Laboratoire d'archéologie du Québec
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Pot de chambre. Forme généraleImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Tessons de pot de chambre, côté extérieurImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Tessons de pot de chambre, côté intérieurImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Pot de chambre. Vue en coupeImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-80 > Opération 13 > Sous-opération C > Lot 7 > Numéro de catalogue 16

Contexte(s) archéologique(s)

Latrines
Religieux

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le pot de chambre a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il a été retrouvé sur le site patrimonial du Monastère-des-Augustines-de-l'Hôtel-Dieu-de-Québec. Il a également été choisi parce qu'il témoigne des modes d'hygiène des résidents du monastère au cours des XVIIIe et XIXe siècles.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le pot de chambre en terre cuite fine de type « pearlware » est moulé entre 1775 et 1830, probablement en Angleterre. Ce type de céramique est produit par la compagnie Wedgwood à partir de 1778. Il s'agit d'un « creamware » de teinte très pâle recouvert d'une glaçure bleutée. Il apparait en Amérique au plus tard en 1790, et la vaisselle de table « pearlware » devient très populaire aux États-Unis vers 1810. Vers 1820-1830, ce type de céramique devient de plus en plus blanc et se fond avec les terres cuites fines blanches, pour ensuite disparaitre.

Le pot de chambre est un récipient servant à recueillir les excréments. D'après le contexte de sa découverte, il est utilisé par les occupants de l'Hôtel-Dieu de Québec. Marie-Madeleine de Vignerot du Pont-de-Courlay, marquise de Combalet, future duchesse d'Aiguillon et nièce du cardinal de Richelieu, acquiert une concession initiale de douze arpents dans la Haute-Ville de Québec pour y établir un hôpital géré par la communauté des Augustines de Dieppe. Trois jeunes femmes françaises débarquent à Québec le 1er août 1639 et fondent L'Hôtel-Dieu de Québec, qui devient alors le premier hôpital en Amérique situé au nord du Mexique. Les Augustines jettent ainsi les bases du système de santé actuel au Québec. Le monastère est réquisitionné par les soldats britanniques à la suite de la Conquête entre 1759 et 1784. Il est possible que le pot de chambre soit associé à cette période, puisqu'il provient possiblement d'Angleterre, et puisqu'après sa cassure, il est jeté dans la fosse des latrines. À ce moment, les soldats britanniques résidant au monastère n'utilisent pas ces lieux d'aisance uniquement pour leurs besoins personnels, mais également intensivement comme dépotoir.

Le pot de chambre est mis au jour entre 2013 et 2014 sur le site patrimonial du Monastère-des-Augustines-de-l'Hôtel-Dieu-de-Québec, à Québec. Depuis 1639, plusieurs bâtiments sont ajoutés à l'Hôtel-Dieu de Québec, formant ainsi un important complexe hospitalier et monastique, et ce, malgré un important incendie qui frappe le complexe le 7 juin 1755. En 1955-1956, le site voit la construction d'un hôpital moderne qui est ensuite intégré au Centre hospitalier de Québec en 1995.

Le pot de chambre a été retrouvé dans des sols associés aux latrines mises en place lors de la construction du monastère en 1695, qui sont utilisées jusqu'au raccordement du site des Augustines au réseau d'aqueduc municipal en 1856. Des opérations de vidange de la fosse sont probablement fréquentes. Des fragments du pot de chambre proviennent d'un lot supérieur, correspondant à un dépôt de sable limoneux venu sceller la couche associée à l'utilisation des latrines. Il contient principalement des objets datés du XIXe siècle et s'associe à un contexte d'utilisation de la fosse après son abandon comme zone de rejets domestiques. Certains fragments de cette époque se sont probablement infiltrés dans la couche inférieure.

RÉFÉRENCES

Artefactuel. Le Monastère se dévoile: Interventions archéologiques 2013-2015 au site du Monastère-des-Augustines-de-l'Hôtel-Dieu-de-Québec (CeEt-80). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Fiducie du patrimoine culturel des Augustines, 2016. 812 p.
BRASSARD, Michel et Myriam LECLERC. Identifier la céramique et le verre anciens au Québec : guide à l'usage des amateurs et des professionnels. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 12. Sainte-Foy, CÉLAT, 2001. 207 p.
Ethnoscop inc. Lieu de mémoire habité des Augustines (CeEt-80). Étude de potentiel et inventaire archéologiques. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Fiducie du patrimoine culturel des Augustines, 2016. 104 p.