La lime droite a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car ce type d'outil est une part importante de l'outillage du forgeron. Les limes viennent en diverses formes et tailles afin de s'adapter aux besoins et gestes de l'artisan. Ce type d'objet est généralement retrouvé sur un site archéologique contenant une forge, car il est souvent jeté après de nombreuses réutilisations.

Cette lime droite, probablement faite d'acier, serait fabriquée vers la fin du XIXe siècle ou au début du siècle suivant au Québec. D'après le contexte de sa découverte qui est daté entre 1892 et 1910, il est probable que la lime soit partiellement façonnée à la machine. Cette technique de fabrication est courante à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Une préforme de lime en acier serait prise par un artisan spécialisé, recuite pour rendre le métal plus facile à travailler, et possiblement meulée à la machine pour créer la forme finale. Par la suite, la lime peut être décapée pour la rendre plus droite, puis, à l'aide d'un marteau et d'un ciseau, l'artisan frapperait la lime avec force pour former les dents. Enfin, l'outil formé serait durci au four.

Les limes sont un outil usuel du métier de forgeron. Elles sont utilisées pour effectuer l'enlèvement contrôlé de métal sur une pièce métallique par frottement afin de l'ajuster ou de procéder à sa finition. Il existe plusieurs variations de cet outil afin de répondre aux besoins et aux préférences des artisans dans l'accomplissement de leurs tâches et de leurs gestes, mais en général, elles sont composées d'une soie permettant l'emmanchement de l'outil et d'une tige de forme variée travaillant le métal. Dans le cas de cette lime, la tige est longue, plate et rectangulaire, ce qui en fait une lime de type droite. Elle est pratique pour travailler des surfaces planes de taille moyenne, ou encore pour ajuster les angles et les contours de l'objet. La lime est corrodée, probablement en raison de son séjour dans le sol.

Cette lime est mise au jour en 1994 sur le site de la Forge Radnor, situé en Mauricie. Elle s'inscrit ainsi dans la longue histoire sidérurgique de la Mauricie, la première réelle industrie lourde du Canada. Elle est retrouvée dans une couche de démolition de la salle du nouveau compresseur à air qui est postérieure à la dernière occupation industrielle de la forge au-dessus des couches de 1892. Ce compresseur injectait de l'air directement dans le haut-fourneau, à travers une tuyère afin de permettre l'activation de la combustion.