Laboratoire d'archéologie du Québec
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Mocassin. Vue générale 1Image
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Mocassin. Vue générale 2Image
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Mocassin. Vue de l'avantImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Mocassin. Vue de l'arrièreImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Mocassin. DessusImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Mocassin. DessousImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BiFj-118 > Opération 26 > Sous-opération J > Lot 3 > Numéro de catalogue 296

Contexte(s) archéologique(s)

Aire de circulation
Remblai

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le mocassin a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il représente une variété de chaussures typiquement fabriquées par les cordonniers au Québec. Il a également été choisi parce qu'il s'agit d'un type de chaussure traditionnelle d'inspiration autochtone populaire et utilisé comme chaussure de tous les jours.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le mocassin en cuir est fabriqué à Montréal entre 1760 et 1820 d'après le contexte de sa découverte. Il est réalisé à la main par un cordonnier. Il est composé d'une pièce de cuir servant à la fois de première et de tige, ainsi que d'un plateau. Les parties de la chaussure sont assemblées à l'aide de ligneuls. La longueur du plateau suggère que le mocassin est possiblement conçu avec une tige haute en cuir ou en laine, aujourd'hui manquante. Près du rebord du mocassin, plusieurs trous verticaux auraient vraisemblablement servi à faire passer un lacet servant à resserrer le mocassin autour du pied.

Le mocassin est un accessoire vestimentaire servant à couvrir les pieds de leur propriétaire pour les protéger du froid, de l'humidité, de la saleté et des blessures. Le mocassin est soit une chaussure traditionnelle autochtone plate en cuir souple, soit une chaussure inspirée de cette dernière faite du même matériau et ne possédant ni semelle ni talon. Ce type de chaussure d'apparence modeste est un soulier de tous les jours, nommé « traditionnel de type mocassin », « soulier sauvage » ou « soulier de boeuf ».

Le « soulier de boeuf » est porté par les colons français dès le milieu du XVIIe siècle. La conception du mocassin est très rudimentaire : bien que ce type de chaussure puisse être fabriqué par un cordonnier, il n'est pas rare, jusque dans les années 1950, que celui-ci soit confectionné dans presque toutes les maisonnées, majoritairement par des femmes. De faible coût et de conception facile, le mocassin est vite adopté par les Européens en Nouvelle-France, spécialement des habitants. Ils font même partie de l'habillement dit « national des patriotes ».

Ce mocassin est mis au jour en 2017 sur un site archéologique faisant partie d'un ensemble de sites désignés « village de Saint-Henri-des-Tanneries », à Montréal. En 1686, les associés Jean Mouchère, André David et Jean DeDieu reçoivent une concession de six arpents de terre pour y établir une tannerie près de l'ancien ruisseau Glen, situé à l'ouest de Ville-Marie. Ensemble, les trois associés établissent la première tannerie de Montréal. Dès lors s'amorce la longue évolution d'un simple établissement à un village dont une grande proportion des familles est associée aux métiers du cuir. Le développement de l'agglomération prend véritablement de l'ampleur grâce à Gabriel Lenoir-Rolland et toute sa descendance au cours du XVIIIe siècle et la première moitié du XIXe siècle. Bon nombre des résidents de l'ancien village sont des descendants des Lenoir-Rolland. En 1825, près de 63 % des travailleurs recensés du village des Tanneries sont liés aux métiers du cuir, soit des tanneurs, des cordonniers et des selliers. Cependant, dès le deuxième quart du XIXe siècle, le travail artisanal du cuir est perturbé par l'ouverture du canal de Lachine, puis par l'arrivée du chemin de fer et de la mécanisation des métiers du cuir. Peu à peu, le pôle du travail du cuir de Saint-Henri se déplace le long du canal de Lachine avec, entre autres, l'arrivée de la tannerie industrielle Moseley en 1859. Au milieu du XIXe siècle, les artisans travaillant le cuir sont de moins en moins nombreux dans le village. L'ancien noyau villageois des tanneries voit alors sa vocation changer pour devenir plus résidentielle et commerciale.

Le mocassin a été trouvé dans un remblai de nivellement d'une aire de circulation associée au chemin Upper Lachine, aujourd'hui la rue Saint-Jacques, à Montréal. Ce niveau de circulation est daté d'entre les années 1770 et 1800. Ce chemin a été, à une époque, le chemin le plus rapide entre Montréal et Lachine. C'est par ce même chemin que voyageurs et marchandises transitaient pour se rendre vers le Haut-Canada. L'importance de ce chemin traversant le Village des Tanneries a été très bénéfique pour la prospérité du village au cours des XVIIIe et XIXe siècles.

Le mocassin a été restauré par le Centre de conservation du Québec (CCQ) entre 2017 et 2020.

RÉFÉRENCES

DUPONT, Jean-Claude, dir. et Jacques MATHIEU, dir. Les métiers du cuir. Ethnologie de l'Amérique française. Québec, Presses de l'Université Laval, 1981. 432 p.