Laboratoire d'archéologie du Québec
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Pince à tendre. Vue généraleImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Pince à tendre. Côté AImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Pince à tendre. Côté BImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Pince à tendre. Détail de la pinceImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BiFj-119 > Opération 7 > Sous-opération A > Lot 2 > Numéro de catalogue 7

Contexte(s) archéologique(s)

Démolition
Remblai

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La pince à tendre a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car il s'agit de l'un des outils traditionnels utilisés pour le travail du cuir par le cordonnier.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La pince à tendre en métal est fabriquée en Amérique du Nord ou en Europe entre 1750 et 1850. Des pinces à tendre similaires sont encore produites de nos jours.

La pince à tendre est un outil de préhension utilisé par le cordonnier pour étirer le cuir sur la forme à chaussure. Son utilisation est effectuée différemment selon le modèle de chaussure fabriqué. Pour la chaussure avec semelle, le cordonnier débute par le découpage des diverses parties qui recouvrent le devant du pied, puis il assemble ces morceaux pour former la tige. Une fois la partie avant terminée, il dépose la tige sur la forme à chaussure en retournant cette dernière vers lui. Le cordonnier utilise ensuite sa pince à tendre pour étirer fermement le cuir vers l'arrière de la forme en prenant appui sur celle-ci, faisant dépasser le cuir sous la forme à chaussure et le fixant à la première de semelle. Il utilise parfois la partie « marteau » de la pince pour enfoncer les chevilles ou clous lors de la confection. Pour la fabrication de mocassins de type « soulier de bœuf » ou « soulier sauvage », le cordonnier découpe une grande pièce qui sert à la fois de semelle et de tige, populairement désignée comme « empeigne ». Il préforme l'avant en la cousant, puis y glisse la forme de chaussure en bois. Le cuir adopte alors la forme de la chaussure. Une fois bien en place et centrée, l'artisan vient coudre le plateau, c'est-à-dire le dessus de la chaussure, au reste du mocassin. Lorsque toutes les parties sont cousues ensemble, le cordonnier ferme l'arrière de la chaussure. Pour ce faire, il utilise sa pince à tendre pour étirer le cuir vers l'arrière en s'appuyant sur la forme à chaussure. Il procède alors à la couture de l'arrière.

La pince à tendre est mise au jour en 2015 sur le site du village de Saint-Henri-des-Tanneries, à Montréal. En 1686, les associés Jean Mouchère, André David et Jean DeDieu reçoivent une concession de six arpents de terre pour y établir une tannerie près de l'ancien ruisseau Glen, situé à l'ouest de Ville-Marie. Ensemble, les trois associés établissent la première tannerie de Montréal. Dès lors s'amorce la longue évolution d'un simple établissement à un village dont une grande proportion des familles est associée aux métiers du cuir. Le développement de l'agglomération prend véritablement de l'ampleur grâce à Gabriel Lenoir-Rolland et toute sa descendance au cours du XVIIIe siècle et de la première moitié du XIXe siècle. Bon nombre des résidents de l'ancien village sont des descendants des Lenoir-Rolland. En 1825, près de 63 % des travailleurs recensés du village des Tanneries sont liés aux métiers du cuir, soit des tanneurs, des cordonniers et des selliers. Cependant, dès le deuxième quart du XIXe siècle, le travail artisanal du cuir est perturbé par l'ouverture du canal Lachine, puis par l'arrivée du chemin de fer et de la mécanisation des métiers du cuir. Peu à peu, le pôle du travail du cuir de Saint-Henri se déplace le long du canal Lachine avec, entre autres, l'arrivée de la tannerie industrielle Moseley en 1859. Au milieu du XIXe siècle, les artisans travaillant le cuir sont de moins en moins nombreux dans le village. L'ancien noyau villageois des tanneries voit alors sa vocation changer pour devenir plus résidentielle et commerciale.

La pince à tendre a été trouvée lors du nettoyage d'un mur d'un ancien bâtiment qui aurait été démoli au cours du deuxième quart du XIXe siècle.

RÉFÉRENCES

DUPONT, Jean-Claude, dir. et Jacques MATHIEU, dir. Les métiers du cuir. Ethnologie de l'Amérique française. Québec, Presses de l'Université Laval, 1981. 432 p.
Patrimoine Experts. Projet Turcot. Interventions archéologiques (novembre 2014-août 2016) dans les limites de l'ancien village de Saint-Henri-des-Tanneries. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ministère des Transports du Québec, 2019. s.p.