Laboratoire d'archéologie du Québec
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PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

EiBh-34 > Numéro de catalogue .14

Contexte(s) archéologique(s)

Domestique

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

L'aiguille a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle est représentative de l'occupation de la région de la Côte-Nord au XVIIIe siècle ou au XIXe siècle.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

L'aiguille est fabriquée au XVIIIe ou au XIX siècle. Elle est découpée dans un os, puis percée d'un chas et polie. Elle se compose d'une tête arrondie, d'une tige de section plate et d'une pointe. Cet outil est utilisé pour coudre des matériaux souples tels que le tissu. Essentielle aux travaux quotidiens, cette aiguille aurait également pu servir à réparer les voiles, tisser des filets de pêche ou encore tresser des raquettes. Elle pourrait être autant de fabrication européenne qu'autochtone.

L'aiguille est mise au jour entre 1968 et 1975 sur le site de la concession de Brador, située sur la rive est de la baie du même nom dans la municipalité de Blanc-Sablon. Ce site possède un passé riche et complexe, ayant vu se côtoyer ou se succéder des groupes de pêcheurs et exploitants bretons, normands, basques, espagnols et eurocanadiens dont les activités étaient centrées sur la chasse au loup marin (phoque) et à la baleine, la pêche au saumon et la traite. L'origine de ce site remonte à la concession foncière d'Augustin Legardeur de Courtemanche (1663-1717), qui lui est accordée au début du XVIIIe siècle. En 1722, elle couvre un territoire ayant une superficie de 36 lieux, s'étendant de la baie du Vieux Fort à L'Anse-au-Clair. Courtemanche y fait construire le fort Pontchartrain vers 1704, puis au gré des ajouts de bâtiments et de l'intensification des activités de chasse, de pêche et de traite, la concession prend l'allure d'une colonie permanente où peuvent vivre en saison forte jusqu'à une centaine de personnes. À sa mort, l'établissement est transmis à son héritier François Martel de Brouague (1692-1761). En 1740, le site est constitué d'une dizaine de bâtiments.

Localisé vers 1963, ce site a fait l'objet d'un nombre important de campagnes archéologiques. René Lévesque (1922-1987) y effectue des travaux de 1968 à 1972, puis en 1974 et 1975. La collection issue de ces fouilles, composée de milliers d'objets, s'avère d'une diversité et d'une richesse exceptionnelles et témoigne de nombreuses sphères de la vie sociale et économique de l'époque. Une seconde phase de travaux archéologiques est effectuée de 1980 à 1983, puis en 1991, permettant d'associer la première occupation des lieux au régime français (1608-1759) et d'en identifier deux autres. La seconde période d'occupation semble avoir été moins importante, et la troisième se caractérise par la construction d'un bâtiment, possiblement une forge, par un certain Samuel Hobbs entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle.

La collection est déposée au Musée régional de la Côte-Nord à Sept-Îles. Le potentiel archéologique de la concession de Brador est encore immense et la poursuite de la fouille du bâtiment principal, le repérage et l'excavation des autres structures et puis l'analyse du matériel découvert restent encore à faire.

RÉFÉRENCES

LAMONTAGNE, M. et Françoise NIELLON. Recherche archéologique sur la Basse-Côte-Nord, la fouille de 1982 aux postes de Brador et de l'île à Bois (île au Bois). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Municipalité de Côte-Nord-du-Golfe-Saint-Laurent, 1982. 119 p.
NIELLON, Françoise. La collection archéologique du poste de Brador (EiBh-34) au Musée de Sept-Îles, catalogue des artefacts. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ministère des Affaires culturelles du Québec, 1984. s.p.