Laboratoire d'archéologie du Québec
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Mandibule de morse. Vue généraleImage
Photo : Sébastien Martel 0, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Mandibule de morse. Face AImage
Photo : Sébastien Martel 0, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Mandibule de morse. Face BImage
Photo : Sébastien Martel 0, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

EcBv-2 > Opération 2A > Numéro de catalogue INQ2A-1

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La mandibule de morse a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle est représentative de l'occupation de la Côte-Nord au milieu du XVIIIe siècle.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La mandibule de morse, soit la moitié inférieure de la mâchoire, est associée à une occupation datant du milieu du XVIIIe siècle. Provenant du crâne d'un mammifère marin, la mandibule, qui est incomplète puisqu'il en manque la branche droite, comporte huit alvéoles dentaires.

Cet ossement est probablement lié à l'alimentation et possiblement au commerce des produits de la chasse. La capture du morse, relativement simple, n'implique aucun dispositif et ne nécessite que de longues et fortes perches.

La mandibule de morse est mise au jour en 1973 sur le site archéologique du Poste-de-Nétagamiou, ancien poste de traite et de pêche situé sur la Basse-Côte-Nord. Ce poste est une concession accordée au sieur Jacques de Lafontaine de Belcour en 1733 et ratifiée en 1736. Une carte ancienne anonyme montre les bâtiments du poste, incluant les habitations du maître et des engagés, un magasin, un hangar, des installations pour fondre l'huile de phoque, ainsi que l'endroit où les filets pour capturer les phoques étaient fixés sur des îlots rocheux. La baie de Nantagamiou et l'embouchure de la rivière Itamamiou présentent une configuration particulièrement propice pour cette pêche, puisque des îles y créent un corridor naturel par lequel les phoques sont forcés de se diriger, les menant éventuellement vers des enclos de filets arrimés au rivage. La concession de Lafontaine est renouvelée en 1745 et malgré la prospérité de cette entreprise, où pas moins d'un millier de phoques sont capturés et traités sur place chaque année ainsi qu'une quantité appréciable de pelleteries (martres, renards, loutres et castors) et de duvet, il accumule des dettes qui le mènent à la faillite en 1754. Il doit alors céder à ses créanciers ses possessions en Basse-Côte-Nord. Le poste de Nantagamiou passe alors aux mains de nouveaux propriétaires qui poursuivent la vocation économique du lieu jusque dans les années 1770, puis avec un rendement moindre jusqu'à la fin du XIXe siècle. Les lieux sont pratiquement abandonnés au XXe siècle.

Une première intervention archéologique effectuée en 1973 a révélé les vestiges d'une occupation datant de la première moitié du XIXe siècle, de même que des artéfacts associés exclusivement au milieu du XVIIIe siècle. Classé en 1974, ce site en partie localisé et exploré a été inspecté une dernière fois en 1983. Le matériel provenant du site constitue une des rares collections qui témoignent des activités d'exploitation du loup marin durant le régime français. La présence de la mandibule de morse sur ce site ne permet toutefois pas de savoir s'il s'agit d'une capture planifiée ou opportuniste.

RÉFÉRENCES

GAUMOND, Michel. Site archéologique de Nantagamiou, Basse Côte-Nord du St-Laurent. EcBv-2. s.l. Ministère des Affaires culturelles, 1974. 7 p.
NIELLON, Françoise. « Poste de pêche et de traite de Nantagamiou ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome I. Québec, Les Publications du Québec, 1990, p. 488.