Laboratoire d'archéologie du Québec
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Grain de chapelet. Vue à l'horizontaleImage
Photo : Émilie Deschênes 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Grain de chapelet. Vue du trou d'enfilageImage
Photo : Émilie Deschênes 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEu-11 > Opération 7 > Sous-opération N > Lot 6 > Numéro de catalogue 358

Contexte(s) archéologique(s)

Dépotoir

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le grain de chapelet a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec parce qu'il représente un objet de dévotion qui évoque la vocation religieuse du site de la mission Notre-Dame-de-Lorette.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le grain de chapelet est lié à un objet de dévotion, le chapelet, utilisé sur le site de la mission Notre-Dame-de-Lorette au XVIIe siècle. Fabriqué en ivoire, il est de forme ovoïde fortement biseautée aux deux extrémités, et il est décoré d'une rainure qui ceinture son centre. Entier, il mesure 0,66 cm de longueur et a un diamètre maximal de 0,74 cm. Un trou d'enfilage est foré dans le sens de la longueur de la perle et la surface de la perle est polie à l'exception de l'intérieur de la rainure centrale. Sur un côté, on retrouve deux petites surfaces planes situées en angle l'une par rapport à l'autre, traces qui témoignent du travail de façonnage de la perle.

Le grain de chapelet témoigne de la présence sur le site d'un objet de dévotion, un chapelet, qui accompagne des cycles de prières. On peut suivre l'ordre des prières individuelles en égrenant les grains du chapelet. L'utilisation du chapelet pour compter des prières est une pratique adoptée par des chrétiens en Europe depuis au moins le début du XVe siècle, et probablement bien plus ancienne, et c'est en 1495 qu'une bulle du Pape Alexandre VI a donné, pour la première fois, un statut officiel et sacré à l'utilisation du chapelet. Différentes versions du chapelet existent, mais les prières comportent habituellement entre un et trois cycles de cinq décades, c'est-à-dire dix prières de l'Ave Maria, entrecoupées par un Notre Père. Le chapelet est complété par une autre série de prières représentées par les éléments suspendus du chapelet sur l'attache, pouvant comporter une croix, un crucifix, une médaille ou d'autres objets, accompagnés de perles ou d'amulettes.

Les grains de chapelet peuvent être fabriqués dans des matériaux très variés, dont des graines, l'os, le bois, l'ivoire, le verre, la pierre, le jet, l'ambre, les pierres précieuses ou semi-précieuses, l'or, la nacre, le corail, le bois de santal et même l'ambre gris. La plupart du temps, surtout dans les contextes coloniaux français, les chapelets retrouvés sont faits avec des grains en os, parfois en ivoire. Ils sont la plupart du temps ronds, mais peuvent aussi être tubulaires et porter un décor annulaire incisé. Près d'une trentaine de grains de chapelet ont été mis au jour sur le site de la mission Notre-Dame-de-Lorette.

Ce grain de chapelet a été trouvé lors de fouilles réalisées sur le site du presbytère de L'Ancienne-Lorette en 2018. Il a été mis au jour dans une couche correspondant à un dépotoir qui s'est formé après l'abandon du deuxième presbytère de L'Ancienne-Lorette, vers la fin du XVIIIe siècle. Cette zone de rejet contenait aussi de nombreux autres artéfacts associés à l'occupation de la mission au XVIIe siècle. Il est maintenant conservé dans les locaux du Laboratoire et de la Réserve d'archéologie du Québec.

RÉFÉRENCES

DEAGAN, Kathleen. Artifacts of the Spanish Colonies of Florida and the Caribbean, 1500-1800. Volume 2: Portable Personal Possessions. Washington, D.C., Smithsonian Institution Press, 1987. 372 p.
GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019. 652 p.
STONE, Lyle M. Fort Michilimackinac, 1715-1781: An Archaeological Perspective on the Revolutionary Frontier. Anthropological Series, 2. s.l. Michigan State University Museum, East Lansing, 1974. 367 p.