Laboratoire d'archéologie du Québec
< RETOUR À LA RECHERCHE
Assiette à déjeuner. Vue généraleImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Assiette à déjeuner. DessusImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Assiette à déjeuner. DessousImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Assiette à déjeuner. ProfilImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Assiette à déjeuner. Détail de la marqueImage
Photo : Daphnée Bouchard 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BjFj-4 > Opération 23 > Sous-opération B > Lot 22 > Numéro de catalogue 508

Contexte(s) archéologique(s)

Cave
Cellier
Dépotoir
Marché

Région administrative

Montréal

MRC

Montréal

Municipalité

Montréal

Fonction du site

domestique
commerciale
technologique
institutionnelle

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

L'assiette à déjeuner a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle est associée aux caves situées sous les celliers du premier marché Sainte-Anne (1834-1844). De plus, l'objet constitue un bon exemple de vaisselle de table disponible au Québec durant le premier tiers du XIXe siècle. L'assiette présente aussi un intérêt en raison du décor ornant son marli.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

L'assiette à déjeuner en terre cuite fine de type « creamware » est fabriquée entre 1800 et les années 1830 à Stoke-on-Trent par la firme William Adams and Sons, située dans la région du Staffordshire, en Angleterre. L'assiette est moulée, estampée de la marque du fabricant et cuite une première fois. Elle est ensuite trempée dans la glaçure, puis recuite en cazette. L'assiette comporte un décor « Shell Edge », un motif couramment produit au XIXe siècle, normalement rehaussé en bleu. Cependant, il est peu fréquent de retrouver ce motif sans couleur, tel que celui sur cette assiette. De la fin du XVIIIe siècle jusqu'au XXe siècle, les diverses terres cuites fines « blanches » à pâtes non vitrifiées, sans décor, simples et les plus abordables du marché sont dénommées « CC » par les potiers et les marchands. À cette époque, l'un des facteurs influençant le plus le prix d'une céramique est son type de décor, spécialement son degré de complexité, son mode d'application et le moment auquel il est appliqué. Bien que cette assiette soit décorée, celle-ci est bien une céramique « CC » selon les critères de l'époque, puisque son décor est réalisé à même l'objet au moment du façonnage. Son coût de production reste ainsi bas.

Les assiettes de huit pouces comme celle-ci sont considérées comme étant une « twiffler » par les potiers de la première moitié du XIXe siècle. Une assiette de moyenne dimension légèrement plus petite qu'une assiette plate standard. Aujourd'hui, les assiettes de cette dimension peuvent être désignées comme une assiette à déjeuner ou à salade. Dans tous les cas, cette assiette sert à la consommation d'aliments solides lors de repas. Des rayures visibles au centre de l'objet témoignent d'ailleurs de son utilisation. Trouvée sur le site du marché Sainte-Anne et considérant son faible coût, cette assiette a pu servir comme vaisselle dans une cantine, un bar ou un restaurant établis au marché. En raison de sa date de production et de son degré d'utilisation, cette assiette peut également être un objet de seconde main invendu par l'un des regrattiers du marché.

L'assiette à déjeuner a été mise au jour en 2013 et 2017 sur le site archéologique de la Place D'Youville, à Montréal. À son inauguration en 1834, le marché Sainte-Anne offre en location plusieurs espaces. Le rez-de-chaussée loge des bouchers, poissonniers et vendeurs de volailles, alors que les portiques abritent des regrattiers ambulants. L'étage supérieur accueille des rassemblements ponctuels et des organisations diverses. L'étage inférieur est constitué de 28 celliers accessibles seulement de l'extérieur par des escaliers qui y descendent depuis la rue. Ce sont des espaces commerciaux loués à l'année ou au mois. En dix ans, ils hébergent des poissonniers et des vendeurs de denrées diverses, mais également de nombreux locataires éphémères de métiers et d'occupations variés, tels des cantiniers, des apothicaires et des artisans. Les archives judiciaires démontrent également que ces celliers abritent, à certaines occasions, des bordels et des débits de boisson illégaux.

L'assiette provient de la cave des celliers de l'aile ouest, du côté sud du premier marché Sainte-Anne (1834-1844). Sous les décombres du parlement incendié le 25 avril 1849, plusieurs monticules de déchets ont été localisés par les archéologues le long des murs entre les piliers ou contreforts soutenant les planchers des celliers du marché. Ces monticules ont révélé une importante quantité d'artéfacts complets qui auraient été jetés dans les caves par les trappes des planchers des celliers avant 1844 ou 1849. Étant donné leur position stratigraphique et l'absence d'altération par le feu, ces artéfacts sont associés à la période d'occupation des celliers par divers locataires du premier marché. L'assiette à déjeuner a été restaurée entre 2013 et 2023.

RÉFÉRENCES

Ethnoscop inc. Fouilles, sondages et surveillance archéologique sur la Place d'Youville Ouest, site du Marché-Sainte-Anne-et-du-Parlement-du-Canada-Uni (BjFj-4). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Pointe-à-Callière/MCCQ/Ville de Montréal, 2018. 78 p.
Ethnoscop inc. Marché Sainte-Anne/Parlement du Canada-Uni, Montréal (BjFj-4). Campagne de fouilles de 2013. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Quartier international/Pointe-à-Callière/Ville de Montréal/MCC, 2014. 50 p.
FURNISS, David A., Judith WAGNER et J. Richard WAGNER. Adams Ceramics: Staffordshire Potters and Pots, 1779-1998. Atglen, Schiffer Publishing, 1999. 336 p.
GIGNAC, François et Hendrik VAN GIJSEGHEM. « Une occupation domestique au parlement de la province du Canada, à Montréal, 1844-1849 ». Archéologiques. No 35 (2022), p. 19-36.
GODDEN, Geoffrey A. Encyclopaedia of British Pottery and Porcelain Marks. London, Herbert Jenkins, 1964. 765 p.
HUNTER JR., Robert R. et George L. MILLER. « English Shell-edged Earthenware ». The Magazine Antiques. Vol. 145, no 2 (1994), p. 432-443.
LABONTÉ-LECLERC, Mélissa. « Creamware ». MÉTREAU, Laetitia, dir. Identifier la céramique au Québec. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 41. Québec, CÉLAT, 2016, p. 225-230.
MILLER, George L. « A Revised Set of CC Index Values for Classification and Economic Scaling of English Ceramics from 1787 to 1880 ». Historical Archaeology. Vol. 25, no 1 (1991), p. 1-25.
MILLER, George L. « Common Standard Creamware Plate Patterns ». Maryland Archaeological Conservation Lab. Diagnostic Artifacts In Maryland [En ligne]. https://apps.jefpat.maryland.gov/diagnostic/Post-Colonial%20Ceramics/Cup%20Shapes/Common%20Creamware%20plate%20patterns.pdf
Pointe-à-Callière, musée d'archéologie et d'histoire de Montréal. Montréal capitale : l’exceptionnelle histoire du site archéologique du marché Sainte-Anne et du parlement de la province du Canada. Montréal, Les Éditions de l'Homme, 2021. 236 p.