Laboratoire d'archéologie du Québec
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Perle. Vue à l'horizontaleImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Perle. Vue du trou d'enfilageImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEu-11 > Opération 7 > Sous-opération D > Lot 13 > Numéro de catalogue 174

Contexte(s) archéologique(s)

Fosse

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Cette perle a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec parce qu'il s'agit de l'une des rares perles de forme ovale et de l'une des rares perles portant un décor de lignes colorées retrouvées sur le site de la mission Notre-Dame-de-Lorette.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La perle est utilisée sur le site de la mission Notre-Dame-de-Lorette au XVIIe siècle. De forme ovale et de grande taille, elle est en verre opaque et mat de couleur blanche. Elle est décorée de six stries longitudinales torsadées, dont trois lignes de verre opaque de couleur rouge orangé et trois lignes de verre bleu-vert transparent, disposées en alternance sur le pourtour de la perle. Entière, la perle mesure 1,29 cm de longueur et son diamètre maximal est de 0,75 cm en son centre.

Pour fabriquer la perle, une paraison (goutte) de verre chauffé et malléable est soufflée à la bouche pour créer une bulle. Afin d'obtenir un décor de lignes colorées torsadées sur la paroi extérieure des perles, des baguettes de verre de couleur sont placées à la verticale sur le pourtour interne d'un récipient dans lequel est soufflée la paraison de verre. Une fois que les baguettes adhèrent bien à la paraison, cette dernière est retirée du récipient et chauffée pour fusionner le verre. Un pontil est fixé sur la bulle à l'extrémité opposée à la canne et deux travailleurs étirent la bulle de verre pour obtenir une longue tige de verre creuse ayant le diamètre désiré pour les perles. Une fois refroidie, la tige de verre est découpée selon la longueur voulue des perles. Les trous des perles sont bouchés à l'aide d'un mélange de charbon et de sable et les perles sont réchauffées dans un contenant qui est agité pour obtenir un fini plus arrondi ou ovale. Ensuite, les perles sont nettoyées et polies grâce à l'effet d'abrasion produit en les brassant dans un sac rempli de son.

La perle de verre est un objet décoratif. Elle peut être utilisée comme parure personnelle, intégrée dans un collier ou un bracelet ou dans d'autres bijoux. Elle peut aussi servir à créer un motif décoratif cousu sur un objet ou un vêtement. Certaines perles de verre, surtout celles de forme ronde ou circulaire, servent aussi de grains de chapelet. Dans le contexte colonial français, les perles de verre tiennent une fonction importante comme monnaie d'échange dans la traite de fourrures avec les groupes autochtones.

Cette perle a été trouvée lors de fouilles réalisées en 2018 sur le site du presbytère de L'Ancienne-Lorette. Elle provient d'une fosse d'entreposage convertie en fosse à déchets, datant de l'occupation de la mission Notre-Dame-de-Lorette entre 1673 et 1697. Après les fouilles, la perle a fait l'objet d'une analyse spécialisée et a été intégrée dans la collection du Musée huron-wendat de Wendake.

Cette perle est une des rares perles ovales provenant du contexte de la mission du site, dont la vaste majorité, presque les deux tiers, était des perles circulaires. Deux autres perles à décor identique ou similaire ont été mises au jour sur le site. En général, les grandes perles ovales blanches, décorées ou non, sont présentes sur le site au cours du XVIIe siècle, mais en quantité limitée. Elles semblent prendre de l'importance au cours du XVIIIe siècle.

Une perle identique à celle-ci a été trouvée sur le site archéologique de l'Habitation-Samuel-de-Champlain dans un contexte contemporain à l'occupation de la mission huronne de L'Ancienne-Lorette. Des perles similaires de type IIb34 ont été trouvées sur de nombreux sites dont les datations s'étalent entre le premier quart du XVIIe siècle et le milieu du XVIIIe siècle. Ces perles sont aussi, retrouvées dans des contextes plus anciens de la sphère d'influence hollandaise et espagnole dans l'est de l'Amérique du Nord, sur des sites datant de la première moitié du XVIIe siècle. Cette perle pourrait donc avoir été fabriquée à Amsterdam, aux Pays-Bas.

RÉFÉRENCES

Cérane inc. L'occupation historique et préhistorique de la place Royale. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ministère des Affaires culturelles du Québec, 1989. s.p.
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GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019. 652 p.
HERZOG, Anja. « Perles en verre ». GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019, p. 545-584.
KARKLINS, Karlis. « Seventeenth Century Dutch Beads ». Historical Archaeology. Vol. 8 (1974), p. 62-84.
KIDD, Martha Ann et Kenneth E. KIDD. « Classification des perles de verre à l'intention des archéologues sur le terrain ». RICK, John H. Travaux d'archéologie du Service des lieux historiques nationaux, 1962-1966. Lieux historiques canadiens : cahiers d'archéologie et d'histoire, 1. Ottawa, Direction des parcs nationaux et des lieux historiques, Ministère des affaires indiennes et du Nord, 1972, p. 47-92.
RUMRILL, Donald A. « The Mohawk Glass Trade Bead Chronology: ca. 1560-1785 ». BEADS: Journal of the Society of Bead Researchers. Vol. 3 (1991), p. 5-45.
STONE, Lyle M. Fort Michilimackinac, 1715-1781: An Archaeological Perspective on the Revolutionary Frontier. Anthropological Series, 2. s.l. Michigan State University Museum, East Lansing, 1974. 367 p.