Laboratoire d'archéologie du Québec
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Perle. Vue à l'horizontaleImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Perle. Vue du trou d'enfilageImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEu-11 > Opération 8 > Sous-opération H > Lot 12 > Numéro de catalogue 627

Contexte(s) archéologique(s)

Cour

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La perle a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec parce qu'il s'agit d'une des rares perles fabriquées en coquillage trouvées sur le site. Elle a possiblement été fabriquée sur place et pourrait avoir été prévue pour la confection d'une ceinture ou d'un autre objet de wampum.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La perle est un objet de parure ou de décoration utilisé sur le site de la mission Notre-Dame-de-Lorette. De petite taille et de couleur blanche, elle est fabriquée à partir d'un coquillage. Elle mesure 0,38 cm de longueur et a une section circulaire d'un diamètre de 0,27 cm.

Les perles de wampum blanches sont fabriquées à partir de la columelle d'une coquille de buccin, alors que les perles de wampum violettes sont faites à partir de la coquille de la palourde américaine. La coquille de palourde est beaucoup plus dure et cassante que la coquille du buccin et donc plus dure à travailler, ce qui pourrait expliquer la valeur plus élevée des wampums de couleur violette.

Pour fabriquer la perle, il faut fragmenter et tailler le coquillage du mollusque marin. Le polissage sur une meule de pierre permet d'adoucir les contours pour obtenir la forme cylindrique de la perle. Celle-ci est ensuite perforée à l'aide d'un perçoir. Le polissage final se fait sur un polissoir en pierre ou en bois, en utilisant souvent du sable et de l'eau. Il est possible de teindre les perles. Les perles de wampum peuvent être enfilées, tissées, brodées ou incrustées pour fabriquer des objets divers. Traditionnellement, la fabrication des wampums est effectuée par les femmes, durant l'hiver.

La perle peut être utilisée comme parure personnelle, intégrée dans un bijou ou un autre objet ou elle peut être portée dans les cheveux. Elle peut aussi être cousue sur un vêtement ou un objet personnel, ou être incrustée dans divers objets. Les perles en coquillage tiennent aussi un rôle important comme monnaie d'échange. Plus particulièrement, les perles en coquillage sont connues pour leur utilisation dans la fabrication de colliers, de bracelets et de ceintures de wampum, objets d'importance agissant comme médium d'échanges rituels ou comme cadeaux dans les relations politiques et commerciales entre les groupes autochtones, mais aussi entre Autochtones et Européens. Étant donné leur grande valeur, les wampums se retrouvent souvent comme offrandes dans des contextes funéraires.

La fabrication des perles de wampum est une activité issue d'une tradition algonquienne qui s'est développée sur la côte est américaine, notamment dans la région de Long Island, New York, dès la fin de la préhistoire. L'introduction d'un outillage métallique par les Européens a grandement facilité la fabrication de ces perles. Par la suite, la traite des perles de wampum a pris un envol exponentiel au cours de la première moitié du XVIIe siècle.

Cette perle tubulaire en coquillage a été trouvée lors de fouilles réalisées sur le site du presbytère de L'Ancienne-Lorette en 2018. Elle a été mise au jour dans la dernière couche d'occupation de la cour du deuxième presbytère, datée entre 1725 et 1786. À la fin du XVIIe siècle, des maisons longues se trouvaient à cet endroit. La perle tubulaire en coquillage fait maintenant partie de la collection du Musée huron-wendat de Wendake.

Un total de sept perles de wampum, dont cinq blanches, une mauve et une grise, potentiellement altérée, ainsi qu'un grand pendentif en coquillage et plusieurs petits coquillages percés sont issus des fouilles de 2018 du site du presbytère de L'Ancienne-Lorette. De plus, un fragment de coquillage de buccin, des sections de columelle, un fragment épais de coquillage et plusieurs petits éclats ont été trouvés lors des fouilles, évoquant la possibilité que les perles de wampum et les parures en coquillages aient été fabriquées à la mission Notre-Dame-de-Lorette même à la fin du XVIIe siècle.

Historiquement, la fabrication d'au moins une ceinture de wampum à la mission même est documentée. En 1678, sous l'initiative du Père Bouvart, originaire de Chartres, les Hurons de Notre-Dame-de-Lorette offrent une ceinture de wampum à la Cathédrale de Chartres, en France, à titre d'exvoto à Notre-Dame-de-Chartres.

RÉFÉRENCES

BRADLEY, James W. « Re-Visiting Wampum and other 17th-Century Shell Games ». Archaeology of Eastern North America. Vol. 39 (2011), p. 25-51.
DALLAIRE-FORTIER, Coralie. Une étude technologique des ornements abénakis de la période de contact et de la période historique amérindienne retrouvés sur le site archéologique d’Odanak. Université de Montréal, 2016. 134 p.
GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019. 652 p.
GOBILLOT, René. « Les trois ex-voto canadiens de Chartres ». Revue d'histoire de l'Amérique française. Vol. 11, no 1 (1957), p. 42-46.
LAINEY, Jonathan C. La « monnaie des sauvages » : les colliers de wampum d'hier à aujourd'hui. Québec, Septentrion, 2004. 283 p.
TREYVAUD, Geneviève. « Récits de voyage des wampums W8banaki et Huron-Wendat. Tomodensitométrie et méthodes numériques 3D pour le patrimoine culturel des Premières Nations, GMPCA 2019 ». Introspect. Introspect [En ligne]. http://introspect.info/wp-content/uploads/2020/03/INRS_LCTScan_Wampum_GMPCA_compressed.pdf