Laboratoire d'archéologie du Québec
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Semelles de chaussures. Vue généraleImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Semelles de chaussures. Vue de dessusImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Semelles de chaussures. Vue de dessousImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Chaussure gauche, fragments de talon vus de dessousImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Chaussure gauche, fragments de talon vus de dessusImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Retailles de semelles, côté AImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Retailles de semelles, côté BImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BiFj-118 > Opération 22 > Sous-opération M > Lot 17 > Numéro de catalogue 147

Contexte(s) archéologique(s)

Remblai

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Les semelles de chaussure ont été sélectionnées pour la collection archéologique de référence du Québec, car elles sont représentatives du travail du cordonnier et parce qu'elles ont été trouvées dans un contexte relié aux tanneries.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Les deux semelles de chaussure en cuir sont fabriquées au Québec, possiblement à Montréal entre 1810 et 1838 d'après le contexte de leur découverte. De forme identique, les semelles font partie d'une paire de chaussures rejetée en cours de fabrication ou après usage. Le bout des semelles est pointu et le talon est arrondi. Un talon composé de trois épaisseurs et doté de trous de chevillage est présent sur l'une des semelles, bien qu'il ne soit possiblement pas complet.

La semelle de chaussure est la partie de cuir épais se trouvant sous la chaussure. Elle fait partie d'un accessoire vestimentaire servant à couvrir les pieds de leur propriétaire pour les protéger du froid, de l'humidité, de la saleté et des blessures. La forme des deux semelles suggère qu'il s'agit de chaussures dont la forme ne diffère pas selon le côté du pied. Au Québec, avant les années 1780, il était peu fréquent que la forme à chaussure différencie le pied droit du gauche. Le cordonnier avait une seule forme par pointure. Cette forme permettait de fabriquer des chaussures de forme identique. Au XIXe siècle, il était encore fréquent que les chaussures d'une même paire soient identiques même si la différenciation des chaussures existait.

Les semelles de chaussure sont mises au jour à l'hiver 2016-2017 sur un site archéologique faisant partie d'un ensemble de sites désignés « village de Saint-Henri-des-Tanneries », à Montréal. En 1686, les associés Jean Mouchère, André David et Jean DeDieu reçoivent une concession de six arpents de terre pour y établir une tannerie près de l'ancien ruisseau Glen, situé à l'ouest de Ville-Marie. Ensemble, les trois associés établissent la première tannerie de Montréal. Dès lors s'amorce la longue évolution d'un simple établissement à un village dont une grande proportion des familles est associée aux métiers du cuir. Le développement de l'agglomération prend véritablement de l'ampleur grâce à Gabriel Lenoir-Rolland et toute sa descendance au cours du XVIIIe siècle et la première moitié du XIXe siècle. Bon nombre des résidents de l'ancien village sont des descendants des Lenoir-Rolland. En 1825, près de 63 % des travailleurs recensés du village des Tanneries sont liés aux métiers du cuir, soit des tanneurs, des cordonniers et des selliers. Cependant, dès le deuxième quart du XIXe siècle, le travail artisanal du cuir est perturbé par l'ouverture du canal de Lachine, puis par l'arrivée du chemin de fer et de la mécanisation des métiers du cuir. Peu à peu, le pôle du travail du cuir de Saint-Henri se déplace le long du canal de Lachine avec, entre autres, l'arrivée de la tannerie industrielle Moseley en 1859. Au milieu du XIXe siècle, les artisans travaillant le cuir sont de moins en moins nombreux dans le village. L'ancien noyau villageois des tanneries voit alors sa vocation changer pour devenir plus résidentielle et commerciale.

Les semelles de chaussure ont été trouvées dans un remblai de comblement post-utilisation d'une cuve circulaire de tannerie datée d'entre 1810 et 1838. Elles ont été restaurées par le Centre de conservation du Québec (CCQ) entre 2019 et 2020.

RÉFÉRENCES

DUPONT, Jean-Claude, dir. et Jacques MATHIEU, dir. Les métiers du cuir. Ethnologie de l'Amérique française. Québec, Presses de l'Université Laval, 1981. 432 p.