Laboratoire d'archéologie du Québec
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LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BjFj-4 > Opération 20 > Sous-opération D > Lot 6 > Numéro de catalogue 329

Contexte(s) archéologique(s)

Cave
Cellier
Dépotoir
Marché

Région administrative

Montréal

MRC

Montréal

Municipalité

Montréal

Fonction du site

domestique
commerciale
technologique
institutionnelle

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La théière a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle est associée aux caves situées sous les celliers du premier marché Sainte-Anne (1834-1844). L'objet constitue également un bon exemple de vaisselle de table et de céramique liée à la consommation de boissons chaudes disponible au Québec au cours du XIXe siècle entre 1815 et 1840. La théière présente aussi un intérêt en raison de son décor et de sa forme.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La théière en terre cuite fine blanche est produite au Royaume-Uni entre 1815 et 1840. La théière, ainsi que les divers éléments qui la composent sont moulés individuellement. Les trous du filtre sont percés dans le récipient à la hauteur du bec verseur, puis l'anse et le bec verseur sont collés. Une première cuisson de la théière est effectuée. Un décor polychrome est peint, puis la théière est trempée dans la glaçure et celle-ci est cuite une dernière fois en cazette. Cette glaçure comporte une certaine quantité de cobalt laissant ainsi une teinte bleutée à certains endroits qui ne doit pas être confondue avec la glaçure du « pearlware ». Le type céramique peut également être identifié comme de la terre cuite fine à glaçure bleutée. Cette théière de forme « London Shape » rectangulaire à coins arrondis est une forme qui semble apparaitre vers 1812, mais qui prédomine entre 1825 et les années 1840.

Les décors peints sont principalement associés aux objets liés au thé, aux bols et autres objets creux. Du début du XIXe siècle jusqu'au tournant des années 1860, les objets en terre cuite fine peints représentent près de soixante pour cent des objets liés au thé achetés en Amérique du Nord par rapport à tout autre type de décor, spécialement avant les années 1840. Il s'agit d'une vaisselle décorée peu coûteuse en comparaison avec celles aux décors imprimés. Les décors peints de la première moitié du XIXe siècle peuvent être datés selon les couleurs employées et le style du motif. Les décors peints polychromes avec un usage important de bleu cobalt à motif floral aux larges traits comme celui sur cette théière sont caractéristiques de la période comprise entre 1815 et les années 1830.

La théière est un récipient utilisé pour l'infusion et le service du thé. Les théières sont souvent accompagnées de tasses et de soucoupes qui lui sont assorties. Trouvée sur le site du marché Sainte-Anne et considérant son faible coût, cette théière a pu servir comme vaisselle dans une cantine, un bar ou un restaurant établis au marché.


La théière a été mise au jour en 2011 et 2017 sur le site archéologique de la Place D'Youville, à Montréal. À son inauguration en 1834, le marché Sainte-Anne offre en location plusieurs espaces. Le rez-de-chaussée loge des bouchers, des poissonniers et des vendeurs de volailles alors que les portiques abritent des regrattiers ambulants. L'étage supérieur accueille des rassemblements ponctuels et des organisations diverses. L'étage inférieur est constitué de 28 celliers accessibles seulement de l'extérieur par des escaliers qui y descendent depuis la rue. Ce sont des espaces commerciaux loués à l'année ou au mois. En dix ans, ils hébergent des poissonniers et des vendeurs de denrées diverses, mais également de nombreux locataires éphémères de métiers et d'occupations variés, tels des cantiniers, des apothicaires et des artisans. Les archives judiciaires démontrent également que ces celliers abritent, à certaines occasions, des bordels et des débits de boisson illégaux.

La théière provient de la cave des celliers de la section nord du corps central du premier Marché-Sainte-Anne (1834-1844). Sous les décombres du parlement incendié le 25 avril 1849, plusieurs monticules de déchets ont été localisés par les archéologues le long des murs entre les piliers ou contreforts soutenant les planchers des celliers du marché. Ces monticules ont révélé une importante quantité d'artéfacts complets après remontage qui auraient été jetés dans les caves par les trappes des planchers des celliers avant 1844 ou 1849. Étant donné leur position stratigraphique et l'absence d'altération par le feu, ces artéfacts sont associés à la période d'occupation des celliers par divers locataires du premier marché.

RÉFÉRENCES

EARLS, Amy C. et George L. MILLER. « War and Pots: The Impact of Economics and Politics on Ceramic Consumption Patterns ». Ceramics in America (2008), s.p.
Ethnoscop inc. Fouilles, sondages et surveillance archéologique sur la Place d'Youville Ouest, site du Marché-Sainte-Anne-et-du-Parlement-du-Canada-Uni (BjFj-4). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Pointe-à-Callière/MCCQ/Ville de Montréal, 2018. 78 p.
Ethnoscop inc. Marché Sainte-Anne/Parlement du Canada-Uni, Montréal (BjFj-4). Fouilles archéologiques, 2011. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Quartier international/Pointe-à-Callière/Ville de Montréal/MCCCF, 2012. 90 p.
GAUVIN, Robert. Guide des céramiques selon la nomenclature en vigueur à Parcs Canada - Région du Québec. Québec, Parcs Canada, 1995. 215 p.
GIGNAC, François et Hendrik VAN GIJSEGHEM. « Une occupation domestique au parlement de la province du Canada, à Montréal, 1844-1849 ». Archéologiques. No 35 (2022), p. 19-36.
GOSS, Steven. British tea and coffee cups, 1745-1940. Oxford, Shire Publications, 2008. 48 p.
LABONTÉ-LECLERC, Mélissa et Delphine LÉOUFFRE. « Whiteware ». MÉTREAU, Laetitia, dir. Identifier la céramique au Québec. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 41. Québec, CÉLAT, 2016, p. 237-244.
MILLER, George L. « A Revised Set of CC Index Values for Classification and Economic Scaling of English Ceramics from 1787 to 1880 ». Historical Archaeology. Vol. 25, no 1 (1991), p. 1-25.
Pointe-à-Callière, musée d'archéologie et d'histoire de Montréal. Montréal capitale : l’exceptionnelle histoire du site archéologique du marché Sainte-Anne et du parlement de la province du Canada. Montréal, Les Éditions de l'Homme, 2021. 236 p.