Laboratoire d'archéologie du Québec
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Assiette à dessert. Vue généraleImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Assiette à dessert. DessusImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Assiette à dessert. DessousImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Assiette à dessert. ProfilImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Assiette à dessert. Détail de la marqueImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BjFj-4 > Opération 33 > Sous-opération B > Lot 21 > Numéro de catalogue 1541

Contexte(s) archéologique(s)

Cave
Cellier
Dépotoir
Marché

Région administrative

Montréal

MRC

Montréal

Municipalité

Montréal

Fonction du site

domestique
commerciale
technologique
institutionnelle

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

L'assiette à dessert a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle est associée aux caves situées sous les celliers du premier marché Sainte-Anne (1834-1844). L'objet offre également un bon exemple de vaisselle de table disponible au Québec au cours du deuxième quart du XIXe siècle. L'assiette présente aussi un intérêt en raison de son décor et de sa forme.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

L'assiette à dessert en terre cuite fine blanche est moulée à Stoke-on-Trent entre 1831 et 1842 par la firme William Adams and Sons située dans la région du Staffordshire, en Angleterre. La datation de sa fabrication est possible en raison du décor imprimé en noir ornant le centre et le marli de l'assiette qui fait partie de la série « U. S. Views Series » ou « Vues américaines » réalisée par Adams et populaire entre 1815 et 1842. Cette série est produite en rouge, brun ou noir, et le motif sur le marli est le même, alors que la scène principale varie d'un modèle à l'autre. Ces scènes présentent un décor illustrant des paysages américains variés. Ici, il s'agit du domaine Monte Video dans le Connecticut. Ce motif est inspiré d'une esquisse réalisée par Thomas Cole (1801-1848), puis gravée par Fenner, Sears and Co. Cette scène, publiée le 15 avril 1831, dépeint la résidence de Daniel Wadsworth, le patron de Cole.

La mode des « vues américaines », particulièrement forte durant les années 1830, est caractérisée par des motifs détaillés de paysages, de villes et de bâtiments variés des États-Unis. Ces scènes sont grandement inspirées, voire copiées d'illustrations imprimées et de récits de voyages illustrés. Cet engouement survient après la réouverture des échanges entre l'Angleterre et les États-Unis à la fin de la Guerre de 1812. Le « Copyright Act 1842 », une nouvelle loi portant sur le droit d'auteur adoptée par le parlement du Royaume-Uni, met un terme aux reproductions sans limites des œuvres imprimées par les centres potiers. C'est la fin des motifs paysagés dits « Vues américaines », « Vues britanniques » et « Exotiques » inspirées des gravures imprimées.

Les assiettes de sept pouces comme celle-ci sont considérées comme étant une « muffin » par les potiers de la première moitié du XIXe siècle. Il s'agit du plus petit format d'assiette disponible pour la table. Elles ont une dimension qui varie entre cinq et sept pouces, soit entre 12 cm et environ 19 cm de diamètre. Aujourd'hui, les assiettes de cette dimension peuvent être désignées comme étant une assiette à dessert ou à pain. Dans tous les cas, cette assiette sert à la consommation d'aliments solides lors de repas. Les traces de couteau visibles au centre de l'objet témoignent de son utilisation.

L'assiette a été mise au jour en 2011 et 2017 sur le site archéologique de la place D'Youville, à Montréal. À son inauguration en 1834, le marché Sainte-Anne offre en location plusieurs espaces. Le rez-de-chaussée loge des bouchers, des poissonniers et des vendeurs de volailles, alors que les portiques abritent des regrattiers ambulants. L'étage supérieur accueille des rassemblements ponctuels et des organisations diverses. L'étage inférieur est constitué de 28 celliers accessibles seulement de l'extérieur par des escaliers qui y descendent depuis la rue. Ce sont des espaces commerciaux loués à l'année ou au mois. En dix ans, ils hébergent des poissonniers et des vendeurs de denrées diverses, mais également de nombreux locataires éphémères de métiers et d'occupations variés, tels des cantiniers, des apothicaires et des artisans. Les archives judiciaires démontrent également que ces celliers abritent, à certaines occasions, des bordels et des débits de boisson illégaux.

Elle provient de la cave des celliers de la section nord du corps central du premier marché Sainte-Anne (1834-1844). Sous les décombres du Parlement incendié le 25 avril 1849, plusieurs monticules de déchets ont été localisés par les archéologues le long des murs entre les piliers ou contreforts soutenant les planchers des celliers du marché. Ces monticules ont révélé une importante quantité d'artéfacts complets après remontage qui aurait été jetée dans les caves par les trappes des planchers avant 1844 ou 1849. Étant donné leur position stratigraphique et l'absence d'altération par le feu, ces artéfacts sont associés à la période d'occupation des celliers par divers locataires du premier marché.

RÉFÉRENCES

DUGUAY, Geneviève et Mario SAVARD. La fonction commerciale de Place-Royale entre 1820 et 1860. Patrimoine, série Dossiers, 68. Québec, Publications du Québec, 1990. 363 p.
Ethnoscop inc. Fouilles, sondages et surveillance archéologique sur la Place d'Youville Ouest, site du Marché-Sainte-Anne-et-du-Parlement-du-Canada-Uni (BjFj-4). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Pointe-à-Callière/MCCQ/Ville de Montréal, 2018. 78 p.
Ethnoscop inc. Marché Sainte-Anne/Parlement du Canada-Uni, Montréal (BjFj-4). Campagne de fouilles de 2013. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Quartier international/Pointe-à-Callière/Ville de Montréal/MCC, 2014. 50 p.
FURNISS, David A., Judith WAGNER et J. Richard WAGNER. Adams Ceramics: Staffordshire Potters and Pots, 1779-1998. Atglen, Schiffer Publishing, 1999. 336 p.
GIGNAC, François et Hendrik VAN GIJSEGHEM. « Une occupation domestique au parlement de la province du Canada, à Montréal, 1844-1849 ». Archéologiques. No 35 (2022), p. 19-36.
LABONTÉ-LECLERC, Mélissa et Delphine LÉOUFFRE. « Whiteware ». MÉTREAU, Laetitia, dir. Identifier la céramique au Québec. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 41. Québec, CÉLAT, 2016, p. 237-244.
Pointe-à-Callière, musée d'archéologie et d'histoire de Montréal. Montréal capitale : l’exceptionnelle histoire du site archéologique du marché Sainte-Anne et du parlement de la province du Canada. Montréal, Les Éditions de l'Homme, 2021. 236 p.
SAMFORD, Patricia. « Response to a Market: Dating English Underglaze Transfer-Printed Wares ». Historical Archaeology. Vol. 31, no 2 (1997), p. 1-30.