Le grattoir triangulaire a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il présente des caractéristiques propres aux grattoirs utilisés au cours du Paléoindien récent ou supérieur (10 000 à 8 000 ans avant aujourd'hui). Le grattoir a aussi été choisi parce qu'il témoigne de la variété des types de grattoirs retrouvés sur le site Kruger 2 (BiEx-23). De plus, sa forme rappelle celle de certains grattoirs découverts sur le site issu de la culture Plano de Rimouski.

Le grattoir triangulaire est associé au Paléoindien récent ou supérieur, puisque l'occupation du site sur lequel il est retrouvé est établie entre 10 800 et 8 800 avant aujourd'hui (soit l'équivalent de 8 850 à 6 850 av. J. C. environ). Cet objet est entier et non fragmenté. Façonné dans un éclat épais de chert noir, le grattoir présente un front abrupt et convexe aménagé à l'aide de petits enlèvements courts sur sa face dorsale. Quelques retouches ponctuant sa face ventrale suggèrent une utilisation variée du grattoir. La provenance de la pierre ayant servi pour fabriquer l'objet est encore inconnue.

À cette époque, le grattoir est un outil multifonctionnel généralement associé à la préparation des peaux d'animaux, mais sert aussi à gratter des matières dures tels le bois ou l'os.

Ce grattoir triangulaire est mis au jour au cours de l'été 2017 sur le site Kruger 2 (BiEx-23) à Sherbrooke, en Estrie. Le site, localisé sur un haut plateau rocheux surplombant la rivière Saint-François, consiste en un campement divisé en trois dépôts sablonneux représentant les principales aires d'occupation du site. L'objet provient du secteur d'occupation principale nommé « aire numéro 3 », qui comprend un dépotoir et un important atelier de taille de la pierre. Le tout s'articule autour d'un foyer central.