Laboratoire d'archéologie du Québec
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Éclat d'ébauche bifaciale. Côté AImage
Photo : Julie Toupin 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Éclat d'ébauche bifaciale. Côté BImage
Photo : Julie Toupin 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Éclat d'ébauche bifaciale. Vue des éclats remontés sur le fragment d'ébauche bifacialeImage
Photo : Julie Toupin 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BhFl-1n

Contexte(s) archéologique(s)

Fosse

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

L'éclat d'ébauche bifaciale a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il s'agit de l'un des rares cas où il a été possible de remettre en place des éclats sur une ébauche bifaciale cassée en cours de fabrication. L'objet a également été choisi, parce que le remontage de cet éclat retrouvé dans une fosse située à 2,5 mètres de l'ébauche a permis de relier deux aires du site de la Pointe-du-Buisson qui sont proches, mais non juxtaposées.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

L'éclat d'ébauche bifaciale est associé au Sylvicole inférieur (3 000 à 2 400 ans avant aujourd'hui, date non calibrée). L'éclat est fait d'une pierre siliceuse gris verdâtre à grain de calibre moyen, possiblement un type de quartzite, dont la provenance est encore inconnue. L'éclat présente des bords convergeant vers le talon, qui est éversé. La base de l'objet affiche un réfléchissement, formant une fin abrupte et arrondie. La face supérieure de l'objet est couverte de négatifs d'enlèvements et ne présente aucune trace résiduelle du cortex de la pierre. L'éclat est associé à l'objet BhFl-1n-PJ-638, en tant que fragment remontable.

L'éclat d'ébauche bifaciale est un résidu issu de la taille d'une pièce bifaciale en pierre. Il présente les caractéristiques d'une pièce détachée durant une phase préliminaire de la fabrication, liée à l'étape d'ébauchage de l'outil. Les marques présentes sur l'éclat suggèrent qu'il est produit par une percussion directe à l'aide d'un percuteur tendre, tel un maillet en bois, en os ou en andouiller. L'objet bifacial est ainsi sculpté par enlèvement d'une grande quantité de ce genre d'éclats. Les éclats de pierre sont souvent récupérés pour fabriquer de nouveaux outils, mais celui-ci ne présente aucune évidence d'une telle utilisation. De plus, sa petite taille en fait un objet peu propice à servir d'outil. L'éclat est probablement un sous-produit d'une taille qui a été effectuée près d'une fosse, où il est tombé.

L'éclat d'ébauche bifaciale est mis au jour en 2016 à la station de Pointe-à-Jonathan (BhFl-1n) du site de la Pointe-du-Buisson, situé dans la municipalité de Beauharnois, en Montérégie. Cet éclat, de même qu'un deuxième semblable, est mis au jour dans une fosse située à 2,5 m du lieu de découverte d'une ébauche bifaciale. Les deux éclats correspondent à des négatifs d'enlèvements de cette ébauche, et les trois objets peuvent ainsi être remontés. Cette découverte permet d'établir que la fosse est contemporaine de la taille de l'ébauche bifaciale et probablement de tous les secteurs présentant des éclats de cette matière. La fosse où sont retrouvés les éclats est datée au carbone 14, indiquant une occupation remontant à l'intervalle 2 730 2 759 ans avant aujourd'hui (date calibrée), soit l'équivalent de 809 à 780 av. J. C. environ. La date médiane de cet objet est donc de 2 748 ans avant aujourd'hui. De plus, l'ébauche et les éclats sont retrouvés en association avec d'autres objets pouvant dater du Sylvicole inférieur (tradition Meadowood), ce qui tend à corroborer cette datation.

La présence des éclats sur le site indique que, contrairement à la plupart des outils lithiques retrouvés sous forme finie ou semi-finie sur le site de la Pointe-du-Buisson, cette ébauche bifaciale a probablement été introduite dans un état très préliminaire, peut-être même comme matrice brute, pour être taillée. D'ailleurs, la matière utilisée pour tailler cet outil se retrouve rarement sur le site. D'autres débris de la même matière ont été découverts dans la fosse des éclats, alors qu'aucun n'a été retrouvé dans le puits de fouille de l'ébauche. Ces éléments indiquent que l'éclat a été taillé sur place, près de la fosse où il serait tombé avec d'autres débris de la taille, et que l'ébauche aurait été jetée plus loin après sa fracturation, en-dehors de l'aire où elle a été initialement taillée. Ceci donne une idée du déplacement possible des objets et des individus sur le site.

Très peu de remontages d'éclats sur des outils en cours de taille ont été réalisés sur ce site, faisant de cet objet un témoin pouvant nous renseigner sur les gestes des tailleurs, les aires d'activités du site, ainsi que sur la connexion entre les différentes aires et couches de sols où les artéfacts sont retrouvés. L'éclat est conservé à Pointe-du-Buisson, au Musée québécois d'archéologie, à Beauharnois.

RÉFÉRENCES

EID, Patrick. Fouilles archéologiques publiques sur le site de Pointe-du-Buisson – secteur de Pointe-à-Jonathan (BhFl-1n). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Artefactuel/Pointe-du-Buisson, Musée québécois d'archéologie, 2016. 75 p.
EID, Patrick. Inventaire et fouilles archéologiques sur le site de Pointe-du-Buisson. Rapport de l’intervention de 2017. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Artefactuel/Pointe-du-Buisson, Musée québécois d'archéologie, 2018. 52 p.