Laboratoire d'archéologie du Québec
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PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

16G > Opération 8 > Sous-opération P > Lot 5 > Numéro de catalogue 1Q
BiFh-10 > Opération 8 > Sous-opération P > Lot 5 > Numéro de catalogue 1Q

Contexte(s) archéologique(s)

Fort
Incendie

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le fragment de coquetier a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il représente l'alimentation des militaires dans les postes frontaliers ainsi qu'un certain raffinement à la table des officiers.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le fragment de coquetier est fabriqué en France à la fin du XVIIe ou au début du XVIIIe siècle. L'objet en faïence colorée de couleur verte comprend une partie de la paroi et l'amorce du pied. L'émail est écaillé et manquant sur une large partie du fragment.

Le coquetier est un petit récipient sur pied à l'intérieur duquel un œuf, généralement cuit dur, est disposé à la verticale avant d'être servi. Les faïences à fond coloré vert, tel celui-ci, sont populaires dans les productions françaises entre 1595 et 1725.

Le fragment de coquetier est mis au jour entre 1976 et 1978 sur le site du Fort-Chambly, situé sur la rive ouest de la rivière Richelieu au pied des rapides de Chambly, dans la municipalité du même nom. Au tout début de la colonie de Ville-Marie, les guerres franco-iroquoises (1643-1667 et 1684-1701) font rage et plusieurs établissements français sont attaqués. Afin de sécuriser la région montréalaise, les autorités françaises envoient dans la colonie le régiment de Carignan-Salières en 1665. Dès lors, ces militaires entreprennent la construction de cinq postes le long de la rivière Richelieu, correspondant aux forts de Sorel, Saint-Jean, Saint-Louis (Chambly), Sainte-Thérèse et Sainte-Anne. La rivière constitue alors une voie d'accès naturelle et efficace en provenance des colonies anglaises et de la région d'Albany. À l'issue de la signature de paix conclue à Trois-Rivières en 1667, la limite méridionale de la frontière est réduite à Chambly et les postes les plus au sud sont abandonnés. À la reprise des hostilités, d'importants travaux sont entrepris à Chambly et un nouveau fort y est construit. Après quelques réparations réalisées en 1693, le fort est incendié en 1702. Il est immédiatement rebâti en bois, mais devant les rumeurs persistantes d'une attaque anglaise, le fort est entièrement reconstruit en pierre. L'importance stratégique de ce poste ne se démentit pas tout au long du Régime français et le fort Chambly a chaque fois joué un rôle clé lors des divers conflits. En temps de paix, une garnison demeure tout de même au fort afin d'y assurer un contrôle du commerce illicite sur la rivière Richelieu.

Le coquetier a été retrouvé dans une couche d'incendie, probablement celui qui a détruit le second fort en bois de Chambly en 1702. La découverte de cet objet témoigne d'un certain raffinement à la table des militaires stationnés dans les postes frontaliers. Il est peu probable que les soldats aient pris la peine de manger leurs oeufs dans de tels coquetiers, car ces derniers étaient souvent réunis autour d'un même plat. Ce sont plutôt les officiers qui avaient le luxe de s'attabler et de voir leurs repas servis dans de beaux couverts variés.

RÉFÉRENCES

CHARTRAND, René. Le patrimoine militaire canadien : d'hier à aujourd'hui. Tome 1 : 1000-1754. Montréal, Art Global, 1993. 239 p.
FRANÇOIS, Miville-Deschênes. Quand ils ne faisaient pas la guerre ou l’aspect domestique de la vie militaire au fort Chambly pendant le régime français d’après les objets archéologiques. Ottawa, Lieux et parcs historiques nationaux, Environnement Canada-Parcs, 1987. 113 p.
MÉTREAU, Laetitia, dir. Identifier la céramique au Québec. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 41. Québec, CÉLAT, 2016. s.p.