Laboratoire d'archéologie du Québec
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Perle. Vue à l'horizontale, côté AImage
Photo : Émilie Deschênes 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Perle. Vue à l'horizontale, côté BImage
Photo : Émilie Deschênes 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Perle. Vue du trou d'enfilageImage
Photo : Émilie Deschênes 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEu-11 > Opération 7 > Sous-opération D > Lot 5 > Numéro de catalogue 156

Contexte(s) archéologique(s)

Cellier
Remblai

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Cette perle a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec en raison de la rareté de sa forme, de son décor et de sa couleur.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La perle de forme triangulaire est utilisée sur le site de la mission Notre-Dame-de-Lorette au XVIIe siècle. Entière, elle est de section triangulaire, de grande taille et composée de verre transparent de couleur jaune. Un motif de point en relief à l'intérieur d'un losange est poinçonné sur les trois côtés de la perle. Sa surface est partiellement couverte d'une patine blanchâtre. Une des extrémités de la perle a un aspect légèrement concave. Elle est de type WIIg1 et de couleur doré clair « Light Gold » selon le système de classification des perles de verre de Kidd et Kidd.

Pour fabriquer la perle de verre, un filet de verre visqueux obtenu à partir d'une canne de verre chauffée est enroulé autour d'un fil ou d'un mandrin métallique couvert de craie ou d'une autre matière qui empêche l'adhérence, lui-même chauffé, pour former une perle. Toujours dans un état visqueux, cette perle ronde préformée semble être estampée trois fois sur son pourtour à l'aide d'un poinçon à bout carré comportant un trou circulaire au centre, ce qui donne à la perle une forme triangulaire aux arêtes arrondies, dont chaque face est ornée d'un motif de losange en creux comportant en son centre un point circulaire en relief. Il est aussi possible que le décor ait été obtenu en moulant la perle. Par contre, deux des motifs décoratifs ont une apparence comprimée, résultant fort probablement de la pression latérale exercée par un poinçon lors d'impressions successives. Pour donner une finition plus douce, la perle a pu être polie par abrasion en l'agitant avec d'autres perles dans un sac rempli de son.

La perle de verre peut être utilisée comme parure personnelle, intégrée dans un collier ou un bracelet ou dans d'autres bijoux. Elle peut aussi servir à créer un motif décoratif cousu sur un objet ou un vêtement. Certaines perles de verre, surtout celles de forme ronde ou circulaire, servent aussi de grains de chapelet. Dans le contexte colonial français, les perles de verre tiennent une fonction importante comme monnaie d'échange dans la traite de fourrures ou comme cadeaux lors des négociations avec les groupes autochtones.

Les perles de type enroulé et de couleur jaune sont plutôt rares sur les sites archéologiques. Des perles jaunes en forme de grain de maïs sont, par exemple, connues de plusieurs sites iroquois datant du XVIe au XVIIIe siècle. D'autres exemples sont des perles en forme de framboise ou rondes, dont des exemplaires datant du XVIIe siècle ont été trouvés sur le site des Forts-et-Châteaux-Saint-Louis à Québec.

La perle de verre jaune triangulaire a été trouvée lors de fouilles réalisées sur le site du presbytère de L'Ancienne-Lorette en 2018. Elle provient de la cinquième et dernière couche de comblement d'une fosse située dans la cave du deuxième presbytère du site, construit vers 1700 sur l'emplacement de la mission huronne. Cette fosse aurait servi de cellier durant l'occupation du presbytère, avant d'être comblée par des couches successives de sols prélevés soit dans la cave elle-même, soit ailleurs. La couche de comblement dans laquelle cette perle a été trouvée contient une grande quantité d'objets associés à l'occupation de la mission huronne à la fin du XVIIe siècle, dont plus d'une centaine d'autres perles de verre. Malgré sa déposition au XVIIIe siècle, cette couche de remblai comporte des sols provenant de l'occupation de la mission huronne au XVIIe siècle. Cette dernière étape de comblement du cellier a été effectuée après 1723, datation établie sur la base d'une pièce de monnaie trouvée dans la couche de remblai précédente, un farthing émis sous le roi George Ier de Grande-Bretagne en 1723. La mise en place de cette couche daterait aussi d'avant la fin du régime français, vers 1760. Quatre autres perles identiques ont également été trouvées dans les couches de comblement de cette fosse. La perle est maintenant conservée dans les locaux du Laboratoire et de la Réserve d'archéologie du Québec.

RÉFÉRENCES

GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019. 652 p.
KARKLINS, Karlis. « Guide to the description and classification of glass beads found in the Americas ». BEADS: Journal of the Society of Bead Researchers. Vol. 24 (2012), p. 62-90.
KIDD, Martha Ann et Kenneth E. KIDD. « Classification des perles de verre à l'intention des archéologues sur le terrain ». RICK, John H. Travaux d'archéologie du Service des lieux historiques nationaux, 1962-1966. Lieux historiques canadiens : cahiers d'archéologie et d'histoire, 1. Ottawa, Direction des parcs nationaux et des lieux historiques, Ministère des affaires indiennes et du Nord, 1972, p. 47-92.