Laboratoire d'archéologie du Québec
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Tuyau d'égout. Paroi extérieureImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Tuyau d'égout. Paroi intérieureImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Tuyau d'égout. Vue latéraleImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Tuyau d'égout. Vue en coupeImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-23 > Opération 4 > Sous-opération B > Lot 4 > Numéro de catalogue 1

Contexte(s) archéologique(s)

Dépotoir
Manufacture

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le tuyau d'égout a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il s'agit d'un exemple de raté de production céramique et qu'il provient de la Poterie Bell de Québec (1845-1932). De plus, l'objet est représentatif d'un tuyau d'égout produit au XIXe siècle au Québec.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le tuyau d'égout en terre cuite grossière est fabriqué entre 1845 et la fin du XIXe siècle à la Poterie Bell de Québec, située dans l'ancienne localité de la Petite-Rivière. Le tuyau est produit par filage en comprimant de la pâte à travers une filière ou profileuse de forme cylindrique. Pour ce faire, l'argile préalablement homogénéisée et mélangée est mise dans une boîte cylindrique en fonte. Un piston est abaissé dans la boîte cylindrique. L'argile est ainsi comprimée, et le creux du tuyau est produit. Il est ensuite coupé à la longueur désirée, séché et cuit. Une glaçure noire est appliquée sur l'intérieur du tuyau biscuité. Une deuxième cuisson est réalisée. La surcuisson de l'objet cause sa déformation et l'apparition de fentes, et celui-ci est rejeté avec d'autres objets jugés insatisfaisants. La terre cuite grossière est un matériau peu adapté pour les canalisations en raison de sa grande porosité et fragilité. Ce matériau est délaissé à la fin du XIXe siècle au profit du grès ou de la céramique réfractaire provenant probablement de la région de Saint-Jean-sur-Richelieu vers 1880.

Installée sur la rive sud de la rivière Saint-Charles en 1845, la Poterie Bell produit à l'origine des briques pour la reconstruction des milliers de bâtiments détruits par l'incendie de 1845 des quartiers Saint-Roch et Saint-Jean-Baptiste. Elle diversifie par la suite sa production en y fabriquant entre autres des tuyaux d'égout, des drains agricoles, des pots à plantes et des contenants à pâte rouge avec glaçure ainsi que des pipes blanches. La majorité de l'argile utilisée pour la fabrication des contenants et des tuyaux est prélevée localement. La manufacture utilise des machines à vapeur pour une partie de sa production, mais elle a encore recours au façonnage au tour de potier pour la production de certains récipients. Au cours de son existence, la poterie Bell participe à plusieurs expositions industrielles régionales et internationales. Elle gagne entre autres un prix lors de l'exposition provinciale de 1850 tenue à Montréal et en 1853 lors de la « Quebec Industrial Exhibition » tenue en lien avec la « World's Fair » de New York. Cette même année, David Bell dépose une demande de brevet pour une machine servant à la fabrication de tuyaux et signe un contrat avec la Ville de Québec pour la production de canalisations en vue de l'installation d'un système d'égout dans la ville.

Le tuyau d'égout a été mis au jour en 1991 sur le site archéologique de la Poterie Bell, dans la ville de Québec. En 1845, les frères d'origine écossaise William et David Bell fondent la « Bell Pottery », une manufacture située sur la terre familiale sur la rive sud de la rivière Saint-Charles. Au début du XXe siècle, la manufacture est reprise par la veuve de David, Catherine Langlois-Bell, et par son fils David Forrest-Bell. Les produits fabriqués sont alors moins nombreux et variés. La manufacture semble cependant toujours produire des tuyaux de drainage agricole et quelques contenants liés à l'alimentation. La fabrique demeure en activité jusqu'en 1932.

Le tuyau a été retrouvé à l'intérieur d'une épaisse couche associée à un dépotoir ou tessonnière de la manufacture comprenant une grande quantité de rejets de production céramique.

RÉFÉRENCES

BRONGNIART, Alexandre. Traité des arts céramiques ou Des poteries considérées dans leur histoire, leur pratique et leur théorie. 3e édition. Paris, Dessain et Tolra, 1977. s.p.
COLLARD, Elizabeth. Nineteenth-Century Pottery and Porcelain in Canada. Kingston / Montréal, McGill-Queen's University Press, 1984. 477 p.
Ethnoscop inc. Patrimoine archéologique des poteries, briqueteries, tuileries et fabriques de pipes au Québec. Étude produite dans le cadre de la participation du Québec au Répertoire canadien des lieux patrimoniaux, volet archéologique. Québec, Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, 2009. 52 p.
LAMBART, Helen H. Deux siècles de céramique dans la vallée du Richelieu. Publications d'Histoire. Ottawa, Musées nationaux du Canada, 1975. 22 p.