Laboratoire d'archéologie du Québec
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Tête de brosse à dents. Côté AImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Tête de brosse à dents. Côté BImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BjFj-4 > Opération 20 > Sous-opération B > Lot 15 > Numéro de catalogue 250

Contexte(s) archéologique(s)

Incendie
Institutionnel
Parlement

Région administrative

Montréal

MRC

Montréal

Municipalité

Montréal

Fonction du site

domestique
commerciale
technologique
institutionnelle

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La tête de brosse à dents a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle a été retrouvée sur le site archéologique du Marché-Sainte-Anne-et-du-Parlement-du-Canada-Uni dans un contexte daté entre 1844 et 1849.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La tête de brosse à dents est fabriquée en os avant 1849 d'après le contexte de sa découverte. Vers 1840, les brosses à dents sont fabriquées en France, en Allemagne, au Japon et en Angleterre. Elles sont alors façonnées dans un ilion ou un fémur de bœuf. Ce matériau peu coûteux a l'avantage de résister aux constantes expositions à l'humidité. Des trous sont percés dans la tête sans perforer le dos, puis des tunnels reliant ces trous sont creusés dans l'épaisseur de la tête, une technique connue sous le nom de « trépanation ». Les trous des tunnels sont ensuite soigneusement bouchés, puis la brosse à dents est blanchie et polie. Finalement, des soies de sanglier sont passées dans les trous à l'aide d'un fil et d'un crochet, une opération appelée « tirage ». Elles sont ici manquantes.

La brosse à dents est un objet lié à l'hygiène personnelle et sert à nettoyer les dents. L'utilisation de la brosse à dents demeure marginale, considérée comme un accessoire de luxe, jusqu'à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Elle est généralisée par la suite, suivant les découvertes scientifiques de Louis Pasteur. En 1849, la tête de brosse à dents est exposée à une source de chaleur intense causant le blanchissement de l'os et la déformation de la tête.

La tête de brosse à dents est mise au jour en 2011 sur le site archéologique du Marché-Sainte-Anne-et-du-Parlement-du-Canada-Uni, situé à Montréal. Afin d'apaiser les tensions causées par la révolte des Patriotes de 1837-1838, Lord Durham (1792-1840), gouverneur général de l'Amérique du Nord britannique et commissaire enquêteur, propose l'union du Haut et du Bas-Canada. L'acte d'union est adopté en juillet 1840, et Kingston est désignée première capitale de la province du Canada. Dès 1843, cette fonction est déménagée à Montréal, étant une métropole commerciale bilingue et géographiquement bien placée entre les deux provinces. Le Parlement est alors installé dans le marché Sainte-Anne, construit en 1834 et le plus moderne et l'un des plus prestigieux bâtiments montréalais. Ce dernier est rénové dès mars 1844, puis le Parlement accueille les premiers débats peu après. Débattues depuis février 1849, les mesures devant dédommager les victimes de l'armée pendant les rébellions ravivent les tensions. Accueillie le 25 avril 1849, la Loi sur l'indemnisation éveille la fureur de la population et une large foule vient manifester autour du Parlement le soir même, incendiant le bâtiment et bloquant l'accès aux pompiers. Les ruines du Parlement, qui s'est écroulé sous les flammes, sont ensevelies, et le siège est déménagé à Toronto.

Elle a été retrouvée dans les décombres du corps central sud du Parlement. Au rez-de-chaussée de cette partie du bâtiment se trouvait un grand hall d'entrée, tandis que des buvettes et le bureau du sergent d'armes étaient au premier étage. Le deuxième étage était occupé par la bibliothèque de l'Assemblée législative. Deux autres fragments de brosses à dents ont également été retrouvés sur ce site, sans oublier de nombreuses boîtes à brosses à dents.

Cet objet s'ajoute à un corpus important d'artéfacts liés à l'hygiène qui a été mis au jour dans les contextes du Parlement. En plus d'installations modernes de « water-closets », plusieurs ensembles de toilette comportant des boîtes à savon, des brosses à dents, des brocs et des cuvettes ont été d'usage sur le site entre 1844 et 1849. Ils viennent illustrer une activité surprenante pour un lieu de travail, mais bien documentée lors des fouilles archéologiques. Il apparait donc que les parlementaires et les fonctionnaires tenaient à maintenir une bonne hygiène personnelle sur leur lieu de travail. Un simple rasage ou la possibilité de se rafraichir devait procurer un confort bienvenu après de longues périodes de débat parlementaire, qui duraient parfois la nuit entière.

RÉFÉRENCES

Ethnoscop inc. Le site archéologique du Marché-Sainte-Anne-et-du Parlement du Canada-Uni. Synthèse. Rapport de recherche archéologique [document inédit], 2019. s.p.
Ethnoscop inc. Marché Sainte-Anne/Parlement du Canada-Uni, Montréal (BjFj-4). Fouilles archéologiques, 2011. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Quartier international/Pointe-à-Callière/Ville de Montréal/MCCCF, 2012. 90 p.
MATTICK, Barbara E. A guide to bone toothbrushes of the 19th and early 20th centuries. Bloomington, Xlibris, 2010. 82 p.