Laboratoire d'archéologie du Québec
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Chanteau de barrique. Face externeImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Chanteau de barrique. Face interneImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Chanteau de barrique. Détail des trous de cosson ou d'échantillonnageImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

EdBt-3 > Numéro de catalogue 6738

Région administrative

Côte-Nord

MRC

Le Golfe-du-Saint-Laurent

Municipalité

Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent

Fonction du site

domestique
pêche

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le chanteau de barrique fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'il témoigne du rôle important des barriques de bois utilisées sur les navires pour le transport de l'huile dans l'industrie baleinière. L'assemblage de ces contenants se fait sur les lieux de pêche par des tonneliers faisant partie de l'équipage des baleiniers. La mise au jour de barriques sur les sites archéologiques, tout comme les outils des tonneliers et les traces laissées par le travail du bois, témoignent de l'une des activités les plus importantes sur les lieux de pêche.

Les différentes marques d'assemblage présentes sur le chanteau de barrique, lesquelles témoignent du travail des tonneliers et de la réutilisation des pièces de barriques individuelles, justifient également son intégration dans la collection archéologique de référence du Québec.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le chanteau de barrique, produit en France ou en Espagne, a été laissé à l'île du Petit Mécatina entre 1530 et 1620 environ, apporté par un baleinier ou un navire de pêche basque. Sa taille correspond à une « barrica », grandeur de tonneau standardisée précisément associée au commerce de l'huile de baleine.

La fabrication d'une barrique se fait généralement en Europe, d'où viennent les différentes matières premières utilisées. Le chêne de Bretagne joue un rôle essentiel, mais d'autres régions, comme la Normandie, le Portugal et les régions basques, fournissent aussi différents matériaux. Une « barrica » entière est constituée de 17 à 22 douves formant sa coque, de huit à douze fonçailles formant les deux fonds et environ 18 à 24 cerceaux, toujours de bois à cette époque. Des barres, des bondons, des goujons, des chevilles et des liens pour les cerceaux complètent la liste des pièces utilisées dans la fabrication des fûts. À la suite de l'assemblage, les barriques servent pour le transport et la conservation de différents matériaux ou marchandises. Une fois vidées de leur contenu, elles peuvent être réutilisées aussi longtemps que leur état le permet. Chaque élément peut aussi être récupéré dans l'assemblage d'autres barriques. Pour ce faire, les contenants sont démontés et les différentes pièces sont empaquetées pour leur transport à une nouvelle destination. Des tonneliers présents dans les stations baleinières basques les remontent alors en fût pour une réutilisation. Pour faciliter le réassemblage des tonneaux, les artisans réalisent à la surface des douves et des fonçailles des incisions traversant l'ensemble des pièces. Ils peuvent donc ensuite reconnaître aisément l'ordre des douves sur le pourtour de la barrique. Le chanteau de l'île du Petit Mécatina porte quant à lui plusieurs marques d'assemblage qui permettent de conclure qu'il a été utilisé dans la constitution d'au moins deux barriques distinctes.

Les barriques de bois, contenants de transport de première importance pour les activités maritimes, dont la pêche et la chasse à la baleine, sont fabriquées à l'époque des pêcheries basques en plusieurs formats normalisés. À Red Bay au Labrador, une vaste station baleinière basque du XVIe siècle, l'étude d'un assemblage de barriques et de cuves trouvées dans une épave a révélé la présence de cinq différentes tailles de fût. Les douves des « barricas » retrouvées sur ce site permettent d'évaluer leur capacité entre 195 et 240 litres. De capacité variable, les tonneaux peuvent servir à transporter des vivres comme les biscuits, le pain, le vin ou le cidre, des matériaux tels les cordages, ou encore de l'argile utilisée dans la construction des fours aménagés pour faire fondre la graisse de baleine, des cerceaux ou de l'osier pour la construction des barriques, du goudron, ainsi que les produits de la pêche, notamment l'huile de baleine.

Le chanteau de barrique présente une déformation concave. Une petite dépression s'observe également sur le bord de la face interne, et de petits éclats sont détachés de l'objet.

À l'île du Petit Mécatina, près de 50 pièces de barriques, dont ce chanteau trouvé en 2012, ont été conservées dans le sol gorgé d'eau. Aucune structure n'est présente à cet endroit. Il pourrait toutefois s'agir d'une aire de travail à aire ouverte ou d'une zone de rejet liée à une tonnellerie adjacente. Pour des raisons logistiques et financières, ces pièces ont été enfouies de nouveau sur le site après une étude sommaire lors des fouilles. Les pièces de barriques trouvées en contexte subaquatique sont généralement mieux conservées et témoignent davantage des activités tonnelières à l'île du Petit Mécatina.

RÉFÉRENCES

FITZHUGH, William W. The Gateways Project 2012. Land and Underwater Excavations at Hare Harbor, Petit Mecatina and Little Canso Island. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Smithsonian Institution/Université de Montréal/Artic Studies Center, 2013. 50 p.
LOEWEN, Brad. « Les tonneaux de l'épave 24M ». BERNIER, Marc-André, Robert GRENIER et Willis STEVENS. L'archéologie subaquatique de Red Bay : la construction navale et la pêche de la baleine basques au XVIe siècle. Ottawa, Parcs Canada, 2007, p. 5-49.
ROSS, Lester A. « 16th-Century Spanish Basque Coopering ». Historical Archaeology. Vol. 19, no 1 (1985), p. 1-31.