Laboratoire d'archéologie du Québec
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PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

16G > Opération 8 > Sous-opération A > Lot 36 > Numéro de catalogue 14Q
BiFh-10 > Opération 8 > Sous-opération A > Lot 36 > Numéro de catalogue 14Q

Contexte(s) archéologique(s)

Fort
Latrines

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le fragment de couvercle a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il témoigne d'un certain raffinement dans l'alimentation des officiers des postes militaires frontaliers.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le fragment de couvercle est fabriqué en France lors de la seconde moitié du XVIIIe siècle. L'objet en faïence à fond brun correspond au rebord du couvercle, qui était en forme de dôme. Les deux collerettes horizontales et verticales sont visibles. La paroi extérieure du fragment est recouverte d'une glaçure brune, alors que la paroi intérieure est recouverte d'un émail blanc.

Le fragment appartiendrait au couvercle d'une huguenote, aussi appelée plat à pâté. Cet objet reflète les changements survenus dans les habitudes alimentaires au cours du XVIIe siècle. Les nobles et les bourgeois se tournent alors vers la « haute cuisine », consommant davantage de plats à cuisson lente. Contrairement aux marmites qui sont principalement utilisées à cette époque pour ce type de cuisson, les plats de cuisson en faïence brune ont l'avantage d'être décoratifs : ils sont transportés directement du feu à la table. Puisque les simples soldats mangent des plats mijotés dans des marmites de fonte ou de terre cuite commune, ce couvercle de plat à pâté témoignerait davantage des habitudes à la table des officiers du fort.

Le fragment de couvercle est mis au jour entre 1976 et 1978 sur le site du Fort-Chambly, situé sur la rive ouest de la rivière Richelieu au pied des rapides de Chambly, dans la municipalité du même nom. Au tout début de la colonie de Ville-Marie, les guerres franco-iroquoises (1643-1667 et 1684-1701) font rage et plusieurs établissements français sont attaqués. Afin de sécuriser la région montréalaise, les autorités françaises envoient dans la colonie le régiment de Carignan-Salières en 1665. Dès lors, ces militaires entreprennent la construction de cinq postes le long de la rivière Richelieu, correspondant aux forts de Sorel, Saint-Jean, Saint-Louis (Chambly), Sainte-Thérèse et Sainte-Anne. La rivière constitue alors une voie d'accès naturelle et efficace en provenance des colonies anglaises et de la région d'Albany. À l'issue de la signature de paix conclue à Trois-Rivières en 1667, la limite méridionale de la frontière est réduite à Chambly et les postes les plus au sud sont abandonnés. À la reprise des hostilités, d'importants travaux sont entrepris à Chambly et un nouveau fort y est construit. Après quelques réparations réalisées en 1693, le fort est incendié en 1702. Il est immédiatement rebâti en bois, mais devant les rumeurs persistantes d'une attaque anglaise, le fort est entièrement reconstruit en pierre. L'importance stratégique de ce poste ne se démentit pas tout au long du Régime français et le fort Chambly a chaque fois joué un rôle clé lors des divers conflits. En temps de paix, une garnison demeure tout de même au fort afin d'y assurer un contrôle du commerce illicite sur la rivière Richelieu.

L'objet a été découvert dans les latrines du fort. La fouille de ces latrines a livré plusieurs objets de fabrication française et britannique à l'intérieur de contextes mélangés.

RÉFÉRENCES

FRANÇOIS, Miville-Deschênes. Quand ils ne faisaient pas la guerre ou l’aspect domestique de la vie militaire au fort Chambly pendant le régime français d’après les objets archéologiques. Ottawa, Lieux et parcs historiques nationaux, Environnement Canada-Parcs, 1987. 113 p.
GENÊT, Nicole. La faïence de Place-Royale. Collection Patrimoines, série Dossiers, 45. Sainte-Foy, Québec, Publications du Québec, 1996. 315 p.