Laboratoire d'archéologie du Québec
< RETOUR À LA RECHERCHE
Grains de maïs. Vue généraleImage
Photo : Émilie Deschênes 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEu-11 > Opération 9 > Sous-opération A > Lot 11 > Numéro de catalogue 908

Contexte(s) archéologique(s)

Fosse

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Les grains de maïs ont été sélectionnés parce qu'il s'agit d'une céréale indigène cultivée et utilisée par les Hurons-Wendats et les Iroquois de la mission Notre-Dame-de-Lorette, conjointement avec d'autres produits indigènes et des espèces exogènes.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Les deux grains de maïs « Zea mays L. » sont des restes alimentaires trouvés dans une fosse d'entreposage utilisée sur le site de la mission Notre-Dame-de-Lorette à la fin du XVIIe siècle. Les grains sont presque complets et ils mesurent 1,2 x 0,9 x 0,6 cm et 0,8 x 0,5 x 0,6 cm. Ils sont carbonisés, soit lors d'une préparation alimentaire, soit par une combustion accidentelle.

Les grains de maïs ont été sélectionnés parce qu'il s'agit d'une céréale indigène cultivée et utilisée par les Hurons-Wendats et les Iroquois de la mission Notre-Dame-de-Lorette, conjointement avec d'autres produits indigènes et des espèces exogènes.

Les grains de maïs ont été trouvés en 2018, lors de fouilles réalisées sur le site du presbytère de L'Ancienne-Lorette. Ils proviennent d'une fosse d'entreposage située dans le secteur nord-ouest de la mission Notre-Dame-de-Lorette, où étaient construites plusieurs maisons longues occupées entre 1673 et 1697. Les sols prélevés de cette fosse ont été soumis à une analyse archéobotanique à l'automne 2018 et les grains découverts sont maintenant conservés dans les locaux du Laboratoire et de la Réserve d'archéologie du Québec.

Le maïs « Zea mays L. » est une plante d'origine subtropicale que des groupes humains ont réussi à domestiquer pour la première fois au sud-ouest du Mexique il y a environ 5 500 ans. Sa culture s'est graduellement répandue en Amérique pour atteindre le nord-est de l'Amérique du Nord vers 500 de notre ère, où la variété la mieux adaptée est le maïs à albumen corné, connu sous le nom de Northern Flint « Zea mays indurata ». Dans cette région, l'arrivée de cette céréale a donné lieu au développement graduel de la culture iroquoienne, permettant aux groupes qui en adoptèrent la culture de se sédentariser de plus en plus. La pratique de l'horticulture de cette plante permet en effet de fournir entre 50 et 60 % de l'apport calorique à l'alimentation des groupes iroquoiens du nord-est. Le maïs, cultivé en combinaison avec des courges et des haricots, forme un ensemble connu chez les Iroquois sous l'appellation des « Trois soeurs », capable de livrer entre 70 et 80 % des calories quotidiennes nécessaires à ces populations. C'est vers 1200 à 1300 de notre ère que l'horticulture de cet ensemble de plantes se met définitivement en place. Le tournesol, représente d'ailleurs une autre plante exploitée depuis longtemps par les Iroquoiens pour son l'huile.

Les Hurons-Wendats, en quittant leurs terres ancestrales de l'Ontario au milieu du XVIIe siècle, apportent la pratique de l'horticulture de cette plante et d'autres à leur nouvelle patrie au Québec. La découverte de ces grains dans le contexte de la mission Notre-Dame-de-Lorette confirme donc que cette plante fait toujours partie intégrante de l'alimentation des membres de la communauté. En effet, la découverte de grains de maïs sur le site est à son plus fort dans les contextes anciens du XVIIe siècle. Les contextes plus tardifs datant d'après le départ des Hurons-Wendats pour la Nouvelle-Lorette en 1697comportent toujours du maïs, mais dans une moindre mesure. Par contre, ces contextes sont souvent bouleversés et contiennent toujours des artéfacts et écofacts provenant de sols associés à la mission. La présence sur le site de certaines espèces européennes, notamment le pois, mais aussi dans une moindre mesure le blé et l'avoine, témoigne d'une européanisation de l'alimentation des occupants de la mission.

RÉFÉRENCES

FAUCHER, Anne-Marie. « Macrorestes végétaux ». GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019, p. 585-590.
GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019. 652 p.
TREMBLAY, Roland et al. Les Iroquoiens du Saint-Laurent : peuple du maïs. Montréal, Les Éditions de l'Homme / Pointe-à-Callière, Musée d'archéologie et d'histoire de Montréal, 2006. 139 p.