Laboratoire d'archéologie du Québec
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Pichet. Vue générale - Côté AImage
Photo : Daphnée Bouchard 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Pichet. Côté BImage
Photo : Daphnée Bouchard 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Pichet. Côté CImage
Photo : Daphnée Bouchard 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Pichet. Côté DImage
Photo : Daphnée Bouchard 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Pichet. DessusImage
Photo : Daphnée Bouchard 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Pichet. DessousImage
Photo : Daphnée Bouchard 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BjFj-4 > Opération 30 > Sous-opération E > Lot 17 > Numéro de catalogue 1652

Contexte(s) archéologique(s)

Cave
Cellier
Dépotoir
Marché

Région administrative

Montréal

MRC

Montréal

Municipalité

Montréal

Fonction du site

domestique
commerciale
technologique
institutionnelle

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le pichet a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il est associé aux caves situées sous les celliers du premier marché Sainte-Anne (1834-1844). L'objet offre également un bon exemple de vaisselle de table disponible au Québec au cours du deuxième quart du XIXe siècle. Le pichet présente aussi un intérêt en raison de son décor et de sa forme.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le pichet en terre cuite fine blanche est produit au Royaume-Uni entre 1815 et les années 1830. La terre est d'abord tournée, puis est tournassée et décorée sur un tour horizontal lorsqu'il est à l'état cuir. Une bande de chevrons est réalisée à la molette sur la portion supérieure, alors que le reste du pichet est décoré à l'engobe de motifs linéaires. Le bec verseur ainsi que l'anse sont moulés de feuilles d'acanthe et sont collés à l'objet. Le pichet est cuit, puis la bande moletée est glaçurée en vert. Il est trempé dans la glaçure et est cuit une dernière fois. Le type céramique peut être identifié comme de la terre cuite fine à glaçure bleutée, en raison de la présence de cobalt dans la glaçure. La forme ovoïde ou en baril de ce pichet est généralement rencontrée sur des pichets du XVIIIe siècle et du premier tiers du XIXe siècle.

L'engobe est une mixture liquide composée d'argiles colorées appliquées avant la première cuisson. Il est décoré d'un motif de brindilles appelé « twigs ». Celui-ci est réalisé au barolet à chambre multiple, un outil breveté en 1811. Cet outil comporte plusieurs réservoirs remplis d'engobes de couleurs distinctes qui sont réunis au niveau du bec, formant ainsi une seule goutte ou un trait composé de couleurs différentes. Les objets comportant un décor à l'engobe similaire à celui-ci, soit une bande à chevrons rehaussée de glaçure verte, sont peu communs après le début des années 1840. Tout comme les terres cuites fines à décor « Shell edge » et à l'éponge, les céramiques à décors à l'engobe sont peu coûteuses à produire.

Le pichet est un récipient de service doté d'une anse et d'un bec verseur utilisé à la table pour transvaser et servir des liquides comme les boissons non alcoolisées et alcoolisées. Au XIXe siècle, ils se déclinent en plusieurs grandeurs, pouvant contenir entre une demi-pinte et deux pintes de liquide. D'après le contexte de sa découverte en milieu commercial, ce pichet peut avoir servi à plusieurs utilisateurs, comme des commerçants, des employés ou des visiteurs de passage. Il peut également avoir été jeté dans les caves en tant qu'objet invendu. Son faible coût d'achat en fait un récipient idéal pour une cantine ou d'autres lieux de restauration établis au marché.

Le pichet a été mis au jour en 2017 sur le site archéologique de la place D'Youville, à Montréal. À son inauguration en 1834, le marché Sainte-Anne offre en location plusieurs espaces. Le rez-de-chaussée loge des bouchers, des poissonniers et des vendeurs de volailles, alors que les portiques abritent des regrattiers ambulants. L'étage supérieur accueille des rassemblements ponctuels et des organisations diverses. L'étage inférieur est constitué de 28 celliers accessibles seulement de l'extérieur par des escaliers qui y descendent depuis la rue. Ce sont des espaces commerciaux loués à l'année ou au mois. En dix ans, ils hébergent des poissonniers et des vendeurs de denrées diverses, mais également de nombreux locataires éphémères de métiers et d'occupations variés, tels des cantiniers, des apothicaires et des artisans. Les archives judiciaires démontrent également que ces celliers abritent, à certaines occasions, des bordels et des débits de boisson illégaux.

Le pichet provient de la cave des celliers de la section nord de l'aile ouest du premier marché Sainte-Anne (1834-1844). Sous les décombres du Parlement incendié le 25 avril 1849, plusieurs monticules de déchets ont été localisés par les archéologues le long des murs entre les piliers ou contreforts soutenant les planchers des celliers du marché. Ces monticules ont révélé une importante quantité d'artéfacts complets après remontage qui aurait été jetée dans les caves par les trappes des planchers avant 1844 ou 1849. Étant donné leur position stratigraphique et l'absence d'altération par le feu, ces artéfacts sont associés à la période d'occupation des celliers par divers locataires du premier marché. Le pichet a été restauré entre 2017 et 2023.

RÉFÉRENCES

CARPENTIER, Donald et Jonathan RICKARD. « Slip Decoration in the Age of Industrialization ». Ceramics in America (2001), s.p.
Ethnoscop inc. Fouilles, sondages et surveillance archéologique sur la Place d'Youville Ouest, site du Marché-Sainte-Anne-et-du-Parlement-du-Canada-Uni (BjFj-4). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Pointe-à-Callière/MCCQ/Ville de Montréal, 2018. 78 p.
GIGNAC, François et Hendrik VAN GIJSEGHEM. « Une occupation domestique au parlement de la province du Canada, à Montréal, 1844-1849 ». Archéologiques. No 35 (2022), p. 19-36.
HENRYWOOD, R. K. An illustrated guide to British jugs : from medieval times to the twentieth century. Shrewsbury, Swan Hill Press, 1997. 256 p.
LABONTÉ-LECLERC, Mélissa et Delphine LÉOUFFRE. « Whiteware ». MÉTREAU, Laetitia, dir. Identifier la céramique au Québec. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 41. Québec, CÉLAT, 2016, p. 237-244.
MILLER, George L. « A Revised Set of CC Index Values for Classification and Economic Scaling of English Ceramics from 1787 to 1880 ». Historical Archaeology. Vol. 25, no 1 (1991), p. 1-25.
Pointe-à-Callière, musée d'archéologie et d'histoire de Montréal. Montréal capitale : l’exceptionnelle histoire du site archéologique du marché Sainte-Anne et du parlement de la province du Canada. Montréal, Les Éditions de l'Homme, 2021. 236 p.
SUSSMAN, Lynne. Mocha, Banded, Cat's Eye and Other Factory-Made Slipware. Boston, CNEHA, 1997. 102 p.