Laboratoire d'archéologie du Québec
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Pointe foliacée à base concave avec ailerons divergents. Face AImage
Photo : Émilie Deschênes 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Pointe foliacée à base concave avec ailerons divergents. Face BImage
Photo : Émilie Deschênes 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Pointe foliacée à base concave avec ailerons divergents. ProfilImage
Photo : Émilie Deschênes 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BiEr-14 > Numéro de catalogue 1036L

Contexte(s) archéologique(s)

Campement

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La pointe foliacée à base concave avec ailerons divergents a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle est représentative du type « Michaud-Neponset ». Elle a également été choisie en raison du contexte de sa découverte. En effet, elle se trouvait isolée dans la partie est de l'aire principale d'occupation du site Cliche-Rancourt, alors que la forte concentration d'outils typiques du Paléoindien ancien (12 000 à 10 000 ans avant aujourd'hui) se trouvait dans la partie ouest. La mise au jour de cette pointe permet aussi de dater l'occupation du site au Paléoindien ancien. Finalement, cet objet a été choisi pour sa rareté, puisqu'au Québec, ce type de pointe n'a été découvert jusqu'à présent que dans la région du Lac-Mégantic.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La pointe foliacée à base concave avec ailerons divergents est représentative de la période du Paléoindien ancien, qui se situe de 12 000 à 10 000 ans avant aujourd'hui. Cette pointe est plus spécifiquement liée à la phase médiane de cette période, soit au style « Michaud-Neponset » associé à la Nouvelle-Angleterre ou au style « Barnes » propre à la région des Grands Lacs. L'objet est taillé dans une rhyolite beige de bonne qualité, un matériau qui provient de l'État du New Hampshire, possiblement du mont Jasper ou d'un affleurement près de Jefferson. Puisque les éclats de débitage de ce matériau sont rares sur le site de la découverte de l'objet, l'outil aurait vraisemblablement été importé à un stade de finition avancé sur le site.

La pointe foliacée est une pointe de projectile servant à armer une lance, utilisée principalement pour la chasse au gros gibier comme le caribou. La pointe peut également servir de couteau. Deux éléments techniques permettent d'associer cette pointe au type « Michaud-Neponset » et d'estimer son âge entre 12 400 et 11 900 ans avant aujourd'hui. Le premier est la présence de longues cannelures sur les deux faces, s'étendant au-delà de la longueur résiduelle de la pointe. Cet élément, dont la taille est difficile, représente une particularité de ce type. La présence d'une deuxième cannelure sur la même face de la pointe témoigne d'ailleurs de cette difficulté. L'amincissement de la base ainsi que l'aménagement de cannelures sert à faciliter son emmanchement sur une lance, qui est ensuite projetée à la façon d'un javelot ou encore à l'aide d'un propulseur. Le second élément est une légère inflexion des bords près de la base concave qui produit de petits ailerons ou pattes aux deux extrémités. La partie distale est manquante, vraisemblablement cassée lors de son utilisation, probablement la chasse au caribou. Cette pointe de forme lancéolée a été finie, utilisée, brisée, puis abandonnée sur le site.

Cette pointe est mise au jour en 2006 sur une rive du lac aux Araignées, sur le site Cliche-Rancourt (BiEr-14), dans le secteur de Mégantic en Estrie. Elle provient du secteur est de l'aire d'occupation principale du site, comprenant les restes d'un campement recelant des traces d'activités domestiques et artisanales, comme la taille de la pierre. Cette découverte témoigne de la présence d'un groupe associé à la culture paléoindienne ancienne sur le territoire du Québec il y a de cela plus de 11 000 ans.

La très grande majorité des artéfacts mis au jour avec cette pointe ont été fabriqués à partir de pierres provenant des États de la Nouvelle-Angleterre. Il est donc fort probable que le groupe de la région de Mégantic faisait partie d'une bande plus étendue qui avait pour centre d'opération le Maine et le New Hampshire. Au Québec, ce type de pointe est rare. Jusqu'à présent, les seuls spécimens trouvés ont été mis au jour dans la région de Mégantic.

L'identification de la matière première composant la pointe est confirmée par une analyse microscopique effectuée à l'aide de la fluorescence X. La pointe fait partie depuis 2013 de l'exposition « C'est notre histoire » présentée au Musée de la civilisation à Québec.

RÉFÉRENCES

BURKE, Adrian L., Claude CHAPDELAINE et Gilles GAUTHIER. « Refining the Paleoindian Lithic Source Network at Cliche-Rancourt Using XRF ». Archaeology of Eastern North America. Vol. 42 (2014), p. 101-128.
CHAPDELAINE, Claude. « Cliche-Rancourt, un site du Paléoindien ancien ». CHAPDELAINE, Claude, dir. Entre lacs et montagnes au Méganticois, 12 000 ans d’histoire amérindienne. Paléo-Québec, 32. Montréal, Recherches amérindiennes au Québec, 2007, p. 47-120.
CHAPDELAINE, Claude. Du Paléoindien au Sylvicole Inférieur : Une sixième saison de fouilles au Méganticois, juillet et août 2006. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Université de Montréal, 2006. 125 p.
CHAPDELAINE, Claude. « Early Paleoindian Occupation at Cliche-Rancourt, Southeastern Quebec ». CHAPDELAINE, Claude, dir. Late Pleistocene Archaeology and Ecology in the Far Northeast. College Station, Texas A&M University Press, 2012, p. 135-163.