Laboratoire d'archéologie du Québec
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PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

16G > Opération 8 > Sous-opération A > Lot 32
BiFh-10 > Opération 8 > Sous-opération A > Lot 32

Contexte(s) archéologique(s)

Fort
Latrines

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le fragment de pot à beurre a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il témoigne de l'entreposage des denrées alimentaires dans les forts militaires. Il a aussi été choisi parce qu'il s'agit de l'un des rares objets liés à l'entreposage retrouvés dans un contexte militaire dont la forme permet d'en identifier la fonction de manière spécifique.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le fragment de pot à beurre appartient à un contenant fabriqué en France, possiblement lors de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Trop gros pour être placé à la table, ce récipient en terre cuite commune grossière contenait une grande quantité de beurre et devait être conservé dans une glacière. Une fois vidé, il a pu être réutilisé pour entreposer d'autres types de denrées.

Le fragment de pot à beurre est mis au jour entre 1976 et 1978 sur le site du Fort-Chambly, situé sur la rive ouest de la rivière Richelieu au pied des rapides de Chambly, dans la municipalité du même nom. Au tout début de la colonie de Ville-Marie, les guerres franco-iroquoises (1643-1667 et 1684-1701) font rage et plusieurs établissements français sont attaqués. Afin de sécuriser la région montréalaise, les autorités françaises envoient dans la colonie le régiment de Carignan-Salières en 1665. Dès lors, ces militaires entreprennent la construction de cinq postes le long de la rivière Richelieu, correspondant aux forts de Sorel, Saint-Jean, Saint-Louis (Chambly), Sainte-Thérèse et Sainte-Anne. La rivière constitue alors une voie d'accès naturelle et efficace en provenance des colonies anglaises et de la région d'Albany. À l'issue de la signature de paix conclue à Trois-Rivières en 1667, la limite méridionale de la frontière est réduite à Chambly et les postes les plus au sud sont abandonnés. À la reprise des hostilités, d'importants travaux sont entrepris à Chambly et un nouveau fort y est construit. Après quelques réparations réalisées en 1693, le fort est incendié en 1702. Il est immédiatement rebâti en bois, mais devant les rumeurs persistantes d'une attaque anglaise, le fort est entièrement reconstruit en pierre. L'importance stratégique de ce poste ne se démentit pas tout au long du Régime français et le fort Chambly a chaque fois joué un rôle clé lors des divers conflits. En temps de paix, une garnison demeure tout de même au fort afin d'y assurer un contrôle du commerce illicite sur la rivière Richelieu.

L'objet a été découvert dans les latrines du fort. La fouille de ces latrines a livré plusieurs objets de fabrication française et britannique à l'intérieur de contextes mélangés, mêlant des objets du Régime britannique (1760-1867) à des objets plus anciens. La plupart des objets liés à l'entreposage mis au jour dans les postes militaires frontaliers sont plutôt à usages multiples ou indéterminés, ou encore concernent surtout la conservation de l'alcool. Ce fragment de pot à beurre est l'un des rares objets retrouvés dans un tel contexte ayant une fonction plutôt spécifique.

Le fragment de pot à beurre est actuellement exposé au musée du fort Chambly.

RÉFÉRENCES

BRASSARD, Michel et Myriam LECLERC. Identifier la céramique et le verre anciens au Québec : guide à l'usage des amateurs et des professionnels. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 12. Sainte-Foy, CÉLAT, 2001. 207 p.
FRANÇOIS, Miville-Deschênes. Quand ils ne faisaient pas la guerre ou l’aspect domestique de la vie militaire au fort Chambly pendant le régime français d’après les objets archéologiques. Ottawa, Lieux et parcs historiques nationaux, Environnement Canada-Parcs, 1987. 113 p.
MÉTREAU, Laetitia, dir. Identifier la céramique au Québec. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 41. Québec, CÉLAT, 2016. s.p.