Laboratoire d'archéologie du Québec
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Fragment de calumet. Côté AImage
Photo : Julie Toupin 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragment de calumet. Côté BImage
Photo : Julie Toupin 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragment de calumet. Côté CImage
Photo : Julie Toupin 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragment de calumet. Côté DImage
Photo : Julie Toupin 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragment de calumet. DessusImage
Photo : Julie Toupin 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragment de calumet. DessousImage
Photo : Julie Toupin 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

40G > Opération 2 > Sous-opération P > Lot 5 > Numéro de catalogue 1Q
BhFh-2 > Opération 2 > Sous-opération P > Lot 5 > Numéro de catalogue 1Q

Contexte(s) archéologique(s)

Fort
Militaire
Remblai

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le fragment de pipe à tuyau amovible de type « calumet » a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il représente le commerce et les échanges ayant cours dans les postes militaires et témoigne de la consommation du tabac. De plus, il est plutôt rare de retrouver des pipes à tuyau amovible de ce type en contexte archéologique.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le fragment de pipe à tuyau amovible de type « calumet » est fabriqué en Nouvelle-France, probablement lors de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Taillé en stéatite, ce fragment correspond à la partie médiane de la pipe, servant de relais entre le tuyau amovible et le fourneau. De forme rectangulaire s'élargissant vers une extrémité, l'objet est gravé d'un décor géométrique composé d'un zigzag et d'un motif dentelé gravé en creux représentant un alignement vertical de triangles en relief. Une sorte de crête percée d'un trou se situe sur le dessus de l'objet, et l'extrémité la plus étroite est cassée.

La pipe sert à la consommation de narcotiques tels que le tabac ou d'autres mélanges. Elle joue aussi un rôle dans les rituels mystiques, politiques et commerciaux, notamment lors de la traite des fourrures. Dans certains cas, l'objet permet à son propriétaire d'afficher son appartenance à un groupe culturel particulier. Les pipes en pierre à tuyau amovible le plus souvent rencontrées en contexte archéologique sont des pipes dites « micmac ». Celles-ci, contrairement aux pipes de type « calumet », ont des formes plus arrondies et moins allongées. Alors que certains calumets peuvent avoir des significations particulières dans les rituels mystiques, politiques et commerciaux, il est difficile de déterminer la signification de cet objet sans connaitre l'identité du propriétaire.

Le fragment de pipe à tuyau amovible de type « calumet » est mis au jour au cours des années 1980 sur le site du Fort Saint-Jean, situé dans la municipalité de Saint-Jean-sur-Richelieu. Il s'agit de l'un des plus anciens complexes militaires permanents en Amérique du Nord, ayant connu la plus longue occupation militaire continue après la ville de Québec. Au tout début de la colonie de Ville-Marie, les guerres franco-iroquoises (1643-1667 et 1684-1701) font rage et plusieurs établissements français sont attaqués. Afin de sécuriser la région montréalaise, les autorités françaises envoient dans la colonie le régiment de Carignan-Salières en 1665. Dès lors, ces militaires entreprennent la construction de cinq postes le long de la rivière Richelieu, correspondant aux forts de Sorel, Saint-Jean, Saint-Louis (Chambly), Sainte-Thérèse et Sainte-Anne. La rivière constitue alors une voie d'accès naturelle et efficace en provenance des colonies anglaises et de la région d'Albany. En 1672, après plusieurs années de paix, le poste de Saint-Jean cesse d'être utilisé. Il reprend du service au moment de la construction du fort Saint-Frédéric entre 1727 et 1734 sur la rive ouest du lac Champlain, qui devait assurer la protection des barques chargées d'approvisionner le nouveau poste en matériaux de construction et autres. En 1748, après la signature du traité d'Aix-la-Chapelle, un second fort Saint-Jean est construit, et une nouvelle enceinte palissadée de forme carrée dotée de bastions aux angles est ajoutée. Occupé depuis de manière continue, le fort est amélioré à quelques reprises, étant ainsi doté en 1756 d'un chantier naval. En 1760, pendant la Conquête, le fort est incendié par les Français, qui se replient vers Montréal. Une garnison britannique s'y installe ensuite, le reconstruisant en 1775 et y érigeant des retranchements.

Le fragment de pipe a été retrouvé dans un contexte archéologique perturbé, dans le remplissage d'un fossé d'une redoute. La pipe doit donc provenir de sols plus anciens qui ont été excavés pour effectuer ce remblai réalisé entre 1769 et 1785. Le fragment de pipe est actuellement exposé au Musée du Fort Saint-Jean.

RÉFÉRENCES

CÔTÉ, Hélène. L'archéologie de la Nouvelle Ferme et la construction identitaire des Canadiens de la vallée du Saint-Laurent. Archéologiques. Collection Mémoires de recherche, 2. Québec, Association des archéologues du Québec, 2005. 198 p.
DAVIAU, Marie-Hélène. La pipe en pierre dans la société canadienne des XVIIe, XVIIIe, et XIXe siècles. Cahiers d'archéologie du CELAT, 26. Québec, CELAT, 2009. 307 p.