Laboratoire d'archéologie du Québec
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Fragments de marmite. Faces externesImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragments de marmite. Faces internesImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragments de marmite. Détail du décorImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragments de marmite. Détail de la pâteImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

EdBt-3 > Numéro de catalogue 6124

Région administrative

Côte-Nord

MRC

Le Golfe-du-Saint-Laurent

Municipalité

Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent

Fonction du site

domestique
pêche

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Les fragments de marmite font partie de la collection archéologique de référence du Québec parce que les marmites de ce type comptent parmi les objets les plus fréquemment trouvés sur les sites anciens basques. Cet exemple, quoique fragmentaire, représente une marmite de grande capacité faite dans une matière première à inclusions rougeâtres particulières.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Les fragments de marmite correspondent à un objet servant à la cuisson des aliments. La marmite est en terre cuite grossière à pâte micacée, à inclusions rouges importantes, de couleur rosâtre et sans glaçure. Elle est de grande taille et peut servir à préparer le repas pour un groupe de quatre à six personnes. Fabriquée en Europe, fort probablement en Espagne ou en France, au XVIe ou au début du XVIIe siècle, elle est apportée à l'île du Petit Mécatina à bord d'un navire de pêche basque. Le noircissement sur ses parois et son rebord témoigne de son utilisation. Les tessons, malgré leur grand nombre, sont très petits et l'objet est très fragmentaire, de sorte qu'il est difficile de remonter ne serait-ce qu'une petite partie du récipient. Cette marmite est trouvée à l'été 2012 dans l'aire 8 du site terrestre. Ce secteur très bouleversé, situé devant l'entrée d'une maison d'hiver inuite construite plus tard sur le site, a livré de la culture matérielle datant du XVIe au XVIIIe siècle. L'humidité importante du site, l'eau de ruissellement et l'occupation intense du secteur ont certainement contribué à l'importante fragmentation de l'objet.

La forme aux courbes continues de la marmite ainsi que sa paroi mince et régulière, surtout au niveau du fond, se prêtent parfaitement à une cuisson en exposition directe aux flammes. Elle peut donc être suspendue directement au-dessus d'un feu ouvert. De plus, sa morphologie et les parois minces contribuent à la répartition rapide de la chaleur pendant la cuisson. Le point le plus fort de l'objet se trouve au niveau du col et du rebord, là où il est maintenu au-dessus du feu. Aussi, une aire de cuisine basque a été découverte sur le site terrestre de Petit Mécatina et plusieurs petits foyers et une quantité importante de vaisselle culinaire et de service y ont été mis au jour en 2009.

La marmite à fond arrondi ou plat, et habituellement à deux anses verticales, comme celle-ci, est devenue le marqueur céramique par excellence des stations baleinières basques du XVIe siècle. Elle suit de près les tuiles à toiture omniprésentes sur tous ces sites. Mais curieusement, il n'a pas encore été possible de déterminer hors de tout doute l'origine de ces objets si populaires auprès des pêcheurs basques du XVIe siècle. Plusieurs provenances, en France et en Espagne, ont été proposées, mais seules des études physico-chimiques, dont certaines sont en cours, ou la découverte d'un site de production pourront éventuellement apporter des précisions. Malgré une morphologie très similaire des pots retrouvés dans les stations baleinières basques du Québec et du Labrador, il y a des différences plus ou moins marquées dans les matériaux de fabrication et les décors des marmites. Les inclusions dans la pâte, tant en quantité qu'en grandeur et en type, ainsi que les couleurs peuvent varier au point qu'il faille envisager l'implication de différents centres de production dans leur fabrication et le recours à différentes sources de matières premières. De plus, le décor si typique des bandes verticales appliquées à la molette n'apparaît pas sur toutes les marmites et les décors estampés sont encore plus rares. À Petit Mécatina, par exemple, plusieurs types de marmites ont été identifiés par l'observation visuelle des pâtes qui les composent et cette marmite n'est qu'un exemple parmi d'autres.

RÉFÉRENCES

FITZHUGH, William W. The Gateways Project 2012. Land and Underwater Excavations at Hare Harbor, Petit Mecatina and Little Canso Island. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Smithsonian Institution/Université de Montréal/Artic Studies Center, 2013. 50 p.
FITZHUGH, William W., Anja HERZOG, Brenna MCLEOD et Sophia PERDIKARIS. « Ship to Shore: Inuit, Early Europeans, and Maritime Landscapes in the Northern Gulf of St. Lawrence ». FORD, Ben, dir. The Archaeology of Maritime Landscapes (When the Land Meets the Sea). New York, Springer, 2011, p. 99-128.
GUSSET, Gérard. « La poterie commune et le grès des sites subaquatique et terrestre à Red Bay ». BERNIER, Marc-André, Robert GRENIER et Willis STEVENS. L'archéologie subaquatique de Red Bay : la construction navale et la pêche de la baleine basques au XVIe siècle. Ottawa, Parcs Canada, 2007, p. 51-120.
HERZOG, Anja. « L’Île du Petit Mécatina sur la Basse-Côte-Nord du Québec - résultats préliminaires des analyses céramiques d’un site voué aux activités de pêche saisonnière dans le Golfe du Saint-Laurent entre le XVIe et le XVIIIe siècle ». PENDERY, Steven R. et Fabienne RAVOIRE. Migrations, transferts et échanges de part et d'autre de l'Atlantique. Histoire et Archéologie des XVIe et XVIIe siècles. Québec, Éditions du CTHS, 2011, p. 121-141.
ORTON, Clive, Paul TYERS et Alan VINCE. Pottery in Archaeology. Cambridge, Cambridge University Press, 1993. 269 p.
PETRUCCI, Jean Ferdinand. Les poteries et les potiers de Vallauris 1501-1945. École des hautes études en sciences sociales, 1999. s.p.
RICE, Prudence M. Pottery Analysis: A Sourcebook. Chicago, University of Chicago Press, 1987. 559 p.