Laboratoire d'archéologie du Québec
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Dé à coudre. Vue généraleImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Dé à coudre. Côté AImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Dé à coudre. Côté BImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Dé à coudre. Vue du dessusImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-80 > Opération 10 > Sous-opération B > Lot 3 > Numéro de catalogue 7

Contexte(s) archéologique(s)

Incendie
Religieux

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le dé à coudre a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il a été retrouvé sur le site patrimonial du Monastère-des-Augustines-de-l'Hôtel-Dieu-de-Québec et que ses traces de brûlures témoignent de l'incendie du Monastère en 1755. Il a aussi été choisi parce qu'il illustre le travail de couture ou les menus travaux pouvant être effectués par les Augustines.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le dé à coudre est fabriqué avant 1755 par moulage dans du métal cuivreux, probablement au Royaume-Uni. L'objet est en forme de cône tronqué, et la base est repliée vers l'extérieur pour former un mince bourrelet sur le pourtour. La surface entière est moletée de petits cercles peu profonds.

Le dé à coudre sert à protéger le bout du doigt qui enfonce l'aiguille à coudre à travers des pièces de tissu utilisées pour confectionner ou réparer un vêtement ou d'autres articles. Il est aussi utilisé pour d'autres travaux d'aiguille comme la broderie et est habituellement attribué à une présence féminine. Les dés à coudre seraient utilisés dès le XVIe siècle. Les premiers dés à coudre sont de forme généralement trapue. Souvent, le décor ne s'étend pas jusqu'au sommet, laissant le poussoir « tonsure » lisse. Les dés à coudre avec une ouverture roulée vers l'extérieur deviennent populaires à partir du milieu du XVIIe siècle. Ces derniers portent un décor recouvrant souvent l'entièreté de la surface, comme celui-ci, et fait à l'aide d'un outil à plusieurs dents.

Ce dé serait de type « Lofting ». À la fin du XVIIe siècle, en Angleterre, John Lofting (1659-1742) est un prospère fabricant de dés à coudre. L'utilisation de l'énergie hydraulique, plutôt que de la puissance en chevaux, lui permet une production à grande échelle, répondant ainsi à ses ambitions d'exportation, probablement vers les colonies américaines. Le modèle est rapidement copié et exploité par d'autres fabricants européens tout au long du XVIIIe siècle.

D'après le contexte de sa découverte, ce dé est utilisé par les religieuses de l'Hôtel-Dieu de Québec avant l'incendie de 1755. Les Augustines confectionnent elles-mêmes leur costume dans le respect de nombreuses normes strictes et en respectant la conformité de l'habit. Les archives du monastère des Augustines contiennent plusieurs photographies montrant des novices ou des religieuses s'adonnant à divers travaux de couture. Des documents manuscrits font aussi état des activités de raccommodement de vêtements et comment prendre soin, entre autres, du linge d'église. Les Augustines participent également à de nombreuses activités artisanales telles que la broderie et le tricot, tant par nécessité que par loisir.

Le dé à coudre est mis au jour en 2013 sur le site patrimonial du Monastère-des-Augustines-de-l'Hôtel-Dieu-de-Québec, à Québec. Marie-Madeleine de Vignerot du Pont-de-Courlay, marquise de Combalet, future duchesse d'Aiguillon et nièce du cardinal de Richelieu, acquiert une concession initiale de 12 arpents dans la Haute-Ville de Québec pour y établir un hôpital géré par la communauté des Augustines de Dieppe. Trois jeunes femmes françaises débarquent à Québec le 1er août 1639 et fondent L'Hôtel-Dieu de Québec, qui devient alors le premier hôpital en Amérique situé au nord du Mexique. Les Augustines jettent ainsi les bases du système de santé actuel au Québec. Depuis lors, plusieurs bâtiments sont ajoutés, formant ainsi un important complexe hospitalier et monastique et ce, malgré un important incendie qui frappe le complexe le 7 juin 1755. Le monastère est également réquisitionné par les soldats britanniques durant la Conquête. Ces derniers occupent les lieux de 1759 à 1784, y laissant plusieurs traces matérielles. En 1955-1956, le site voit la construction d'un hôpital moderne qui est ensuite intégré au Centre hospitalier de Québec en 1995. L'objet a été récupéré dans l'ancienne pièce au nord, appelée pièce 109, dans un lot témoignant de l'incendie de 1755.