Laboratoire d'archéologie du Québec
< RETOUR À LA RECHERCHE
Os de morue. Vue généraleImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Os de morue. DessusImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Os de morue. DessousImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

EdBt-3 > Numéro de catalogue 7518a

Région administrative

Côte-Nord

MRC

Le Golfe-du-Saint-Laurent

Municipalité

Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent

Fonction du site

domestique
pêche

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Les os de morue font partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'ils sont les témoins de la pêche commerciale pratiquée à l'île du Petit Mécatina. Les os sont trouvés dans un dépôt subaquatique stratifié.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Les os de morue trouvés dans un dépôt subaquatique de l'île du Petit Mécatina révèlent que les Basques ont exploité la morue dans cette région durant le XVIe et le début du XVIIe siècle. La baleine n'était donc pas le seul centre d'intérêt des Basques sur le site.
La pêche à la morue atlantique se développe au Canada depuis le tout début du XVIe siècle. C'est à la fin du XVe siècle, en 1497, que le premier explorateur de la région, John Cabot, découvre les stocks de morue importants au large des côtes canadiennes. Les morutiers européens se mettent alors à fréquenter les Grands Bancs ainsi que le golfe du Saint-Laurent annuellement.

Il existe deux façons de préparer la morue, soit la morue verte ou la morue sèche. La morue verte est essentiellement salée et conservée humide, puis mise en barrique après le salage. Comme cette préparation peut se faire à bord du navire, il est possible de pratiquer la pêche errante sur les bancs au large de Terre-Neuve. Pour préparer la morue sèche, ou merluche, il faut étendre le poisson salé pour le faire sécher sur des plages de pierre, des surfaces rocheuses ou des supports de bois, appelés vigneaux, construits à cette fin. C'est donc une pêche sédentaire. Le séchage peut prendre plusieurs semaines et nécessite une exposition du poisson au vent, idéalement par temps ensoleillé et sec.

Les os de morue sont trouvés dans un dépôt subaquatique stratifié à l'extrémité nord de deux grands monticules de pierres de lest, SP 4 et SP 6. Le même secteur de fouille a livré une panoplie d'autres objets, dont de nombreuses céramiques, comportant trois réchauds, plusieurs pots, des marmites, des jarres à olives ibériques, des écuelles en majolique aragonaise et d'autres objets. Des pièces de barriques et des déchets de bois témoignant du travail des tonneliers et des charpentiers y sont aussi découverts, de même que des restes alimentaires variés, des récipients en bois, un anneau de vannerie, un manche de couteau, des fragments de chaussures, des perles de chapelet en matériaux variés, une coquille de pétoncle géant, des cendrées ou chevrotines et une balle de mousquet ainsi que des déchets liés à la fabrication sur place de ces munitions, une ancre de petite embarcation, des tuiles à toiture et des pierres de lest. Des os de baleine mis au jour sur le site confirment que les Basques chassaient ce cétacé près de l'île du Petit Mécatina.

Des os de poissons, de morue surtout, sont trouvés dans la plupart des dépôts subaquatiques de l'île du Petit Mécatina. La quantité d'ossements est très variable, mais, dans certains dépôts, elle dépasse 1000 fragments, ce qui indique une pêche intensive. La taille des os est aussi très variable et il est possible que l'échantillon de l'île du Petit Mécatina représente des activités de pêche sur une plus longue période, les effets de la pêche régulière se manifestant par une taille de plus en plus petite des poissons pêchés. Les os mis en évidence ici sont particulièrement grands. Une des vertèbres semble effectivement avoir été coupée. La quantité d'os retrouvés dans ce dépôt est assez faible, laissant supposer qu'il s'agissait probablement d'une activité secondaire pour les pêcheurs ayant laissé ces écofacts. Le poisson pêché complétait vraisemblablement le régime alimentaire des pêcheurs venus chasser avant tout la baleine.

RÉFÉRENCES

FITZHUGH, William W. et Erik PHANEUF. The Gateways Project 2013. Land and Underwater Excavations at Hare Harbour and Brador. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Smithsonian Institution/Université de Montréal/Artic Studies Center, 2014. 126 p.
FITZHUGH, William W., Anja HERZOG, Brenna MCLEOD et Sophia PERDIKARIS. « Ship to Shore: Inuit, Early Europeans, and Maritime Landscapes in the Northern Gulf of St. Lawrence ». FORD, Ben, dir. The Archaeology of Maritime Landscapes (When the Land Meets the Sea). New York, Springer, 2011, p. 99-128.