Le gorgerin a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il s'agit d'un exemple représentatif de ce type d'objet par sa fabrication soignée ainsi que son état de conservation presque complet. Il a également été choisi parce qu'il est un élément caractéristique de la tradition Meadowood et qu'il témoigne du rituel funéraire qui a pris place à la station 5 de la Pointe-du-Buisson durant le Sylvicole inférieur (3 000 à 2 400 ans avant aujourd'hui).

Le gorgerin est un artéfact en pierre polie caractéristique de la tradition culturelle Meadowood qui prend place au Sylvicole inférieur (3 000 à 2 400 ans avant aujourd'hui). L'objet est fabriqué dans une pierre tendre polie sur ses deux faces, possiblement de l'ardoise, mais dont le type exact et l'origine demeurent inconnus. Il prend la forme d'une mince plaque subrectangulaire, symétrique et perforée de deux trous en son centre. L'objet est minutieusement fabriqué par polissage de la surface, mais il est possible que l'ébauche préliminaire ait été façonnée par la taille.

La fonction exacte d'un gorgerin est inconnue. Il pourrait s'agir d'un élément de parure porté au cou, comme accessoire de coiffure ou sur des vêtements, ou encore porté dans le cadre de rituels. Le contexte de sa découverte, ainsi que la finesse de la facture et la rareté de l'objet suggèrent d'ailleurs que cet objet revêt une importante charge symbolique. En effet, le gorgerin est utilisé lors d'un rituel funéraire. Ce rituel implique de placer les défunts sur un bucher funéraire dont l'emplacement est non identifié. Après le rituel crématoire, les restes humains et les offrandes carbonisées sont déposés pêle-mêle dans une fosse sépulcrale faisant face à l'est. L'artéfact peut cependant avoir eu une autre fonction avant son intégration au rituel funéraire, puisque la présence de deux perforations sur l'objet suggère qu'il était maintenu attaché.

Le gorgerin est mis au jour en 1969 sur la station 5 du site de la Pointe-du-Buisson, situé à Beauharnois, en Montérégie. La station comprend au moins quatre fosses contenant les restes humains de six à dix individus. Seulement trois d'entre elles ont été fouillées, et une seule en entier. La pierre est retrouvée dans la fosse no 1. Il est possible que le rituel funéraire ayant eu lieu à cet endroit soit le fait d'un évènement tragique ayant causé la mort de plusieurs individus. Une autre hypothèse suggère que ces derniers, décédés à différents moments, furent d'abord ensevelis une première fois, subissant une première décomposition. Ensuite, lors d'un rituel, ces corps auraient pu être réunis sur un bucher crématoire, puis ensevelis dans une ou plusieurs fosses. Le chevauchement d'au moins deux des fosses indique cependant qu'il y ait pu avoir plus d'un évènement de ce genre. Les restes carbonisés sont déposés dans les fosses, saupoudrés d'ocre rouge et enterrés, puis les fosses sont ensuite recouvertes de pierres plates. Le gorgerin pourrait avoir été cassé avant ou après la crémation de manière intentionnelle ou accidentelle. La crémation a peut-être aussi altéré la couleur de la pierre, qui présente des variations brunâtres et verdâtres. Le gorgerin est conservé à Pointe-du-Buisson, Musée québécois d'archéologie.

Des charbons de bois provenant de la station 5 ont été analysés avec la technique du carbone 14, permettant d'obtenir une datation médiane de 2 380 ± 130 ans avant aujourd'hui, soit l'équivalent de 560 à 300 av. J. -C. Cette datation permet de déterminer que le contexte de l'objet date probablement de la fin du Sylvicole inférieur (3 000 à 2 400 ans avant aujourd'hui).