La pointe triangulaire à pédoncule a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle est représentative des nombreuses pointes de type « Adena » mises au jour sur le site de la Pointe-du-Buisson. Elle a également été choisie parce qu'elle est un témoin important du rituel funéraire ayant eu lieu à la station 5 du site archéologique.

La pointe triangulaire à pédoncule est associée au Sylvicole inférieur (3 000 à 2 400 ans avant aujourd'hui). L'objet entier, taillé de manière bifaciale, présente une surface recouverte de négatifs d'enlèvements. La pointe est de forme triangulaire et présente des bords légèrement convexes. Le pédoncule de la pointe prend la forme d'un trapèze, ses bords convergeant légèrement vers la partie proximale. La pointe triangulaire est asymétrique : en traçant une ligne du sommet à la base, il est possible de voir que la lame est plus large sur l'un de ses côtés. Les épaules présentent également un angle légèrement asymétrique, formant un angle plus aigu d'un côté et plus obtus de l'autre. La pointe de type « Adena » est en chert de couleur verdâtre, dont la provenance est encore inconnue.

La pointe triangulaire est un outil de pierre taillée servant probablement de tête de projectile pour la chasse ou la guerre. Elle pourrait également servir de couteau, étant donné sa forme asymétrique. Cette pointe remplit également une fonction symbolique, puisqu'elle est utilisée comme offrande. En effet, la pointe est utilisée lors d'un rituel funéraire : elle accompagne d'abord les défunts sur un bucher funéraire dont l'emplacement est non identifié. Après le rituel crématoire, les restes humains et les offrandes carbonisées sont déposés pêle-mêle dans une fosse sépulcrale faisant face à l'est. L'exposition au feu crématoire ne semble toutefois pas avoir altéré la pointe triangulaire. Il est possible qu'elle se trouvât à une certaine distance des flammes, ou qu'elle n'ait pas suivi les défunts dans le brasier pour des motifs inconnus. Les corps sont ensuite recouverts d'ocre rouge, puis ensevelis et la tombe est recouverte de pierres plates.

La pointe triangulaire à pédoncule est mise au jour en 1971 à la station 5 du site de la Pointe-du-Buisson, situé dans la municipalité de Beauharnois, en Montérégie. La station comprend au moins quatre fosses contenant les restes humains de six à dix individus. Seulement trois d'entre elles ont été fouillées, et une seule en entier. Il est possible que le rituel funéraire ayant eu lieu à cet endroit soit le fait d'un évènement tragique ayant causé la mort de plusieurs individus. Une autre hypothèse suggère que les individus, décédés à différents moments, furent d'abord ensevelis une première fois, subissant une première décomposition primaire. Ensuite, lors d'un évènement rituel, ces corps auraient pu être réunis sur un bucher crématoire, puis ensevelis dans une ou plusieurs fosses. Le chevauchement d'au moins deux des fosses indique cependant qu'il y ait pu avoir plus d'un évènement de ce genre.

Des charbons de bois provenant de la station 5 ont été analysés avec la technique du carbone 14, permettant d'obtenir une datation médiane de 560 à 300 av. J. C. La pointe triangulaire à pédoncule est également retrouvée au sein d'un ensemble contenant de nombreux artéfacts associés à la tradition Meadowood du Sylvicole inférieur (3 000 à 2 400 ans avant aujourd'hui), corroborant cette datation. L'objet est conservé à Pointe-du-Buisson, au Musée québécois d'archéologie.