Laboratoire d'archéologie du Québec
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Cloutière. Côté AImage
Photo : Chanelle Fabbri, Kory Saganash 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Cloutière. Côté BImage
Photo : Chanelle Fabbri, Kory Saganash 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

ElFn-1 > Opération 54 > Sous-opération C > Lot 2 > Numéro de catalogue 9

Contexte(s) archéologique(s)

Habitation, maison

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La cloutière a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle est représentative des outils dont disposaient les forgerons dans les postes de traite. De plus, elle représente un exemple usuel d'une catégorie d'outil courant des forgerons traditionnels et présente l'une des variations possibles de ce type d'objet en fonction du geste de l'artisan.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Cette cloutière en fer forgé serait fabriquée au Québec vers la fin du XVIIIe siècle ou au début du siècle suivant. Il semble plausible que la pièce soit forgée à la main à partir d'une barre de fer ou de retailles recyclées, potentiellement meulée pour former la pièce finale, et perforée probablement à l'aide de poinçons. L'outil est plat et se compose d'un manche longiligne à bout plat se rétrécissant vers un losange tronqué. Deux perforations sont visibles sur la pièce. Les deux sont de forme carrée avec l'une plus grosse que l'autre.

La cloutière est un outil spécifiquement utilisé pour former les têtes des clous forgés à partir de pièces de métal plus longues. Les cloutières présentent généralement une partie plane percée de trous de différentes grandeurs où les têtes de clous sont formées et une autre permettant la manipulation ou la stabilité de l'outil. Il s'agit d'un objet courant utilisé par les forgerons traditionnels. Ainsi, les cloutières, dont les formes varient, sont généralement forgées par les artisans eux-mêmes pour répondre à leurs propres besoins et gestes. Un même forgeron en possède souvent plusieurs qui présentent certaines variations; elles sont fixées sur un socle ou directement sur l'enclume. Le forgeron débute par la formation du corps du clou avec la création d'une pointe suivi d'une tige. Il coupe ensuite cette tige avec une tranche en prenant soin de laisser du métal au bout pour former la tête. Elle est chauffée et insérée dans la cloutière, puis la tête est formée par martelage sur la surface plane de l'outil. Des traces de percussion sont d'ailleurs visibles autour de chaque ouverture aux extrémités de la pièce, témoignant de son utilisation.

Cette cloutière est mise au jour en 2006 le long du mur nord de l'habitation du poste de traite de Neoskweskau, situé sur les rives du lac de la Marée dans la municipalité d'Eeyou Istchee Baie-James. Ce poste de traite, établi en 1793 et abandonné en 1822, était stratégiquement situé dans le bassin hydrographique de la rivière Eastmain. Il s'agit du tout premier poste érigé par la Compagnie de la Baie d'Hudson à l'intérieur des terres du côté est de la baie James.

RÉFÉRENCES

LIGHT, John D. « Étameur, commerçant, soldat, forgeron: Forge d'un poste de traite sur la frontière, fort Saint-Joseph, Ontario, 1796-1812 ». LIGHT, John D. et Henry UNGLICK. Forge d'un poste de traite sur la frontière, 1796-1812. Ottawa, Direction des lieux et des parcs historiques nationaux, Parcs Canada, Environnement Canada, 1984, p. 3-50.
ROY, Christian. Archaeological evaluation of the HBC trading post of Neoskweskau (ElFn-1), lac de la Marée, James Bay, Québec. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Cree Regional Authority/Cree Nation of Mistissini, 2007. 55 p.
WYLIE, William N.T. The blacksmith in Upper Canada, 1784-1850 : a study of technology, culture and power. Microfiche Report Series, 298. Ottawa, Parcs, Environnement Canada, 1987. 260 p.