Laboratoire d'archéologie du Québec
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Tasse. Vue générale - Côté AImage
Photo : Frédéric Lemyre 2024, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Tasse. Côté BImage
Photo : Frédéric Lemyre 2024, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Tasse. Côté CImage
Photo : Frédéric Lemyre 2024, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Tasse. Côté DImage
Photo : Frédéric Lemyre 2024, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Tasse. DessusImage
Photo : Frédéric Lemyre 2024, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Tasse. DessousImage
Photo : Frédéric Lemyre 2024, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BjFj-4 > Opération 30 > Sous-opération D > Lot 11 > Numéro de catalogue 1485

Contexte(s) archéologique(s)

Cave
Cellier
Dépotoir
Marché

Région administrative

Montréal

MRC

Montréal

Municipalité

Montréal

Fonction du site

domestique
commerciale
technologique
institutionnelle

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La tasse a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle est associée aux caves situées sous les celliers du premier marché Sainte-Anne (1834-1844). L'objet constitue également un bon exemple de céramique liée à la table et à la consommation de boissons chaudes disponible au Québec au cours du XIXe siècle entre 1815 et 1830. La tasse présente aussi un intérêt en raison de son décor et de sa forme.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La tasse en terre cuite fine de type « pearlware » est fabriquée au Royaume-Uni entre 1815 et 1830. L'objet est tourné et tournassé, puis cuit. Un décor de couleur bleu cobalt est peint à larges traits sur la surface extérieure. Le centre de la tasse possède un motif de fleur. Le récipient est ensuite trempé dans la glaçure, puis est cuit une dernière fois en cazette. Malgré l'absence d'anse, ce petit bol communément appelé « bol à thé » ou tasse de type « Common Shape » est bien une tasse. Inspirée des tasses en porcelaines chinoises, cette forme est produite par les potiers anglais depuis l'introduction du thé et des services à thé en porcelaine chinoise au XVIIe siècle en Angleterre. Cette forme simple à produire au tour devient vite la forme la plus commune pour les tasses en terre cuite fine de type « creamware », « pearlware » et à glaçure bleutée. Ces « bols à thé » s'imposent sur le marché jusque dans les années 1820, où ils se font tranquillement remplacer par la forme « London Shape ».

Les décors peints sont principalement associés aux objets liés au thé, aux bols et autres objets creux. Du début du XIXe siècle jusqu'au tournant des années 1860 et surtout avant les années 1840, les objets en terre cuite fine peints représentent près de soixante pour cent des objets liés au thé achetés en Amérique du Nord par rapport à tout autre type de décor. Il s'agit d'une vaisselle décorée peu coûteuse à produire en comparaison avec celles à décors imprimés. Les décors peints de la première moitié du XIXe siècle peuvent être datés selon les couleurs employées et le style du motif. Les décors peints monochromes bleu cobalt à motif floral à larges traits comme celui sur cette tasse sont caractéristiques de la période comprise entre 1815 et les années 1830.

La tasse est utilisée pour la consommation de boissons chaudes comme le thé, le café ou le chocolat. Elle est souvent accompagnée d'une soucoupe qui lui est assortie. Trouvée sur le site du marché Sainte-Anne, cette tasse a pu servir comme vaisselle dans une cantine, un bar ou un restaurant établis au marché. En raison de son degré d'utilisation, cet objet peut également être un article de seconde main invendu par l'un des regrattiers du marché.

La tasse a été mise au jour en 2017 sur le site archéologique de la Place D'Youville, à Montréal. À son inauguration en 1834, le marché Sainte-Anne offre en location plusieurs espaces. Le rez-de-chaussée loge des bouchers, des poissonniers et des vendeurs de volailles alors que les portiques abritent des regrattiers ambulants. L'étage supérieur accueille des rassemblements ponctuels et des organisations diverses. L'étage inférieur est constitué de 28 celliers accessibles seulement de l'extérieur par des escaliers qui y descendent depuis la rue. Ce sont des espaces commerciaux loués à l'année ou au mois. En dix ans, ils hébergent des poissonniers et des vendeurs de denrées diverses, mais également de nombreux locataires éphémères de métiers et d'occupations variés, tels des cantiniers, des apothicaires et des artisans. Les archives judiciaires démontrent également que ces celliers abritent, à certaines occasions, des bordels et des débits de boisson illégaux.

La tasse provient de la cave des celliers de la section nord de l'aile ouest du premier Marché-Sainte-Anne (1834-1844). Sous les décombres du parlement incendié le 25 avril 1849, plusieurs monticules de déchets ont été localisés par les archéologues le long des murs entre les piliers ou contreforts soutenant les planchers des celliers du marché. Ces monticules ont révélé une importante quantité d'artéfacts complets qui auraient été jetés dans les caves par les trappes des planchers des celliers avant 1844 ou 1849. Étant donné leur position stratigraphique et l'absence d'altération par le feu, ces artéfacts sont associés à la période d'occupation des celliers par divers locataires du premier marché.

RÉFÉRENCES

EARLS, Amy C. et George L. MILLER. « War and Pots: The Impact of Economics and Politics on Ceramic Consumption Patterns ». Ceramics in America (2008), s.p.
Ethnoscop inc. Fouilles, sondages et surveillance archéologique sur la Place d'Youville Ouest, site du Marché-Sainte-Anne-et-du-Parlement-du-Canada-Uni (BjFj-4). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Pointe-à-Callière/MCCQ/Ville de Montréal, 2018. 78 p.
GIGNAC, François et Hendrik VAN GIJSEGHEM. « Une occupation domestique au parlement de la province du Canada, à Montréal, 1844-1849 ». Archéologiques. No 35 (2022), p. 19-36.
GOSS, Steven. British tea and coffee cups, 1745-1940. Oxford, Shire Publications, 2008. 48 p.
LABONTÉ-LECLERC, Mélissa et Delphine LÉOUFFRE. « Pearlware ». MÉTREAU, Laetitia, dir. Identifier la céramique au Québec. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 41. Québec, CÉLAT, 2016, p. 231-235.
MILLER, George L. « A Revised Set of CC Index Values for Classification and Economic Scaling of English Ceramics from 1787 to 1880 ». Historical Archaeology. Vol. 25, no 1 (1991), p. 1-25.
MILLER, George L. « Common Staffordshire cup and bowl shapes ». Maryland Archaeological Conservation Lab. Diagnostic Artifacts In Maryland [En ligne]. https://apps.jefpat.maryland.gov/diagnostic/Post-Colonial%20Ceramics/Cup%20Shapes/Essay%20on%20Cup%20&%20Bowl%20Shapes.pdf
Pointe-à-Callière, musée d'archéologie et d'histoire de Montréal. Montréal capitale : l’exceptionnelle histoire du site archéologique du marché Sainte-Anne et du parlement de la province du Canada. Montréal, Les Éditions de l'Homme, 2021. 236 p.