Laboratoire d'archéologie du Québec
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Soucoupe. Vue généraleImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Soucoupe. DessusImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Soucoupe. DessousImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Soucoupe. ProfilImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Soucoupe. Détail de la marqueImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BjFj-4 > Opération 32 > Sous-opération K > Lot 15 > Numéro de catalogue 1600

Contexte(s) archéologique(s)

Cave
Cellier
Dépotoir
Marché

Région administrative

Montréal

MRC

Montréal

Municipalité

Montréal

Fonction du site

domestique
commerciale
technologique
institutionnelle

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La soucoupe a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle est associée aux caves situées sous les celliers du premier marché Sainte-Anne (1834-1844). L'objet offre également un bon exemple de vaisselle de table disponible au Québec au cours du deuxième quart du XIXe siècle. La soucoupe présente aussi un intérêt en raison de son décor.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La soucoupe en terre cuite fine blanche est fabriquée au Royaume-Uni entre 1830 et les années 1840. Elle présente un décor imprimé d'inspiration biblique nommé « Moses in the Bulrushes ». La thématique biblique est peu fréquemment rencontrée sur les décors imprimés, bien qu'elle soit présente tout au long du XIXe siècle. Ces décors semblent plus fréquents sur les céramiques au cours du deuxième quart du XIXe siècle. Les potiers anglais s'inspirent d'œuvres littéraires, d'arts de la scène ou de traditions orales pour créer leurs motifs selon la mode du moment. Fables, extraits de pièce de théâtre, mythologie, poèmes et passages de la Bible sont donc copiés ou réinterprétés. Ici, le décor représente « Moïse sauvé des eaux » ou « Moïse dans les joncs » provenant du deuxième chapitre du livre de l'Exode dans l'Ancien Testament. Cet épisode biblique raconte le moment où l'enfant Moïse, couché dans son panier de jonc, est retiré des eaux du Nil par la fille du Pharaon. Plusieurs potiers semblent avoir créé leur propre variante de ce passage. Le présent décor est réalisé en bleu pâle, une teinte de bleu introduite vers 1818, puis majoritairement utilisée sur les décors imprimés au cours des années 1830 et 1840.

La soucoupe est une sorte de petite assiette qui accompagne et supporte une tasse, cette dernière étant utilisée pour la consommation de boissons chaudes comme le thé et le café. Cette soucoupe est possiblement assortie à la tasse qui l'accompagne. D'après le contexte de sa découverte en milieu commercial, cette soucoupe peut avoir servi à plusieurs utilisateurs, comme des commerçants, des employés ou des visiteurs de passage. Elle peut également avoir été jetée dans les caves en tant qu'objet invendu.

La soucoupe a été mise au jour en 2017 sur le site archéologique de la place D'Youville, à Montréal. À son inauguration en 1834, le marché Sainte-Anne offre en location plusieurs espaces. Le rez-de-chaussée loge des bouchers, des poissonniers et des vendeurs de volailles, alors que les portiques abritent des regrattiers ambulants. L'étage supérieur accueille des rassemblements ponctuels et des organisations diverses. L'étage inférieur est constitué de 28 celliers accessibles seulement de l'extérieur par des escaliers qui y descendent depuis la rue. Ce sont des espaces commerciaux loués à l'année ou au mois. En dix ans, ils hébergent des poissonniers et des vendeurs de denrées diverses, mais également de nombreux locataires éphémères de métiers et d'occupations variés, tels des cantiniers, des apothicaires et des artisans. Les archives judiciaires démontrent également que ces celliers abritent, à certaines occasions, des bordels et des débits de boisson illégaux.

La soucoupe provient de la cave des celliers de la section sud de l'aile est du premier marché Sainte-Anne (1834-1844). Sous les décombres du Parlement incendié le 25 avril 1849, plusieurs monticules de déchets ont été localisés par les archéologues le long des murs entre les piliers ou contreforts soutenant les planchers des celliers du marché. Ces monticules ont révélé une importante quantité d'artéfacts complets après remontage qui aurait été jetée dans les caves par les trappes des planchers avant 1844 ou 1849. Étant donné leur position stratigraphique et l'absence d'altération par le feu, ces artéfacts sont associés à la période d'occupation des celliers par divers locataires du premier marché.

RÉFÉRENCES

Ethnoscop inc. Fouilles, sondages et surveillance archéologique sur la Place d'Youville Ouest, site du Marché-Sainte-Anne-et-du-Parlement-du-Canada-Uni (BjFj-4). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Pointe-à-Callière/MCCQ/Ville de Montréal, 2018. 78 p.
GIGNAC, François et Hendrik VAN GIJSEGHEM. « Une occupation domestique au parlement de la province du Canada, à Montréal, 1844-1849 ». Archéologiques. No 35 (2022), p. 19-36.
LABONTÉ-LECLERC, Mélissa et Delphine LÉOUFFRE. « Whiteware ». MÉTREAU, Laetitia, dir. Identifier la céramique au Québec. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 41. Québec, CÉLAT, 2016, p. 237-244.
Pointe-à-Callière, musée d'archéologie et d'histoire de Montréal. Montréal capitale : l’exceptionnelle histoire du site archéologique du marché Sainte-Anne et du parlement de la province du Canada. Montréal, Les Éditions de l'Homme, 2021. 236 p.
SAMFORD, Patricia. « Response to a Market: Dating English Underglaze Transfer-Printed Wares ». Historical Archaeology. Vol. 31, no 2 (1997), p. 1-30.