Laboratoire d'archéologie du Québec
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Broc. Côté AImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Broc. Côté BImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Broc. Côté CImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Broc. Côté DImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Broc. DessusImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BjFj-4 > Opération 32 > Sous-opération K > Lot 19 > Numéro de catalogue 1242

Contexte(s) archéologique(s)

Incendie
Institutionnel
Parlement

Région administrative

Montréal

MRC

Montréal

Municipalité

Montréal

Fonction du site

domestique
commerciale
technologique
institutionnelle

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le broc a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il fait partie d'un ensemble d'objets liés à l'hygiène personnelle retrouvés sur le site archéologique du Marché-Sainte-Anne-et-du-Parlement-du-Canada-Uni dans un contexte archéologique daté entre 1844 et 1849. Il a également été choisi parce que son ornementation est représentative d'un type décoratif du XIXe siècle.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le broc en terre cuite fine blanche est probablement fabriqué dans le comté de Staffordshire en Angleterre entre 1840 et 1849, d'après le contexte de sa découverte ainsi que le décor ornant le récipient. De type « sheet pattern », ce décor imitant des marbrures bleues est populaire de 1823 à 1842, mais continue d'être produit au-delà. Le broc est un récipient servant à transporter et à conserver l'eau pour la toilette et les soins du corps. Il est généralement accompagné d'une cuvette pour y verser l'eau.

Le broc est mis au jour en 2017 sur le site archéologique du Marché-Sainte-Anne-et-du-Parlement-du-Canada-Uni, situé à Montréal. Afin d'apaiser les tensions causées par la révolte des Patriotes de 1837-1838, Lord Durham (1792-1840), gouverneur général de l'Amérique du Nord britannique et commissaire enquêteur, propose l'union du Haut et du Bas-Canada. L'acte d'union est adopté en juillet 1840, et Kingston est désignée première capitale de la province du Canada. Dès 1843, cette fonction est déménagée à Montréal, étant une métropole commerciale bilingue et géographiquement bien placée entre les deux provinces. Le Parlement est alors installé dans le marché Sainte-Anne, construit en 1834 et le plus moderne et l'un des plus prestigieux bâtiments montréalais. Ce dernier est rénové dès mars 1844, puis le Parlement accueille les premiers débats peu après. Débattues depuis février 1849, les mesures devant dédommager les victimes de l'armée pendant les rébellions ravivent les tensions. Accueillie le 25 avril 1849, la Loi sur l'indemnisation éveille la fureur de la population et une large foule vient manifester autour du Parlement le soir même, incendiant le bâtiment et bloquant l'accès aux pompiers. Les ruines du Parlement, qui s'est écroulé sous les flammes, sont ensevelies, et le siège est déménagé à Toronto.

L'objet a été retrouvé dans les décombres de l'aile sud-est. Cette partie du bâtiment comprenait des appartements au sous-sol, tandis que le rez-de-chaussée accueillait de nombreux bureaux. Au premier étage se trouvaient la Chambre du Conseil législatif, les bureaux du président et du greffier (garde-robe) ainsi que la bibliothèque du Conseil législatif. Le broc fait partie d'un ensemble comportant le couvercle d'un pot de chambre, une boîte à savon, une cuvette et un potentiel sous-plat. Le broc a été restauré en 2019 à Pointe-à-Callière, cité d'archéologie et d'histoire de Montréal.

Cet objet s'ajoute à un corpus important d'artéfacts liés à l'hygiène qui a été mis au jour dans les contextes du Parlement. En plus d'installations modernes de « water-closets », plusieurs ensembles de toilette comportant des boîtes à savon, des brosses à dents, des brocs et des cuvettes ont été d'usage sur le site entre 1844 et 1849. Ils viennent illustrer une activité surprenante pour un lieu de travail, mais bien documentée lors des fouilles archéologiques. Il apparait donc que les parlementaires et fonctionnaires tenaient à maintenir une bonne hygiène personnelle sur leur lieu de travail. Un simple rasage ou la possibilité de se rafraichir devait procurer un confort bienvenu après de longues périodes de débat parlementaire, qui duraient parfois la nuit entière.

RÉFÉRENCES

Ethnoscop inc. Fouilles, sondages et surveillance archéologique sur la Place d'Youville Ouest, site du Marché-Sainte-Anne-et-du-Parlement-du-Canada-Uni (BjFj-4). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Pointe-à-Callière/MCCQ/Ville de Montréal, 2018. 78 p.
Ethnoscop inc. Le site archéologique du Marché-Sainte-Anne-et-du Parlement du Canada-Uni. Synthèse. Rapport de recherche archéologique [document inédit], 2019. s.p.