Laboratoire d'archéologie du Québec
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Perle. Vue à l'horizontaleImage
Photo : Patricia Lachapelle 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Perle. Vue du trou d'enfilageImage
Photo : Patricia Lachapelle 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CaFe-7 > Opération 1 > Sous-opération B > Lot 3 > Numéro de catalogue 21

Contexte(s) archéologique(s)

Palissade
Village autochtone

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La perle a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car il s'agit de l'une des deux seules perles de ce type mises au jour sur le site du fort Abénakis. Elle a également été choisie parce qu'elle a été mise au jour près du secteur sud-ouest de la palissade du fort. Finalement, elle est représentative de la culture W8banaki (abénaquise). En effet, le perlage est un savoir-faire traditionnel encore pratiqué de nos jours.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La perle de verre est un objet fabriqué en Europe entre le XVIe et le XIXe siècle. La perle de forme ovale est constituée d'une couche de verre opaque bleu et est fabriquée par étirement.

Cette technique de fabrication de perles nécessite la présence de deux personnes. Une première personne prend une bulle de verre en fusion à l'aide d'une canne munie d'un trou en son milieu. La bulle est soufflée et elle peut être trempée dans du verre fondu pour augmenter son volume ou pour lui ajouter d'autres couleurs. Une deuxième personne met une tige de fer à l'autre extrémité et les deux personnes tirent dans des directions opposées jusqu'à ce que le verre atteigne le diamètre souhaité. Il est possible de torsader le tube de verre pendant l'étirement pour créer un motif. Le tube est ensuite laissé à refroidir totalement avant d'être coupé en plusieurs morceaux pour obtenir des perles. Il est aussi possible d'utiliser des moules ou de façonner les perles sur un marbre quand elles ne sont pas encore refroidies. Pour obtenir les formes ovale et ronde, le trou des perles est rempli de sable et de charbon de bois moulu. Placées dans un récipient métallique, les perles sont chauffées en les secouant. Ensuite, elles sont nettoyées et polies dans un sac de son. Cette technique, bien qu'artisanale, permet de fabriquer plusieurs centaines de perles par jour.

Les perles de verre sont importées en Amérique du Nord par les Européens et servent surtout aux échanges avec les Autochtones contre des fourrures, du gibier ou autres denrées alimentaires. Les Autochtones les utilisent ensuite comme monnaie d'échange et comme parure pour la confection de bijoux, de vêtements (broderie) et de ceintures. En plus de ces usages, les Européens s'en servent pour la dévotion dans la conception de chapelets et la décoration des intérieurs (guirlandes, chandeliers).

La perle est mise au jour en 2012 sur le site du fort Abénakis, à Odanak. Elle a été retrouvée près du secteur sud-ouest de la palissade du fort en association avec des artéfacts datant du XVIIIe siècle, dont des pierres à fusil, une alène en métal pour travailler le cuir, une guimbarde, d'autres perles de traite, une dizaine de cônes clinquants, des retailles de chaudrons de cuivre et des perles de coquillage de type « wampum ».

Afin de situer l'occupation du site du fort Abénakis, certaines datations ont été réalisées au moyen d'analyses au carbone 14. Elles ont été effectuées sur des fragments de charbon et des grains de maïs carbonisés retrouvés dans certaines fosses du site. Les analyses ont révélé différentes datations, dont la plus ancienne se situe entre 1522 et 1620 (1571 ± 49). Ces résultats suggèrent que le fort Abénakis a été occupé en continu par les W8banakiak (Abénaquis), possiblement à compter des années 1522 ou un peu plus tard. L'occupation s'est ensuite poursuivie jusqu'à l'arrivée des Français dans la région, qui y établissent une mission en 1704. Bien que cette dernière ait été incendiée en 1759, l'occupation du site par les W8banakiak (Abénaquis) s'est tout de même poursuivie et elle perdure encore aujourd'hui.