Laboratoire d'archéologie du Québec
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Plat de service. Vue généraleImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Plat de service. DessusImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Plat de service. DessousImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Plat de service. ProfilImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Plat de service. Détail de la marqueImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BjFj-4 > Opération 20 > Sous-opération D > Lot 6 > Numéro de catalogue 317

Contexte(s) archéologique(s)

Cave
Cellier
Dépotoir
Marché

Région administrative

Montréal

MRC

Montréal

Municipalité

Montréal

Fonction du site

domestique
commerciale
technologique
institutionnelle

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le plat de service a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il est associé aux caves situées sous les celliers du premier marché Sainte-Anne (1834-1844). L'objet constitue également un bon exemple de vaisselle de service disponible au Québec durant la première moitié du XIXe siècle. Le plat de service présente aussi un intérêt en raison du type de rebord sur le marli.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le plat de service en terre cuite fine de type « creamware » est fabriqué entre 1815 et 1849 à Longport par la firme Davenport, située dans la région du Staffordshire, en Angleterre. Le plat est moulé, estampé de la marque du fabricant et cuit une première fois. Il est ensuite trempé dans la glaçure, puis recuit en cazette. Le plat comporte un marli plat intitulé « Paris » ou « Plain ». Il est courant de retrouver ce type de marli sur les assiettes et les plats sans décor en terre cuite fine entre les années 1790 et 1860. De la fin du XVIIIe siècle jusqu'au XXe siècle, les diverses terres cuites fines « blanches » à pâtes non vitrifiées, sans décor, simples et les plus abordables du marché sont dénommées « CC » par les potiers et les marchands. À cette époque, l'un des facteurs influençant le plus le prix d'une céramique est son type de décor, spécialement son degré de complexité, son mode d'application et le moment auquel il est appliqué. Bien que ce plat soit décoré, celui-ci est bien une céramique « CC » selon les critères de l'époque, puisque son décor est réalisé à même l'objet au moment du façonnage. Son coût de production reste ainsi bas.

Le plat de service est un récipient utilisé pour le service d'aliments à table comme les viandes et poissons ainsi que les desserts et les hors-d'œuvre. Ils sont vendus en plusieurs dimensions et peuvent être utilisés pour le service d'aliments variés. La grandeur préconisée lors du service est grandement déterminée par le mets présenté à la table. Le présent plat de service comporte quelques traces de couteau au centre de l'objet témoignant de son utilisation et du fait que parfois les aliments présentés nécessitent l'utilisation d'ustensiles pour leur service. Trouvé sur le site du marché Sainte-Anne et considérant son faible coût, ce plat a pu servir comme vaisselle dans une cantine, un bar ou un restaurant établis au marché. En raison de sa date de production et de son degré d'utilisation, ce plat peut également être un objet de seconde main invendu par l'un des regrattiers du marché.

Le plat de service a été mis au jour en 2013 sur le site archéologique de la Place D'Youville, à Montréal. À son inauguration en 1834, le marché Sainte-Anne offre en location plusieurs espaces. Le rez-de-chaussée loge des bouchers, poissonniers et vendeurs de volailles, alors que les portiques abritent des regrattiers ambulants. L'étage supérieur accueille des rassemblements ponctuels et des organisations diverses. L'étage inférieur est constitué de 28 celliers accessibles seulement de l'extérieur par des escaliers qui y descendent depuis la rue. Ce sont des espaces commerciaux loués à l'année ou au mois. En dix ans, ils hébergent des poissonniers et des vendeurs de denrées diverses, mais également de nombreux locataires éphémères de métiers et d'occupations variés, tels des cantiniers, des apothicaires et des artisans. Les archives judiciaires démontrent également que ces celliers abritent, à certaines occasions, des bordels et des débits de boisson illégaux.

Le plat provient de la cave des celliers du corps central, côté nord du premier marché Sainte-Anne (1834-1844). Sous les décombres du parlement incendié le 25 avril 1849, plusieurs monticules de déchets ont été localisés par les archéologues le long des murs entre les piliers ou contreforts soutenant les planchers des celliers du marché. Ces monticules ont révélé une importante quantité d'artéfacts complets qui auraient été jetés dans les caves par les trappes des planchers des celliers avant 1844 ou 1849. Étant donné leur position stratigraphique et l'absence d'altération par le feu, ces artéfacts sont associés à la période d'occupation des celliers par divers locataires du premier marché.

Élément(s) associé(s)

Groupes associés : William Davenport and Company

RÉFÉRENCES

CAMPBELL, Anita. Le creamware de Place-Royale. Collection Patrimoines, série Dossiers, 57. Sainte-Foy, Québec, Publications du Québec, 1996. 292 p.
Ethnoscop inc. Marché Sainte-Anne/Parlement du Canada-Uni, Montréal (BjFj-4). Fouilles archéologiques, 2011. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Quartier international/Pointe-à-Callière/Ville de Montréal/MCCCF, 2012. 90 p.
GIGNAC, François et Hendrik VAN GIJSEGHEM. « Une occupation domestique au parlement de la province du Canada, à Montréal, 1844-1849 ». Archéologiques. No 35 (2022), p. 19-36.
GODDEN, Geoffrey A. et Terence A. LOCKETT. Davenport : China, Earthenware and Glass, 1794-1887. London, Barrie & Jenkins, 1989. 302 p.
LABONTÉ-LECLERC, Mélissa. « Creamware ». MÉTREAU, Laetitia, dir. Identifier la céramique au Québec. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 41. Québec, CÉLAT, 2016, p. 225-230.
MILLER, George L. « A Revised Set of CC Index Values for Classification and Economic Scaling of English Ceramics from 1787 to 1880 ». Historical Archaeology. Vol. 25, no 1 (1991), p. 1-25.
MILLER, George L. « Common Standard Creamware Plate Patterns ». Maryland Archaeological Conservation Lab. Diagnostic Artifacts In Maryland [En ligne]. https://apps.jefpat.maryland.gov/diagnostic/Post-Colonial%20Ceramics/Cup%20Shapes/Common%20Creamware%20plate%20patterns.pdf
Pointe-à-Callière, musée d'archéologie et d'histoire de Montréal. Montréal capitale : l’exceptionnelle histoire du site archéologique du marché Sainte-Anne et du parlement de la province du Canada. Montréal, Les Éditions de l'Homme, 2021. 236 p.