Laboratoire d'archéologie du Québec
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Fragments de réchaud. Faces externesImage
Photo : Émilie Deschênes 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragments de réchaud. Faces internesImage
Photo : Émilie Deschênes 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragments de réchaud. Détail de la pâteImage
Photo : Émilie Deschênes 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEu-4 > Opération 113 > Sous-opération A > Lot 4 > Numéro de catalogue 287

Contexte(s) archéologique(s)

Fort
Habitation, maison

Région administrative

Capitale-Nationale

MRC

Québec

Municipalité

Québec

Fonction du site

militaire
domestique
institutionnelle
agricole

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le réchaud a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car la forme de l'objet est typique des spécimens de réchauds utilisés aux XVIe et XVIIe siècles. De plus, cet objet est typique des céramiques fabriquées dans le sud-ouest de la France au XVIe siècle, comme l'ont confirmé des analyses physico-chimiques du réchaud. Finalement, cet objet témoigne des manières de table raffinées des occupants du site Cartier-Roberval.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le réchaud est fabriqué au cours de la première moitié du XVIe siècle en France. Cet objet, incomplet, est constitué de quatre fragments. Ces derniers composent un tenon (feston) triangulaire ainsi que la paroi et l'amorce d'une anse. Trois perforations traversent le tenon de part en part, et la paroi est marquée d'incisions créant des lignes horizontales et une carène. Le reste de la paroi est ponctué de lignes parallèles verticales punctiformes. L'argile utilisée pour façonner le réchaud est dure, grossière et blanchâtre, et comprend des inclusions de mica. Une glaçure jaune maïs et verte écaillée recouvre partiellement la surface des fragments, et l'un d'entre eux est calciné.

La présence des trois petites perforations sur le tenon (feston) peut être expliquée par différentes hypothèses. Il est possible qu'il s'agisse de trous pratiqués pour permettre l'expansion de la pâte lors de la cuisson, ou encore pour servir de trous d'évent pour disperser la chaleur, faisant aussi office de décor. Il est également envisageable que ces trous puissent être reliés à l'application d'un masque ou médaillon en argile. Une des techniques consiste à coller l'applique avec de la barbotine et à insérer de petites tiges de bois dans l'applique en traversant la paroi sur laquelle elle est posée. Ces tiges brûlent et disparaissent lors de la cuisson de la céramique et laissent derrière elles des trous perçant la paroi de part en part.

Le réchaud est importé en Amérique du Nord entre 1541 et 1543 et est principalement utilisé pour garder la nourriture au chaud sur la table. Il peut aussi servir à la cuisson des aliments ou comme chauffage d'appoint.

Les fragments du réchaud sont mis au jour en 2007 et 2008 sur le site Cartier-Roberval, dans le secteur du fort d'en haut, qui est occupé de 1541 à 1543 par les troupes de Jacques Cartier et celles de Jean-François de La Rocque de Roberval. Le site se trouve au sommet du promontoire de Cap-Rouge, à Québec.

En 2009, un échantillon est prélevé sur la paroi de l'un des tessons, laissant des traces de sciage, afin d'analyser la composition de la terre cuite. L'analyse physico-chimique de l'argile conclut qu'il s'agit d'un matériau provenant de la province de Saintonge, en France. Ce réchaud provient de la côte atlantique française, ce qui concorde avec les ports d'où les bateaux de Cartier et de Roberval ont appareillé vers les rives du Nouveau-Monde.

RÉFÉRENCES

FISET, Richard et Gilles SAMSON. Chantier archéologique Cartier-Roberval, Promontoire du cap Rouge (CeEu-4), Québec, Canada : rapport synthèse des fouilles 2007-2008. Québec, Ministère de la Culture et des Communications/Commission de la capitale nationale du Québec, 2013. 464 p.
HUGONIOT, Jean-Yves. Terres de Saintonge : l'art de la poterie, XIIe-XIXe siècle. Paris, Somogy Éditions d'art, 2002. 151 p.
HURST, John G., David S. NEAL et H. J. E. VAN BEUNINGEN. Pottery Produced and Traded in North-West Europe 1350-1650. Rotterdam papers, VI. Rotterdam, Stichting Het Nederlandse Gebruiksvoorwerp, 1986. 281 p.
MONETTE, Yves. Rapport de recherche sur les poteries, creusets et artefacts de plomb du site Cartier-Roberval (CeEu-4) à Cap-rouge. Caractérisation chimique des pâtes et résidus de creusets et analyse du plomb isotopique sur différentes catégories d'artefacts. Rapport [document inédit], Commission de la capitale nationale du Québec, 2010. 60 p.