Laboratoire d'archéologie du Québec
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PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

16G > Opération 8 > Sous-opération A > Lot 32 > Numéro de catalogue 14Q
BiFh-10 > Opération 8 > Sous-opération A > Lot 32 > Numéro de catalogue 14Q

Contexte(s) archéologique(s)

Fort
Latrines

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La chocolatière ou cafetière a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle représente un objet dont la fonction culinaire identifiable et précise représente l'alimentation des militaires en garnison dans les postes frontaliers.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La cafetière ou chocolatière est fabriquée en France au XVIIIe siècle. Ce récipient est en terre cuite commune grossière et est recouvert d'une glaçure. Il présente un corps pansu, une poignée tubulaire, un bec verseur et un couvercle fermé.

La cafetière ou chocolatière est un récipient utilisé pour le service et la consommation des boissons chaudes. Le récipient était rempli d'eau et chauffé, puis du chocolat y était ajouté et fondu en utilisant un moussoir. Certaines chocolatières ont des couvercles percés permettant de passer ce petit bâton à mélanger. Ce type de pot pouvait aussi être utilisé pour faire du café. Puisque le couvercle de ce récipient est complètement fermé, sa fonction demeure incertaine. Il est possible qu'il ait servi à faire chauffer plusieurs types de boissons. La présence de traces de brûlures sur la panse et le pied de ce récipient, altérant la couleur de la glaçure, témoigne d'ailleurs de son utilisation fréquente. Les chocolatières en céramique sont moins pratiques que leurs homologues en métal, puisqu'elles conservent l'ébullition plus longtemps, faisant ainsi perdre du goût au breuvage. De plus, les chocolatières bombées, comme celle-ci, n'étaient pas les plus populaires. En effet, celles qui étaient en forme de cône tronqué étaient plus efficaces.

La cafetière ou chocolatière est mise au jour entre 1976 et 1978 sur le site du Fort-Chambly, situé sur la rive ouest de la rivière Richelieu au pied des rapides de Chambly, dans la municipalité du même nom. Au tout début de la colonie de Ville-Marie, les guerres franco-iroquoises (1643-1667 et 1684-1701) font rage et plusieurs établissements français sont attaqués. Afin de sécuriser la région montréalaise, les autorités françaises envoient dans la colonie le régiment de Carignan-Salières en 1665. Dès lors, ces militaires entreprennent la construction de cinq postes le long de la rivière Richelieu, correspondant aux forts de Sorel, Saint-Jean, Saint-Louis (Chambly), Sainte-Thérèse et Sainte-Anne. La rivière constitue alors une voie d'accès naturelle et efficace en provenance des colonies anglaises et de la région d'Albany. À l'issue de la signature de paix conclue à Trois-Rivières en 1667, la limite méridionale de la frontière est réduite à Chambly et les postes les plus au sud sont abandonnés. À la reprise des hostilités, d'importants travaux sont entrepris à Chambly et un nouveau fort y est construit. Après quelques réparations réalisées en 1693, le fort est incendié en 1702. Il est immédiatement rebâti en bois, mais devant les rumeurs persistantes d'une attaque anglaise, le fort est entièrement reconstruit en pierre. L'importance stratégique de ce poste ne se démentit pas tout au long du Régime français et le fort Chambly a chaque fois joué un rôle clé lors des divers conflits. En temps de paix, une garnison demeure tout de même au fort afin d'y assurer un contrôle du commerce illicite sur la rivière Richelieu.

L'objet a été découvert dans les latrines du fort Chambly. La fouille de ces latrines a livré plusieurs objets de fabrication française et britannique à l'intérieur de contextes mélangés, mêlant des objets du Régime britannique (1760-1867) à des objets plus anciens. La chocolatière ou cafetière est actuellement exposée au musée du fort Chambly.

RÉFÉRENCES

FRANÇOIS, Miville-Deschênes. Quand ils ne faisaient pas la guerre ou l’aspect domestique de la vie militaire au fort Chambly pendant le régime français d’après les objets archéologiques. Ottawa, Lieux et parcs historiques nationaux, Environnement Canada-Parcs, 1987. 113 p.
POTHIER, Louise, dir. Fragments d'humanité : Pièces de collections. Archéologie du Québec. Montréal, Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal/Éditions de l'Homme, 2016. 151 p.