Laboratoire d'archéologie du Québec
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Bouteille à extrait de malt. Vue générale 1Image
Photo : Sébastien Martel 2021, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à extrait de malt. Vue générale 2Image
Photo : Sébastien Martel 2021, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à extrait de malt. Côté AImage
Photo : Sébastien Martel 2021, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à extrait de malt. Côté BImage
Photo : Sébastien Martel 2021, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à extrait de malt. DessusImage
Photo : Sébastien Martel 2021, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à extrait de malt. DessousImage
Photo : Sébastien Martel 2021, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à extrait de malt. Détail du goulotImage
Photo : Sébastien Martel 2021, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à extrait de malt. Détail de l'inscription sur la panseImage
Photo : Sébastien Martel 2021, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CfEt-5 > Opération 13 > Sous-opération A > Lot 2 > Numéro de catalogue 20

Contexte(s) archéologique(s)

Brasserie

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La bouteille à bière a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle témoigne des pratiques de récupération et de réutilisation des bouteilles en verre par la brasserie de Beauport (1895-1910), qui est un site archéologique majeur de la région de Québec. Elle a aussi été choisie parce qu'elle provient d'un important dépôt de verre de cette brasserie, permettant d'avancer l'hypothèse que celle-ci devait racheter des lots de bouteilles vides dont certaines devaient être rejetées d'emblée.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La bouteille à bière en verre coloré transparent brun est fabriquée dans un moule en deux parties avec base séparée, possiblement aux États-Unis, entre 1870 et 1910. L'inscription « JNO WYETH & BRO/PHILADELPHIA/LIQ EXT MALT » identifie le fabricant de la bouteille, l'entreprise John Wyeth & Brothers. Fondée en 1860 à Philadelphie aux États-Unis, cette compagnie est encore active aujourd'hui. L'extrait de malt serait offert dans les années 1870 jusqu'en 1921.

La bouteille, plus trapue, est de style « pot de fleurs ». Ce type de bouteille, plus ou moins courant, est lié à la bière ou à des produits similaires. La bière est fabriquée par le brassage de l'orge maltée, et de ce processus en découle un produit, l'extrait de malt, qui entre dans la fermentation de la bière. Il serait également associé à des produits médicinaux tels que des toniques. Effectivement, avant et pendant la prohibition, plusieurs producteurs de boissons alcoolisées tentent de rendre leurs produits plus acceptables sous le couvert de qualités médicinales.

Le moule vertical en deux parties avec base séparée est le plus utilisé pour la fabrication de contenants à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Vers le milieu du XIXe siècle, il remplace principalement le moule en deux parties, le moule en creux et le moule de type Ricketts. Ses dates d'utilisation se situent généralement entre 1850 et la période de fabrication mécanisée introduite dans les années 1920. L'utilisation de ce moule laisse des marques commençant au bord du cul et remontant de chaque côté de la bouteille jusqu'à l'autre extrémité. Une marque est également visible pour la plaque de la base. Le corps et le cul peuvent porter des inscriptions en relief.

Ce récipient servant au transport et à l'entreposage d'extrait de malt est recyclé. Le principe du recyclage des bouteilles en verre est établi en Amérique du Nord dès le XVIIIe siècle, en raison de leur coût de fabrication élevé. Il est alors d'usage d'importer des vins et spiritueux d'Europe et d'ensuite réutiliser les contenants pour embouteiller des produits locaux, comme la bière. Avec la mécanisation des procédés de fabrication des contenants de verre, une grande variété de contenants sont développés pour chaque secteur commercial. La marque du produit et le nom du fabricant peuvent alors apparaitre sur une étiquette ou sont moulés en relief. Ce principe procure une propriété légale à l'entreprise, mais l'oblige également à mettre en place un système de recyclage coûteux et plus ou moins efficace.

La bouteille à extrait de malt est mise au jour en 1991, sur le site de la deuxième brasserie de Beauport. La qualité d'une bière repose essentiellement sur la qualité de l'eau entrant dans sa composition, expliquant l'implantation des brasseries du XIXe siècle près des cours d'eau. C'est le cas du complexe industriel de Beauport, où trois grandes entreprises s'établissent près de la rivière. S'y succèdent la distillerie-brasserie Young/de Beauport (1792-1810), la brasserie Racey/de Beauport (1810-1863) et la brasserie de Beauport (1895-1911).

En 1895, la Compagnie de brasserie de Beauport s'installe sur une partie du complexe, à l'emplacement de l'ancien moulin Brown. Elle se spécialise alors dans la production de « lager beer », de bière double et de porter. L'entreprise possède tous les équipements nécessaires à l'embouteillage et au lavage des bouteilles retournées et réutilisées. Malgré son succès, la brasserie de Beauport connait des difficultés financières en raison d'une concurrence féroce entre brasseurs au début du XXe siècle. Elle déclare faillite en 1911, et l'entreprise est alors vendue à la National Breweries. Les bâtiments sont détruits vers 1932.

Cette bouteille a été retrouvée dans un important dépôt de verre contenant plusieurs autres bouteilles similaires, dont des bouteilles de vin, de champagne et d'alcools forts. Cela confirme que ces bouteilles étaient recyclées et remplies des produits de la brasserie.

RÉFÉRENCES

BUSCH, Jane. « Second Time Around: A Look at Bottle Reuse ». Historical Archaeology. Vol. 21, no 1 (1987), p. 67-80.
Ethnoscop inc. Fouille archéologique d'un bâtiment du complexe industriel de la distillerie/brasserie de Beauport et surveillance des travaux de construction. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de Beauport, 1992. 78 p.
FISET, Richard. Brasseries et distilleries à Québec (1620-1900) : Profil d'archéologie industrielle. Université Laval, 2001. 538 p.
LINDSEY, Bill. Historic Glass Bottle Identification & Information Website [En Ligne]. https://sha.org/bottle/index.htm
Ville de Québec. « Distillerie et brasserie de Beauport : Pour étancher la soif des Québécois ». Ville de Québec. Site officiel de la Ville de Québec [En ligne]. https://archeologie.ville.quebec.qc.ca/sites/distillerie-et-brasserie-de-beauport/distillerie-et-brasserie-de-beauport-pour-etancher-la-soif-des-quebecois/