Laboratoire d'archéologie du Québec
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Ciseaux. Vue en plan. Face AImage
Photo : Sébastien Martel 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Ciseaux. Vue en plan. Face BImage
Photo : Sébastien Martel 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Ciseaux. Vue générale. Face AImage
Photo : Sébastien Martel 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Ciseaux. Vue générale. Face BImage
Photo : Sébastien Martel 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Ciseaux. Rayons X des ciseaux. CCQ, Michel Élie, 2017.Image
Photo : Michel Elie 0, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Centre de conservation du Québec

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BiFj-118 > Opération 24 > Sous-opération A > Lot 15 > Numéro de catalogue 202

Contexte(s) archéologique(s)

Remblai
Tranchée de construction

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Les ciseaux ont été sélectionnés pour la collection archéologique de référence du Québec, car il s'agit d'un type d'outil couramment utilisé pour le travail du cuir par un cordonnier.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Les ciseaux en acier sont forgés et assemblés au cours de la deuxième moitié du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle, possiblement en Europe, ou en Amérique du Nord. Ils sont formés de deux branches allongées terminées par un anneau ovale et assemblées au moyen d'un rivet permettant le mouvement des lames.

Les ciseaux constituent un outil à usage multiple servant à découper différentes matières souples comme le tissu, le cuir ou le papier. Le contexte de leur découverte permet de les associer au travail du cuir. Ils sont très utiles pour les cordonniers qui peuvent les utiliser lors des différentes étapes du montage d'une chaussure. Cet outil peut être utilisé pour couper le fil de couture ou pour couper le cuir. Pour les cuirs plus épais, des outils plus coupants tels que les couteaux sont privilégiés.

Les ciseaux sont utilisés dans l'une des nombreuses tanneries de l'ancien village de Saint-Henri-des-Tanneries. En 1686, les associés Jean Mouchère, André David et Jean DeDieu reçoivent une concession de six arpents de terre pour y établir une tannerie près de l'ancien ruisseau Glen, situé à l'ouest de Ville-Marie. Ensemble, les trois associés établissent la première tannerie de Montréal. Dès lors s'amorce la longue évolution d'un simple établissement à un village dont une grande proportion des familles est associée aux métiers du cuir. Le développement de l'agglomération prend véritablement de l'ampleur grâce à Gabriel Lenoir-Rolland et toute sa descendance au cours du XVIIIe siècle et la première moitié du XIXe siècle. Bon nombre des résidents de l'ancien village sont des descendants des Lenoir-Rolland. En 1825, près de 63 % des travailleurs recensés du village des Tanneries sont liés aux métiers du cuir, soit des tanneurs, des cordonniers et des selliers. Cependant, dès le deuxième quart du XIXe siècle, le travail artisanal du cuir est perturbé par l'ouverture du canal de Lachine, puis par l'arrivée du chemin de fer et de la mécanisation des métiers du cuir. Peu à peu, le pôle du travail du cuir de Saint-Henri se déplace le long du canal de Lachine avec, entre autres, l'arrivée de la tannerie industrielle Moseley en 1859. Au milieu du XIXe siècle, les artisans travaillant le cuir sont de moins en moins nombreux dans le village. L'ancien noyau villageois des tanneries voit alors sa vocation changer pour devenir plus résidentielle et commerciale.

Les ciseaux sont mis au jour à l'hiver 2016-2017 sur un site archéologique faisant partie d'un ensemble de sites désignés « village de Saint-Henri-des-Tanneries », à Montréal. Ils ont été trouvés dans un remblai de comblement des tranchées de construction. Ces tranchées devaient servir à remplacer une cuve circulaire pour le tannage des peaux par l'aménagement de deux cuves quadrangulaires en pin blanc. L'analyse dendrochronologique de ces cuves a permis de supposer que la première cuve a été fabriquée en 1790 ou 1791, alors que la seconde cuve aurait été fabriquée vers 1804. Les deux cuves ont été trouvées à l'intérieur de vestiges associés à une ancienne maison-tannerie ayant appartenu à des Lenoir dit Rolland au cours de la deuxième moitié du XVIIIe siècle et du premier tiers du XIXe siècle. À cette époque, il n'était pas rare que des tanneurs ou autres artisans du cuir combinent plusieurs métiers, tels que des tanneurs-selliers ou des tanneurs-cordonniers.

Les ciseaux ont été documentés et stabilisés par l'équipe du Centre de Conservation du Québec en 2017.

RÉFÉRENCES

DUPONT, Jean-Claude, dir. et Jacques MATHIEU, dir. Les métiers du cuir. Ethnologie de l'Amérique française. Québec, Presses de l'Université Laval, 1981. 432 p.