Laboratoire d'archéologie du Québec
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Serpe. Côté AImage
Photo : Julie Toupin 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Serpe. Côté BImage
Photo : Julie Toupin 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

40G > Opération 100 > Sous-opération H > Lot 61 > Numéro de catalogue 1Q
BhFh-2 > Opération 100 > Sous-opération H > Lot 61 > Numéro de catalogue 1Q

Contexte(s) archéologique(s)

Fort
Militaire

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La serpe a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle représente une arme ou un outil utilisé par les militaires du fort Saint-Jean pour des travaux multiples.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La serpe est probablement fabriquée en Europe au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Il s'agit d'un outil à usages multiples utilisé principalement pour l'émondage et la coupe des herbages. Cependant, cet objet peut également être utilisé comme arme blanche. La serpe est composée d'une lame plutôt large, au tranchant courbe et à pointe arrondie, et d'une soie de section rectangulaire s'amincissant vers le bout du manche court, qui est manquant.

La serpe est mise au jour en 2012 sur le site du Fort Saint-Jean, situé dans la municipalité de Saint-Jean-sur-Richelieu. Il s'agit de l'un des plus anciens complexes militaires permanents en Amérique du Nord, ayant connu la plus longue occupation militaire continue après la ville de Québec. Au tout début de la colonie de Ville-Marie, les guerres franco-iroquoises (1643-1667 et 1684-1701) font rage et plusieurs établissements français sont attaqués. Afin de sécuriser la région montréalaise, les autorités françaises envoient dans la colonie le régiment de Carignan-Salières en 1665. Dès lors, ces militaires entreprennent la construction de cinq postes le long de la rivière Richelieu, correspondant aux forts de Sorel, Saint-Jean, Saint-Louis (Chambly), Sainte-Thérèse et Sainte-Anne. La rivière constitue alors une voie d'accès naturelle et efficace en provenance des colonies anglaises et de la région d'Albany. En 1672, après plusieurs années de paix, le poste de Saint-Jean cesse d'être utilisé. Il reprend du service au moment de la construction du fort Saint-Frédéric entre 1727 et 1734 sur la rive ouest du lac Champlain, qui devait assurer la protection des barques chargées d'approvisionner le nouveau poste en matériaux de construction et autres. En 1748, après la signature du traité d'Aix-la-Chapelle, un second fort Saint-Jean est construit, et une nouvelle enceinte palissadée de forme carrée dotée de bastions aux angles est ajoutée. Occupé depuis de manière continue, le fort est amélioré à quelques reprises, étant ainsi doté en 1756 d'un chantier naval. En 1760, pendant la Conquête, le fort est incendié par les Français, qui se replient vers Montréal. Une garnison britannique s'y installe ensuite, le reconstruisant en 1775 et y érigeant des retranchements.

La serpe a été retrouvée dans un milieu gorgé d'eau, ce qui a rendu la lecture des différents contextes archéologiques plus difficiles. Il est donc possible qu'elle provienne d'une couche résultant de la démolition du fort Saint-Jean en 1760, ou du comblement d'un fossé par les troupes britanniques à la fin du XVIIIe siècle. Cet objet se trouvait à l'intérieur d'une concrétion métallique. L'observation de cette dernière aux rayons X a permis de déterminer qu'elle contenait en fait trois serpes collées les unes aux autres. Celles-ci ont été restaurées par la suite.

Une autre serpe similaire a été découverte au fort Saint-Jean dans les années 1980 et cette dernière possède toujours son manche de bois. Elle a été retrouvée dans un contexte britannique associé au chantier maritime de 1776.

RÉFÉRENCES

BEAUPRÉ, Andrew. Fort Saint-Jean Archaeological Project 2012 Field Season. Final Report. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Université Laval/Musée du fort Saint-Jean, 2015. 138 p.
PIÉDALUE, Gisèle. Le fort Saint-Jean et son milieu : Perspectives historiques et archéologique. Rapport de recherche [document inédit], Parcs Canada, 1983. 102 p.