette catégorie sont cependant de moins en moins en production à cette époque.

La salière est un petit récipient utilisé pour le service du sel à table. D'après le contexte de sa découverte en milieu commercial, cette salière peut avoir servi à plusieurs utilisateurs, comme des commerçants, des employés ou des visiteurs de passage. La fonction de cet objet suggère qu'il a été utilisé dans des lieux de restauration établis au marché. En raison de sa date de production, cette salière peut également être un objet de seconde main invendu par l'un des regrattiers du marché.

La salière a été mise au jour en 2011 sur le site archéologique de la place D'Youville, à Montréal. À son inauguration en 1834, le marché Sainte-Anne offre en location plusieurs espaces. Le rez-de-chaussée loge des bouchers, des poissonniers et des vendeurs de volailles, alors que les portiques abritent des regrattiers ambulants. L'étage supérieur accueille des rassemblements ponctuels et des organisations diverses. L'étage inférieur est constitué de 28 celliers accessibles seulement de l'extérieur par des escaliers qui y descendent depuis la rue. Ce sont des espaces commerciaux loués à l'année ou au mois. En dix ans, ils hébergent des poissonniers et des vendeurs de denrées diverses, mais également de nombreux locataires éphémères de métiers et d'occupations variés, tels des cantiniers, des apothicaires et des artisans. Les archives judiciaires démontrent également que ces celliers abritent, à certaines occasions, des bordels et des débits de boisson illégaux.

La salière provient de la cave des celliers de la section nord du corps central du premier marché Sainte-Anne (1834-1844). Sous les décombres du Parlement incendié le 25 avril 1849, plusieurs monticules de déchets ont été localisés par les archéologues le long des murs entre les piliers ou contreforts soutenant les planchers des celliers du marché. Ces monticules ont révélé une importante quantité d'artéfacts complets après remontage qui aurait été jetée dans les caves par les trappes des planchers avant 1844 ou 1849. Étant donné leur position stratigraphique et l'absence d'altération par le feu, ces artéfacts sont associés à la période d'occupation des celliers par divers locataires du premier marché. La salière a été restaurée entre 2012 et 2023.

RÉFÉRENCES

DUGUAY, Geneviève et Mario SAVARD. La fonction commerciale de Place-Royale entre 1820 et 1860. Patrimoine, série Dossiers, 68. Québec, Publications du Québec, 1990. 363 p.
Ethnoscop inc. Marché Sainte-Anne/Parlement du Canada-Uni, Montréal (BjFj-4). Fouilles archéologiques, 2011. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Quartier international/Pointe-à-Callière/Ville de Montréal/MCCCF, 2012. 90 p.
GIGNAC, François et Hendrik VAN GIJSEGHEM. « Une occupation domestique au parlement de la province du Canada, à Montréal, 1844-1849 ». Archéologiques. No 35 (2022), p. 19-36.
LABONTÉ-LECLERC, Mélissa et Delphine LÉOUFFRE. « Whiteware ». MÉTREAU, Laetitia, dir. Identifier la céramique au Québec. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 41. Québec, CÉLAT, 2016, p. 237-244.
MILLER, George L. « A Revised Set of CC Index Values for Classification and Economic Scaling of English Ceramics from 1787 to 1880 ». Historical Archaeology. Vol. 25, no 1 (1991), p. 1-25.
Pointe-à-Callière, musée d'archéologie et d'histoire de Montréal. Montréal capitale : l’exceptionnelle histoire du site archéologique du marché Sainte-Anne et du parlement de la province du Canada. Montréal, Les Éditions de l'Homme, 2021. 236 p.