Laboratoire d'archéologie du Québec
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Assiette creuse. Vue généraleImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Assiette creuse. DessusImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Assiette creuse. DessousImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Assiette creuse. ProfilImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Assiette creuse. Détail de la marqueImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BjFj-4 > Opération 20 > Sous-opération D > Lot 6 > Numéro de catalogue 327

Contexte(s) archéologique(s)

Cave
Cellier
Dépotoir
Marché

Région administrative

Montréal

MRC

Montréal

Municipalité

Montréal

Fonction du site

domestique
commerciale
technologique
institutionnelle

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

L'assiette creuse a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle est associée aux caves situées sous les celliers du premier marché Sainte-Anne (1834-1844). L'objet constitue également un bon exemple de vaisselle de table disponible au Québec durant la première moitié du XIXe siècle. L'assiette creuse présente aussi un intérêt en raison du décor ornant son marli.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

L'assiette creuse en terre cuite fine est fabriquée entre 1818 et 1846 à Burslem par la firme Enoch Wood and Sons, située dans la région du Staffordshire, en Angleterre. L'assiette est moulée, estampée de la marque du fabricant et cuite. Elle est ensuite trempée dans la glaçure, puis recuite en cazette à l'aide d'un trépied de type « patte de coq » laissant des traces caractéristiques sur le marli sous forme de petits points sans glaçure. Cette glaçure comporte une certaine quantité de cobalt, donnant ainsi une teinte bleutée à certains endroits. L'assiette comporte sur son marli un décor « Edge » embossé à motif écaille de poisson et plume « Fish Scale and Feathers », un motif produit spécialement durant les années 1820 et 1830. Cependant, il est peu fréquent de retrouver ce motif sans couleur, tel que celui sur cette assiette. De la fin du XVIIIe siècle jusqu'au XXe siècle, les diverses terres cuites fines « blanches » à pâtes non vitrifiées, sans décor, simples et les plus abordables du marché sont dénommées « CC » par les potiers et les marchands. À cette époque, l'un des facteurs influençant le plus le prix d'une céramique est son type de décor, spécialement son degré de complexité, son mode d'application et le moment auquel il est appliqué. Bien que cette assiette soit décorée, celle-ci est bien une céramique « CC » selon les critères de l'époque, puisque son décor est réalisé à même l'objet au moment du façonnage. Son coût de production reste ainsi bas.

Les assiettes creuses sont utilisées pour la consommation d'aliments liquides ou semi-liquides comme les potages ou les aliments en sauce tels les ragouts. Les traces de couteau visibles au centre de l'objet témoignent d'ailleurs de son utilisation. Trouvée sur le site du marché Sainte-Anne et considérant son faible coût, cette assiette a pu servir comme vaisselle dans une cantine, un bar ou un restaurant établis au marché. En raison de sa date de production et de son degré d'utilisation, cette assiette peut également être un objet de seconde main invendu par l'un des regrattiers du marché.

L'assiette creuse a été mise au jour en 2011 sur le site archéologique de la Place D'Youville, à Montréal. À son inauguration en 1834, le marché Sainte-Anne offre en location plusieurs espaces. Le rez-de-chaussée loge des bouchers, poissonniers et vendeurs de volailles, alors que les portiques abritent des regrattiers ambulants. L'étage supérieur accueille des rassemblements ponctuels et des organisations diverses. L'étage inférieur est constitué de 28 celliers accessibles seulement de l'extérieur par des escaliers qui y descendent depuis la rue. Ce sont des espaces commerciaux loués à l'année ou au mois. En dix ans, ils hébergent des poissonniers et des vendeurs de denrées diverses, mais également de nombreux locataires éphémères de métiers et d'occupations variés, tels des cantiniers, des apothicaires et des artisans. Les archives judiciaires démontrent également que ces celliers abritent, à certaines occasions, des bordels et des débits de boisson illégaux.

L'assiette provient de la cave des celliers du corps central, côté nord du premier marché Sainte-Anne (1834-1844). Sous les décombres du parlement incendié le 25 avril 1849, plusieurs monticules de déchets ont été localisés par les archéologues le long des murs entre les piliers ou contreforts soutenant les planchers des celliers du marché. Ces monticules ont révélé une importante quantité d'artéfacts complets qui auraient été jetés dans les caves par les trappes des planchers des celliers avant 1844 ou 1849. Étant donné leur position stratigraphique et l'absence d'altération par le feu, ces artéfacts sont associés à la période d'occupation des celliers par divers locataires du premier marché.

Élément(s) associé(s)

Groupes associés : Enoch Wood and Sons

RÉFÉRENCES

Ethnoscop inc. Marché Sainte-Anne/Parlement du Canada-Uni, Montréal (BjFj-4). Fouilles archéologiques, 2011. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Quartier international/Pointe-à-Callière/Ville de Montréal/MCCCF, 2012. 90 p.
GAUVIN, Robert. Guide des céramiques selon la nomenclature en vigueur à Parcs Canada - Région du Québec. Québec, Parcs Canada, 1995. 215 p.
GIGNAC, François et Hendrik VAN GIJSEGHEM. « Une occupation domestique au parlement de la province du Canada, à Montréal, 1844-1849 ». Archéologiques. No 35 (2022), p. 19-36.
GODDEN, Geoffrey A. Encyclopaedia of British Pottery and Porcelain Marks. London, Herbert Jenkins, 1964. 765 p.
HUNTER JR., Robert R. et George L. MILLER. « English Shell-edged Earthenware ». The Magazine Antiques. Vol. 145, no 2 (1994), p. 432-443.
LABONTÉ-LECLERC, Mélissa et Delphine LÉOUFFRE. « Whiteware ». MÉTREAU, Laetitia, dir. Identifier la céramique au Québec. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 41. Québec, CÉLAT, 2016, p. 237-244.
MILLER, George L. « A Revised Set of CC Index Values for Classification and Economic Scaling of English Ceramics from 1787 to 1880 ». Historical Archaeology. Vol. 25, no 1 (1991), p. 1-25.
Pointe-à-Callière, musée d'archéologie et d'histoire de Montréal. Montréal capitale : l’exceptionnelle histoire du site archéologique du marché Sainte-Anne et du parlement de la province du Canada. Montréal, Les Éditions de l'Homme, 2021. 236 p.