Laboratoire d'archéologie du Québec
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Bol. Vue généraleImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bol. Côté AImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bol. Côté BImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bol. Côté CImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bol. Côté DImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bol. Vue de dessusImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bol. Vue de dessousImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bol. Détail de la pâteImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEu-3 > Couche stratigraphique A8 > Numéro de catalogue 393

Contexte(s) archéologique(s)

Indéterminé
Manufacture

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le bol a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il représente un exemple de raté de production céramique en terre cuite fine jaune à décor à l'engobe datant du XIXe siècle. De plus, le bol est représentatif de la production de la Poterie de Cap-Rouge, en activité au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le bol en terre cuite fine jaune est tourné à la Poterie de Cap-Rouge, à Québec, entre 1860 et 1892. Les diverses matières premières constituant l'argile, ici importée en majorité des États-Unis et d'Angleterre, sont mises dans une grande cuve remplie d'eau selon une recette précise. Le tout est mélangé à l'aide d'un agitateur mu par une machine à vapeur et est tamisé dans une seconde cuve, puis l'argile liquide est chauffée pour évaporer l'eau jusqu'à la consistance désirée. La pâte obtenue est mise au pourrissage et est malaxée pour enlever les bulles d'air et l'homogénéiser une dernière fois. Elle est finalement mise en portions selon le poids désiré. Une balle d'argile est formée, puis est jetée au centre de la girelle du tour, qui est mis en mouvement. À l'aide de la force centrifuge et de la pression des mains, le potier procède à l'ébauchage de l'objet, puis détache la pièce de la girelle et la met à sécher. Le bol est par la suite tournassé à l'aide d'un outil tranchant pour façonner le pied et donner la forme finale au bol. Celui-ci est décoré d'engobe avant sa première cuisson.

L'engobe est une mixture liquide composée d'argile et d'autres composants utilisée pour décorer les objets céramiques. Les engobes doivent avoir le même retrait et le même coefficient de dilatation que la pâte de l'objet qu'il décore. Les recettes varient selon la couleur et le fini désiré. Ce bol est décoré de lignes d'engobe brun et bleu. À la Poterie de Cap-Rouge, l'engobe bleu est produit à partir d'engobe blanc avec du cobalt. L'engobe brun comprend de l'argile rouge locale et parfois de l'ocre jaune. Les préparations sont mises dans des barolets, de petits récipients allongés. Le bol est mis en rotation, puis l'engobe sort de l'outil afin de créer des lignes ou des bandes uniformes et régulières. Le bol est séché complètement avant sa cuisson en cazette. Comme l'objet est à l'état de biscuit, cela indique qu'il est jugé insatisfaisant après son défournement et est rejeté après sa première cuisson.

Le bol a été mis au jour en 1968 sur le site de la Poterie de Cap-Rouge, à Québec. La fabrique est fondée à l'été 1860 par les hommes d'affaires de Québec, Jean Henry Howison (vers 1833-après 1862), John Pye (1815-1884) et Zéphirin Chartré (1812-après 1872). Ils font construire près de l'embouchure de la rivière du Cap-Rouge, une manufacture répartie sur deux étages. L'objectif est d'y confectionner de la vaisselle et des objets usuels en céramique de type terre cuite fine jaune à glaçure incolore au plomb « Yelloware » ou à glaçure brune à base de manganèse de type « Rockingham ». La fabrique est d'abord munie de deux fours en brique, puis un troisième est ajouté plus tard. Ces fours en brique en forme de bouteille sont à tirage ascendant, similaires aux fours utilisés dans les manufactures de céramique du Staffordshire, en Angleterre. Des machines à vapeur sont mises en place afin d'aider à la production. Les premières céramiques produites sont mises aux enchères au printemps 1862 à Québec où près d'une centaine de paniers de céramique sont offerts à la vente. Malgré des débuts prometteurs, les propriétaires et la manufacture de Cap-Rouge sont saisis en novembre 1862. À partir de cette date, l'entreprise passe aux mains de plusieurs propriétaires. Les années 1870 seraient les plus prolifiques. Plusieurs ouvriers locaux sont employés selon la santé économique de l'entreprise. Elle fait aussi appel à des travailleurs étrangers spécialisés, dont le maître-potier Philip Pointon (vers 1831-après 1881) et le modeleur William Hancock (1845-1924) de Baltimore. Au cours de son activité, la manufacture produit par tournage, calibrage ou moulage une variété de contenants. Les productions sont expédiées un peu partout au Québec. La manufacture exporte également ses objets en Ontario et dans les provinces de l'Atlantique. La date exacte de sa fermeture est encore incertaine, mais la fabrique est démolie officiellement en 1892.

RÉFÉRENCES

BEAUDRY DION, Jacqueline et Jean-Pierre DION. Philip Pointon (1831-1881) Maître-potier à Baraboo, Cap-Rouge, Trenton, Baltimore, Saint-Jean. Saint-Lambert, 2013. 128 p.
BELLEAU, Mimi L. Technologie des matériaux céramiques. (Québec), Claude Belleau Éditeur, 2017. s.p.
BLONDEL, Nicole. Céramique : vocabulaire technique. Paris, Éditions du patrimoine, 2014. 432 p.
COPELAND, Robert. Manufacturing Processes of Tableware during the Eighteenth and Nineteenth Centuries. Royaume-Uni, The Northern Ceramic Society, 2009. 186 p.
CÔTÉ, Alain et Carl LAVOIE. La Poterie de Cap-Rouge, 1860-1892. Cap-Rouge, La Société historique du Cap-Rouge, 1991. 64 p.
Ethnoscop inc. Patrimoine archéologique des poteries, briqueteries, tuileries et fabriques de pipes au Québec. Étude produite dans le cadre de la participation du Québec au Répertoire canadien des lieux patrimoniaux, volet archéologique. Québec, Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, 2009. 52 p.
LITH, Jean-Paul van. Céramique : dictionnaire encyclopédique. Paris, Éditions de l'Amateur, 2000. 452 p.