Laboratoire d'archéologie du Québec
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Perle. Vue à l'horizontaleImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Perle. Vue du trou d'enfilageImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEu-11 > Opération 7 > Sous-opération N > Lot 23 > Numéro de catalogue 367

Contexte(s) archéologique(s)

Village autochtone

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Cette perle, de type « cornaline d'Aleppo », a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec en raison de sa couleur rouge et de sa valeur potentiellement importante dans la traite des fourrures.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La perle est utilisée sur le site de la mission Notre-Dame-de-Lorette au XVIIe siècle. Cette perle, dite « Cornaline d'Aleppo » est entière. De forme ronde et de grande taille, elle est composée de deux couches de verre différentes superposées. La couche extérieure est de couleur rouge opaque dite « Redwood » et le coeur est de verre transparent de couleur vert pâle dite « Apple Green ». La perle a un diamètre de 0,67 cm et une hauteur de 0,65 cm. Sa surface est patinée. Cette perle est de type IVa5 selon la typologie élaborée par Kidd et Kidd en 1972 et fait partie de la catégorie de perles rouges à coeur de verre différent désignées « cornalines d'Aleppo ».

Pour fabriquer ce type de perle, une paraison (goutte) de verre chauffé et malléable, composée d'une première couche de verre transparent de couleur verte et d'une deuxième couche de verre opaque rouge, est soufflée à la bouche pour obtenir une bulle. Un pontil est fixé sur la bulle à l'extrémité opposée à la canne et deux travailleurs étirent la bulle de verre pour obtenir une longue tige de verre creuse ayant le diamètre désiré pour les perles. Une fois refroidie, la tige est découpée selon la longueur voulue pour les perles. Les trous des perles sont bouchés à l'aide d'un mélange de charbon et de sable et les perles sont réchauffées dans un contenant qui est agité pour obtenir un fini plus arrondi ou ovale. Ensuite, les perles sont nettoyées et polies grâce à l'effet d'abrasion produit en les brassant dans un sac rempli de son.

La perle de verre est un objet décoratif. Elle peut être utilisée comme parure personnelle, intégrée dans un collier ou un bracelet ou dans d'autres bijoux. Elle peut aussi servir à créer un motif décoratif cousu sur un objet ou un vêtement. Certaines perles de verre, surtout celles de forme ronde ou circulaire, servent aussi de grains de chapelet. Dans le contexte colonial français, les perles de verre tiennent une fonction importante comme monnaie d'échange dans la traite de fourrures et dans les négociations avec les groupes autochtones.

Cette perle a été trouvée lors de fouilles réalisées en 2018 sur le site du presbytère de L'Ancienne-Lorette. Elle a été mise au jour dans une couche d'occupation du site liée à la mission Notre-Dame-de-Lorette, datant donc de la période 1673 à 1697. Ce secteur de fouille a possiblement été occupé par une maison longue. Après les fouilles, la perle a fait l'objet d'une analyse spécialisée et a été intégrée dans la collection du Musée huron-wendat de Wendake.

Un nombre important de perles de couleur rouge, dont plusieurs perles de verre multicouches de type « cornaline d'Aleppo », ont été mises au jour sur le site de la mission Notre-Dame-de-Lorette. Plusieurs chercheurs notent une préférence apparente pour les perles de couleur rouge chez les peuples iroquoiens qui contraste avec l'intérêt observé pour les perles de verre blanches et bleues chez les groupes algonquiens,

Les cornalines d'Aleppo ont une longue histoire de présence sur les sites coloniaux, puisqu'elles apparaissent déjà dans la deuxième moitié du XVIe siècle sur les sites espagnols et continuent à y être associées jusqu'au XVIIIe siècle. En Ontario, elles apparaissent sur les sites iroquoiens dès 1620, tout comme les autres perles rouges, et dès 1600 sur les sites mohawks de l'Iroquoisie. Elles suivent la popularité des perles rouges en général jusque vers le troisième quart du XVIIe siècle. Elles sont aussi parmi les perles prédominantes des sites sénécas datés entre 1670 et 1687.

RÉFÉRENCES

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HERZOG, Anja et Jean-François MOREAU. « European Glass Trade Beads, Neutron Activation Analysis, and the Historical Implications of Dating Seasonal Basques Whaling Stations in the New World ». s.a. 34th International Symposium on Archaeometry : 3-7 May 2004, Zaragoza, Spain. Publication No 2.621. Zaragoza, Institución « Fernando el Católico » (C.S.I.C.), Excma. Diputación de Zaragoza, 2006, p. 495-502.
HERZOG, Anja. « Perles en verre ». GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019, p. 545-584.
KENYON, Ian T. et Thomas KENYON. « Comments on 17th Century Glass Trade Beads from Ontario ». HAYES III, C. F., dir. Proceedings of the 1982 Glass Trade Bead Conference. Research Records, 16. Rochester, Rochester Museum and Science Center, 1983, p. 59-74.
KIDD, Kenneth E. The excavation of Ste Marie I. Toronto, University of Toronto Press, 1949. 191 p.
KIDD, Martha Ann et Kenneth E. KIDD. « Classification des perles de verre à l'intention des archéologues sur le terrain ». RICK, John H. Travaux d'archéologie du Service des lieux historiques nationaux, 1962-1966. Lieux historiques canadiens : cahiers d'archéologie et d'histoire, 1. Ottawa, Direction des parcs nationaux et des lieux historiques, Ministère des affaires indiennes et du Nord, 1972, p. 47-92.
MOREAU, Jean-François. « Histoires de perles… d’avant Jean de Quen ». Saguenayensia. Vol. 35, no 2 (1993), p. 21-29.
MURRAY, Annie-Claude. L'Île aux Tourtes (1703-1704) et les perles de traite dans l'archipel montréalais. Université de Montréal, 2008. s.p.
RUMRILL, Donald A. « The Mohawk Glass Trade Bead Chronology: ca. 1560-1785 ». BEADS: Journal of the Society of Bead Researchers. Vol. 3 (1991), p. 5-45.
WRAY, Charles F. « Seneca Glass Trade Beads, c. A.D. 1550-1820 ». HAYES III, C. F., dir. Proceedings of the 1982 Glass Trade Bead Conference. Research Records, 16. Rochester, Rochester Museum and Science Center, 1983, p. 41-49.