Montréal

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L'assiette creuse a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle est associée aux caves situées sous les celliers du premier marché Sainte-Anne (1834-1844). L'objet constitue également un bon exemple de vaisselle de table disponible au Québec durant le deuxième quart du XIXe siècle. L'assiette présente aussi un intérêt en raison de son décor présent sur son marli.

L'assiette creuse en terre cuite fine blanche est fabriquée au Royaume-Uni entre les années 1820 et 1830. L'assiette est moulée et cuite. Le rebord est rehaussé de bleu et elle est ensuite trempée dans la glaçure. Par la suite, elle est recuite en cazette. L'assiette comporte des défauts de fabrication au niveau de sa glaçure, soit une maigreur. Pour les potiers et les marchands du XIXe siècle, les céramiques à décor « Shell Edge » et « Edge » à motif embossé rehaussé de couleurs sont les céramiques à décor coloré les plus abordables sur le marché. Étant simples à produire, leur coût de production est bas. Le décor « Edge » à motif embossé est en quelque sorte une variante du motif « Shell Edge » classique. Ce type de décor est introduit au cours des années 1820 et produit principalement au cours des années 1830. La présente assiette comporte sur son marli un décor « Edge » embossé à motif d'herbe ondulée « Wavy Grass ».

Les assiettes creuses sont utilisées pour la consommation d'aliments liquides ou semi-liquides comme des potages ou des aliments en sauce tels les ragouts lors des repas. Cette assiette comporte peu, voire aucune trace d'utilisation. Elle peut avoir été utilisée principalement pour la consommation d'aliments liquides, ne laissant ainsi que peu de traces sur l'objet. Il se peut également que l'objet n'ait pas été utilisé ou utilisé peu de temps avant son rejet. Trouvée sur le site du marché Sainte-Anne et considérant son faible coût, cette assiette a pu servir comme vaisselle dans une cantine, un bar ou un restaurant établis au marché.

L'assiette creuse a été mise au jour en 2017 sur le site archéologique de la Place D'Youville, à Montréal. À son inauguration en 1834, le marché Sainte-Anne offre en location plusieurs espaces. Le rez-de-chaussée loge des bouchers, poissonniers et vendeurs de volailles, alors que les portiques abritent des regrattiers ambulants. L'étage supérieur accueille des rassemblements ponctuels et des organisations diverses. L'étage inférieur est constitué de 28 celliers accessibles seulement de l'extérieur par des escaliers qui y descendent depuis la rue. Ce sont des espaces commerciaux loués à l'année ou au mois. En dix ans, ils hébergent des poissonniers et des vendeurs de denrées diverses, mais également de nombreux locataires éphémères de métiers et d'occupations variés, tels des cantiniers, des apothicaires et des artisans. Les archives judiciaires démontrent également que ces celliers abritent, à certaines occasions, des bordels et des débits de boisson illégaux.

L'assiette provient de la cave des celliers de la section nord de l'aile ouest du premier marché Sainte-Anne (1834-1844). Sous les décombres du parlement incendié le 25 avril 1849, plusieurs monticules de déchets ont été localisés par les archéologues le long des murs entre les piliers ou contreforts soutenant les planchers des celliers du marché. Ces monticules ont révélé une importante quantité d'artéfacts complets qui auraient été jetés dans les caves par les trappes des planchers des celliers avant 1844 ou 1849. Étant donné leur position stratigraphique et l'absence d'altération par le feu, ces artéfacts sont associés à la période d'occupation des celliers par divers locataires du premier marché.