Laboratoire d'archéologie du Québec
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Colombin. Côté AImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Colombin. Côté BImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEu-3 > Couche stratigraphique A112 > Numéro de catalogue 3

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le colombin a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il représente un exemple d'accessoire utilisé lors de l'enfournement de pièces céramiques par encastage à la Poterie de Cap-Rouge, au Québec, au XIXe siècle.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le colombin en céramique réfractaire est modelé à la Poterie de Cap-Rouge entre 1860 et 1892. Il est composé d'un mélange d'argile maigre et d'autres ingrédients qui prévient son retrait lors de la cuisson et le rend presque infusible. Afin de créer ses contenants, la manufacture de Cap-Rouge importe des États-Unis et d'Angleterre la majorité de ses matières premières en plus d'utiliser des matières locales.

Le colombin est un accessoire d'enfournement utilisé pour la cuisson de pièces céramiques. Il est appliqué à l'état plastique lors de l'encastage. Il permet de luter, de niveler et de jointer les cazettes et les colonnes de cazettes dans le four. Un bon nivellement des cazettes est essentiel pour optimiser l'enfournement des pièces. Le colombin empêche les flammes et certains gaz de s'introduire à l'intérieur des cazettes, protégeant ainsi les pièces à cuire.

Le colombin a été mis au jour en 1968 sur le site de la Poterie de Cap-Rouge, à Québec. La fabrique est fondée à l'été 1860 par les hommes d'affaires de Québec Jean Henry Howison (vers 1833-après 1862), John Pye (1815-1884) et Zéphirin Chartré (1812-après 1872). Ils font construire près de l'embouchure de la rivière du Cap Rouge une manufacture en bois répartie sur deux étages selon les plans et spécifications de l'architecte Charles Baillargé. L'objectif est d'y confectionner de la vaisselle et des objets usuels en céramique de type terre cuite fine jaune à glaçure incolore au plomb « Yelloware » ou à glaçure brune à base de manganèse de type « Rockingham ». La fabrique est d'abord munie de deux fours en brique, puis un troisième est ajouté plus tard. Ces fours en forme de bouteille sont à tirage ascendant similaire aux fours utilisés dans les manufactures de céramique du Staffordshire, en Angleterre. Des machines à vapeur sont mises en place afin d'aider à la production. Les premières céramiques produites à la manufacture de Cap-Rouge sont mises aux enchères au printemps 1862 à Québec où près d'une centaine de paniers de céramique sont offerts à la vente au public. Malgré des débuts prometteurs, la société est en difficulté et les propriétaires et la manufacture de Cap-Rouge sont saisis en novembre 1862. À partir de cette date, la manufacture passe aux mains de plusieurs propriétaires. Selon les sources écrites, il semble que les années 1870 sont les plus prolifiques pour la manufacture. Plusieurs ouvriers locaux sont employés selon la santé économique de l'entreprise. En 1871, la manufacture emploie durant l'année quarante hommes et vingt garçons qui y produisent près de 1 400 paniers de contenants. Elle fait cependant appel à des travailleurs spécialisés étrangers pour le travail exigeant un savoir-faire spécifique, dont le maître-potier Philip Pointon (vers 1831-1881) et le modeleur William Hancock (1845-1924) de Baltimore. Au cours de son activité, la manufacture produit par tournage, calibrage ou moulage une variété de contenants tels que des théières, des crachoirs, des bols, des pichets, des tasses, des coquetiers, des pots de chambre, des saupoudroirs, etc. Les objets produits sont fréquemment décorés à l'engobe ou possèdent un décor moulé. Les productions sont expédiées un peu partout au Québec (Montréal, Québec, Percé, Sorel, Trois-Rivières, Sherbrooke, Arthabaska, Saint-Hyacinthe, etc. ). La manufacture exporte également ses objets en Ontario et dans les provinces de l'Atlantique. La date exacte de sa fermeture est encore incertaine, mais la fabrique est démolie officiellement en 1892.

RÉFÉRENCES

BRONGNIART, Alexandre. Traité des arts céramiques ou Des poteries considérées dans leur histoire, leur pratique et leur théorie. 3e édition. Paris, Dessain et Tolra, 1977. s.p.
COPELAND, Robert. Manufacturing Processes of Tableware during the Eighteenth and Nineteenth Centuries. Royaume-Uni, The Northern Ceramic Society, 2009. 186 p.
CÔTÉ, Alain et Carl LAVOIE. La Poterie de Cap-Rouge, 1860-1892. Cap-Rouge, La Société historique du Cap-Rouge, 1991. 64 p.
Ethnoscop inc. Patrimoine archéologique des poteries, briqueteries, tuileries et fabriques de pipes au Québec. Étude produite dans le cadre de la participation du Québec au Répertoire canadien des lieux patrimoniaux, volet archéologique. Québec, Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, 2009. 52 p.