Laboratoire d'archéologie du Québec
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Assiette. Vue généraleImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Assiette. DessusImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Assiette. DessousImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Assiette. ProfilImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Assiette. Détail de la marqueImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BjFj-4 > Opération 32 > Sous-opération N > Lot 8 > Numéro de catalogue 1687

Contexte(s) archéologique(s)

Cave
Cellier
Dépotoir
Marché

Région administrative

Montréal

MRC

Montréal

Municipalité

Montréal

Fonction du site

domestique
commerciale
technologique
institutionnelle

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

L'assiette a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle est associée aux caves situées sous les celliers du premier marché Sainte-Anne (1834-1844). L'objet constitue également un bon exemple de vaisselle de table disponible au Québec durant le deuxième quart du XIXe siècle. L'assiette présente aussi un intérêt en raison de son type de rebord sur son marli.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

L'assiette en terre cuite fine blanche est fabriquée entre 1834 et 1849 à Middlesbrough par la firme Middlesbrough Pottery Company, située dans la région du Yorkshire, en Angleterre. Elle est ensuite trempée dans la glaçure, puis recuite en cazette. Cette glaçure comporte une certaine quantité de cobalt, donnant ainsi une teinte bleutée à certains endroits. L'assiette comporte un marli à rebord désigné « Bath ». Les assiettes et plats sans décor en terre cuite fine sont couramment dotés de ce type de marli entre les années 1790 et 1860. De la fin du XVIIIe siècle jusqu'au XXe siècle, les diverses terres cuites fines « blanches » à pâtes non vitrifiées, sans décor, simples et les plus abordables du marché sont dénommées « CC » par les potiers et les marchands. À cette époque, l'un des facteurs influençant le plus le prix d'une céramique est son type de décor, spécialement son degré de complexité, son mode d'application et le moment auquel il est appliqué. Puisque l'objet est sans décor et que son mode de fabrication est simple, son coût de production est donc bas.

Durant la première moitié du XIXe siècle, les assiettes plates ont un diamètre compris entre 23 et 27 cm. Il s'agit d'assiettes de neuf ou dix pouces de diamètre avec un bouge peu profond servant à la consommation individuelle d'aliments solides lors de repas. Ces assiettes représentent le plus grand format d'assiette disponible sur le marché de l'époque. Lors de repas formels des assiettes de plusieurs dimensions, l'assiette plate est celle utilisée pour la prise du repas principal. Des traces d'usure laissées par des couteaux au centre de l'objet témoignent de son utilisation et du fait que l'objet sert parfois pour la consommation d'aliments solides nécessitant l'utilisation d'ustensiles. Trouvée sur le site du marché Sainte-Anne et considérant son faible coût, cette assiette a pu servir comme vaisselle dans une cantine, un bar ou un restaurant établis au marché. En raison de sa date de production et de son degré d'utilisation, cette assiette peut également être un objet de seconde main invendu par l'un des regrattiers du marché.

L'assiette a été mise au jour en 2017 sur le site archéologique de la Place D'Youville, à Montréal. À son inauguration en 1834, le marché Sainte-Anne offre en location plusieurs espaces. Le rez-de-chaussée loge des bouchers, poissonniers et vendeurs de volailles, alors que les portiques abritent des regrattiers ambulants. L'étage supérieur accueille des rassemblements ponctuels et des organisations diverses. L'étage inférieur est constitué de 28 celliers accessibles seulement de l'extérieur par des escaliers qui y descendent depuis la rue. Ce sont des espaces commerciaux loués à l'année ou au mois. En dix ans, ils hébergent des poissonniers et des vendeurs de denrées diverses, mais également de nombreux locataires éphémères de métiers et d'occupations variés, tels des cantiniers, des apothicaires et des artisans. Les archives judiciaires démontrent également que ces celliers abritent, à certaines occasions, des bordels et des débits de boisson illégaux.

L'assiette provient de la cave des celliers de l'aile est, côté sud du premier marché Sainte-Anne (1834-1844). Sous les décombres du parlement incendié le 25 avril 1849, plusieurs monticules de déchets ont été localisés par les archéologues le long des murs entre les piliers ou contreforts soutenant les planchers des celliers du marché. Ces monticules ont révélé une importante quantité d'artéfacts complets qui auraient été jetés dans les caves par les trappes des planchers des celliers avant 1844 ou 1849. Étant donné leur position stratigraphique et l'absence d'altération par le feu, ces artéfacts sont associés à la période d'occupation des celliers par divers locataires du premier marché.

RÉFÉRENCES

Ethnoscop inc. Fouilles, sondages et surveillance archéologique sur la Place d'Youville Ouest, site du Marché-Sainte-Anne-et-du-Parlement-du-Canada-Uni (BjFj-4). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Pointe-à-Callière/MCCQ/Ville de Montréal, 2018. 78 p.
GAUVIN, Robert. Guide des céramiques selon la nomenclature en vigueur à Parcs Canada - Région du Québec. Québec, Parcs Canada, 1995. 215 p.
GIGNAC, François et Hendrik VAN GIJSEGHEM. « Une occupation domestique au parlement de la province du Canada, à Montréal, 1844-1849 ». Archéologiques. No 35 (2022), p. 19-36.
GODDEN, Geoffrey A. Encyclopaedia of British Pottery and Porcelain Marks. London, Herbert Jenkins, 1964. 765 p.
LABONTÉ-LECLERC, Mélissa et Delphine LÉOUFFRE. « Whiteware ». MÉTREAU, Laetitia, dir. Identifier la céramique au Québec. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 41. Québec, CÉLAT, 2016, p. 237-244.
MILLER, George L. « A Revised Set of CC Index Values for Classification and Economic Scaling of English Ceramics from 1787 to 1880 ». Historical Archaeology. Vol. 25, no 1 (1991), p. 1-25.
Pointe-à-Callière, musée d'archéologie et d'histoire de Montréal. Montréal capitale : l’exceptionnelle histoire du site archéologique du marché Sainte-Anne et du parlement de la province du Canada. Montréal, Les Éditions de l'Homme, 2021. 236 p.