Le fragment de foret a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il démontre la pratique du recyclage d'outils au Paléoindien récent ou supérieur (10 000 à 8 000 ans avant aujourd'hui) et plus spécifiquement, comment un foret peut être produit à partir d'une pointe lancéolée de type « Sainte-Anne-Varney ».

Le fragment de foret, fabriqué à partir d'une pointe lancéolée, est associé au Paléoindien récent ou supérieur (10 000 à 8 000 ans avant aujourd'hui). Cette datation est basée sur la forme de l'objet, qui présente des caractéristiques des pointes lancéolées de type « Sainte-Anne-Varney », un objet qui est représentatif de cette période. Le fragment de foret présente donc des bords parallèles droits, une lame mince et étroite ainsi que des retouches parallèles, en plus d'une base concave. Le foret est incomplet, puisqu'il consiste en un début de mèche dont la majeure partie est manquante. L'objet est taillé dans la rhyolite Weedon, une pierre de couleur beige, rosée ou verdâtre et dont la surface est riche en inclusions variées. La provenance de cette pierre est encore inconnue.

Le foret est un outil qui a rempli différentes fonctions. Initialement, en tant que pointe lancéolée, l'objet est inséré au bout d'une hampe en bois pour être principalement utilisé pour la chasse ou pour se défendre. Lorsqu'elle n'est pas emmanchée, la pointe peut aussi servir de couteau. Inséré au bout d'un morceau de bois, le foret sert principalement à percer des trous dans divers matériaux tels que le bois, l'os et la pierre.

En ce qui concerne la forme première de l'objet, les pointes lancéolées témoignent de l'influence de la culture Plano, une culture provenant de l'Ouest américain. Les tailleurs ayant fabriqué ces pointes, dans un mouvement migratoire de l'ouest vers l'est, en ont développé plusieurs variantes. Celle de type « Sainte-Anne-Varney » est considérée comme la plus récente associée à cette culture et est le résultat de l'influence exercée par le type « Eden » de l'Ouest américain. La datation de ce type de pointe lancéolée demeure approximative. Toutefois, cette pointe à base concave représente possiblement une expression tardive du type « Sainte-Anne-Varney » comparativement aux découvertes faites ailleurs dans l'ouest du continent. Au Québec, les sites archéologiques associés à cette culture et datant de cette période sont principalement concentrés entre Rimouski et Gaspé.

Le fragment de foret est mis au jour au cours de l'été 2011 sur le site Gaudreau à Weedon, en Estrie. Le site, qui est localisé au point de confluence des rivières au Saumon et Saint-François, a révélé des vestiges de plusieurs périodes culturelles. Les fouilles effectuées de 2010 à 2012 ont mis au jour une succession d'occupations de l'endroit par des groupes d'autochtones du Paléoindien récent jusqu'à la période du Contact (début du XVIe siècle). Ce fragment de foret correspond à la plus ancienne période d'occupation reconnue sur ce site, qui prend la forme d'un petit campement temporaire.